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EAN : 9782847424881
211 pages
PASSAGE (18/08/2022)
3.9/5   68 notes
Résumé :
Lors d'une sortie scolaire, un enfant disparaît. Et c'est le destin de tous ceux qui l'ont connu qui va s'en trouver bouleversé.

" Il est parti vers où ?
– Vers là...
– Tu en es sûr ?
– Non... je ne sais plus... C'est peut-être la sorcière...
– Dis-nous, Frédéric, tu as vu une dame ? Elle est venue vous parler ?
– Non, non ! Je n'ai vu personne. Moi, j'suis retourné voir les autres...
Après je ne sais pas pour... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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A la lisière du surréalisme magique…

A la lisière de la société des hommes, s'enfoncer dans les ronces, creuser un passage en faisant fi des griffures d'épines affutées, passer ainsi de la rive de la réalité la plus triste à celle du conte le plus sombre et du récit fantastique rédempteur. Tel est ce livre étonnant qui, en partant d'un fait divers glacial, celui de la disparition soudaine d'un enfant, nous entraine sur les terres des contes et des légendes. D'une plume poétique, mélancolique et onirique Cécilia Castelli fait cohabiter ces mondes, la colline peuplée de fantômes comme lieu de jonction entre le réel et l'imaginaire.

« Il traverse les buissons. Les épines s'accrochent au tissu de sa veste puis le déchirent. Elles s'acharnent. Décidées à faire barrage. A ne pas rendre le chemin facile. Elles s'en prennent à lui, à sa chair qui se met à saigner. Il ne recule pas. Malgré l'épaisseur des broussailles, l'homme s'affranchit des ronces, progresse sans se soucier des éraflures. La douleur, ce sera pour une autre fois ».


A la lisière de l'intégration scolaire, le petit Romain Poittevin est un enfant quelque peu inadapté, un enfant qui appartient à cette catégorie d'élèves que l'on désigne du doigt. Surnommé moqueusement par ses camarades de classe, Crotte-de-nez, le petit garçon, lunaire et solitaire, aime en effet s'adonner sans vergogne à cette exploration nasale. Troisième de la fratrie, il préoccupe un peu ses parents, tant son côté rêveur et maladroit, côtoie des interrogations métaphysiques surprenant pour son âge. Un enfant que l'on qualifierait assez, sans doute trop, rapidement de différent. "Romain était tel un petit poisson qui nageait à contre-courant du monde."
Lors d'une sortie de classe sur les ruines du château de Crussol avec la maitresse Madame Dumont et le jeune instituteur qui prendra sa suite dans quelques mois, Romain disparait. Un de ses camarades de classe, Frédéric, l'avait incité à aller vagabonder un peu plus loin pour y trouver la maison de la sorcière. le petit, naïf, a fait confiance à son soi-disant copain pour ne plus jamais revenir. Qu'est-il donc arrivé à Romain ? Petit Poucet parti sans cailloux pourchassé par le géant aux bottes de sept lieues ? On pense plutôt immédiatement à la chute, Romain est un enfant si maladroit et lunaire…Pourtant les recherches ne donneront rien. « Depuis qu'il n'est plus rentré, Romain a pris dans la maison toute la place ».


A la lisière de la vie, tous les proches du drame resteront. La disparition, et le deuil impossible qu'elle engendre, va avoir des conséquences sur la famille. Les parents inconsolables vont finir par se séparer, le grand frère sera à jamais hanté par cette histoire et ne cessera de poursuivre les recherches, suivant sans relâche « des méandres qui ne le conduisaient nulle part, mille détours dans des géographies aléatoires », l'institutrice se sentira coupable jusqu'à sa mort et le copain Frédéric qui avait incité l'enfant à s'aventurer seul en plein nature aura lui aussi des casseroles dont il tentera , notamment en voyageant beaucoup, à oublier. Cécilia Castelli nous laisse ainsi entrevoir avec émotion et pudeur les blessures à jamais soignées de cette disparition complètement énigmatique non résolue.

« Pour Michel Poittevin, la mémoire devait s'effacer. Il n'avait plus photographié personne. Il n'y avait plus eu de fête, plus d'anniversaire, rien…Les enfants avaient grandi mais depuis Crussol tout s'était arrêté. On n'avait plus pensé à apprécier les jours d'après parce que cela ne se faisait pas d'y penser encore. Plus de joie après Romain ».


A la lisière du roman policier, c'est plutôt un roman d'ambiance sombre aux temporalités multiples qui se focalise davantage sur les conséquences du drame et sur la force de l'imaginaire et des légendes pour tenter de comprendre, survivre, et se reconstruire, que sur les recherches de l'enfant en tant que telles. C'est un livre à mi-chemin entre le conte pour enfant et le conte fantastique. La nature, cette colline, est un personnage à part entière du récit, un beau lieu sauvage qui sait accueillir tout le monde, quelles que soient ses différences, quelle que soit sa marginalité. L'écriture de cette jeune auteure est étonnamment douce, poétique alors qu'elle narre une histoire terrible et révoltante, comme si cette plume réussissait à envelopper de tendresse ce deuil impossible. Une pincée de réalisme magique permettant d'adoucir le récit, de mettre une certaine distance à l'horreur, distance salvatrice lorsque la fin s'avèrera bouleversante.

A la lisière, « ceux que le monde refuse, ici les ténèbres les accueillent avec joie ».

Merci à @Fleursdelivres pour cette belle découverte !

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Que ce livre est touchant ! Quelle fin magnifique et originale !
Vous qui avez gardé une âme d'enfant bienvenue dans le monde onirique de Cécilia Castelli mêlant à merveille la féerie des contes à une réalité plus cruelle. Dans ce roman sombre et mélancolique, l'imaginaire et le surnaturel se confondent au réel avec poésie.
« Son coeur bat encore. L'enfant arpentera bientôt les rues en riant, parce qu'un enfant ça ne meurt pas. »
Où est donc passé le petit Romain Poittevin dit « crotte de nez » disparu à l'âge de neuf ans au cours d'une sortie scolaire ? Cet enfant singulier, rejeté pour sa différence, maladroit, rêveur, à la curiosité aiguisée mais en difficulté scolaire, a mystérieusement disparu dans les ruines du château de Crussol au sommet d'une colline. Sur cette terre de légende et de sorcellerie « ceux que le monde refusent, ici les ténèbres les accueillent avec joie ». Fantômes et vivants sont guidés par les voix de l'enfance. Vingt ans de recherches infructueuses, de douleur, et de deuil impossible pour sa famille. Il hante les lieux, les esprits et reste un enfant pour toujours. Son ami d'enfance et MME Drumont son institutrice (à l'ancienne) demeureront marqués à vie par cette disparition. Aucune trace de lui malgré le ratissage des lieux, les photos placardées, les marches blanches, la médiatisation. Ses parents perdent espoir, son frère, lui, s'acharne à le retrouver. le lecteur découvre peu à peu la vérité alors même que les parents continuent de l'ignorer. La magie de l'imaginaire comble le vide et le fait subsister. Ici, vie marginale et sauvage s'oppose à la vie citadine. Nature et animaux sont personnifiés comme la chienne aventurière Norka et vivent en symbiose avec l'humain. Ce roman polyphonique où l'on voyage entre passé et présent a une construction alambiquée mais habile, la relation entre les parties se dévoilant vers la fin du roman. Quels liens entre le disparu et le vieil homme sauvage de la maison noire engloutie par les ronces? où avec la fille des sommets vivant dans les hautes montagnes comme une sauvageonne ?
Que s'est-il passé ce maudit jour dans l'espace après la clairière?
Émouvant, poétique et intrigant.
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Il y a des romans auxquels je donnerais le parfum des saisons.
Peupler la colline, c'est la brume du matin.
Celle qui voile la forêt puis qui s'efface pour laisser le soleil l'éclairer et lui donner un autre visage.
Romain, petit bonhomme de 9 ans a disparu un jour de sortie scolaire.
Différent, fragile, innocent, il n'a pas tout compris du monde qui l'entourait, ni des gens qui l'ont accompagné ou qu'il a croisé, petits ou grands.
Thibault, son grand frère, inlassablement, le cherche.
Mme Drumont, son institutrice, se perd dans une culpabilité compréhensible, qui l'entraîne vers la folie.
Les parents, eux, ont abandonné tout espoir, au point que l'autrice en a fait des ombres.
Cécilia Castelli, dans un roman tout en délicatesse, nous invite à passer quelques instants avec chacun des protagonistes.
Remontant le temps.
Les forêts et les collines sont pleines de mystères, parfois peuplées de monstres comme l'imaginaire enfantin peut en créer, mais parfois on y fait aussi de bien mauvaises rencontres.
Il y a des jours d'automne, où la brume ne se lève pas.
Arrive la nuit, encore plus noire.
Peupler la colline, c'est un jour comme ça, entre soleil rayonnant et brouillard intense.
Mais quelle que soit la météo, c'est beau, surtout quand la romancière a un tel talent.
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Lors d'une sortie scolaire, le jeune Romain Poittevin, neuf ans, disparaît . Celui que ses camarades de classe appelaient « Crotte-de-nez », n'était pas comme son grand frère et sa soeur. Souvent dans la lune, absent et indifférent à ce que disaient ses camarades de lui, ne répondant pas à la violence des garçons même si sa maîtresse Mme Dumont tentait de le protéger de cet univers parfois oppressant. Les coups étaient pour autant retenus comme si ces gaillards voyaient dans les yeux de Romain une noirceur mystérieuse recelant de possibles dangers.
Comment reprocher à Mme Drumont la disparition du jeune garçon, elle qui avait organisé ce voyage sur la colline de Crussol , à proximité de Valence, où l'on trouve les ruines d'une forteresse médiévale qui surplombe toute la vallée du Rhône. Il a bien fallu, pourtant, vivre avec ce remords des années durant alors même que la famille Poittevin se désintégrait, comme si la perte d'un des leurs rompait les liens invisibles qui les maintenaient ensemble, soudés contre l'adversité.Seul Thibault continuera ses recherches, malgré le temps écoulé , malgré l'éloignement, malgré une nouvelle famille dont il faut s'occuper, gardant en lui le secret espoir que Romain était là quelque part, vivant, se souvenant des moments d'intimité en famille, des rires et des fêtes d'anniversaire qui marquent la vie d'une fratrie unie.

L'écriture de l'auteure corse nous surprend par sa construction autant qu'elle nous réjouit par sa poésie. S'attachant en profondeur à la psychologie de ses principaux personnages, elle nous offre une histoire qui ne suit aucune chronologie précise mais nous embarque pour autant dans la bonne direction, laissant le soin de percer le mystère de la disparition de Romain, plus tard, dans la deuxième moitié du roman.
En amont elle prend le soin d'ausculter ceux qui restent, ceux qui tentent de vivre cette absence, ceux qui tentent de faire leur deuil, ceux qui refont le film sans cesse de cette disparition, ceux qui tentent de se reconstruire, malgré tout..
Avec des mots justes et d'une grande acuité, elle nous fait pénétrer l'autre facette de cette histoire, presque irréelle, où l'homme semble submergé par la nature, presque s'effaçant devant elle.
Un roman qui nous fait découvrir une autre littérature noire et mélancolique, abrupte et poétique. Une littérature où la nature est omniprésente mais qui n'efface pas la noirceur des hommes, de leurs sentiments et de leurs actes. Une auteure à découvrir, assurément.
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Une nouvelle rentrée littéraire offre la possibilité de lire ces auteurs préférés mais aussi de donner la chance à de nouveaux espoirs ou de découvrir des talents méconnus. J'avais vu passer sur la blogosphère les premiers romans de Cécilia Castelli et leurs lots de chroniques positives. J'ai donc profité de l'arrivée de toutes les nouveautés pour me faire mon propre avis.

Un enfant a disparu. L'autrice construit son histoire autour de ce fait. Seulement, pour ce faire, elle ne suit aucun scénario ni aucune chronologie. Sa structure narrative est complétement dépouillée. de chapitre en chapitre, elle passe d'un personnage à un autre, d'une époque à une autre, sans logique. Elle raconte des évènements liés au drame mais aussi des scènes qui n'ont à priori aucun rapport. A certains moments, on a même l'impression que le récit s'égare. Mais tout rentre dans l'ordre lorsque la mécanique se met en marche.

Grâce à une plume magnifique, à la fois travaillée et poétique, l'écrivaine nous entraine dans les émotions des protagonistes. Flirtant parfois avec le conte, elle donne une dimension envoutante à cette tragédie des plus sombres. Que ce soit pour parler de l'enfance, du deuil, de la tristesse ou des regrets, les mots utilisés sont justes. Il se dégage de chaque page une force attractive et une vérité sur l'être humain. Vous ne sortirez donc pas indemne de ce voyage.

De par sa forme désorganisée, je pense que ce texte prend toute sa puissance s'il est lu d'une seule traite ou presque. « Peupler la colline » est une expérience littéraire, qui déroute le lecteur pour mieux l'hypnotiser. le charme de Cécilia Castelli a fonctionné sur moi. Je ne saurais trop vous recommander ce roman qui prouve que la littérature trouve toujours une manière de se réinventer et de continuer à nous éblouir !
Lien : https://youtu.be/puhPqoI93lI
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Croire au vertige. À l’obsession. S’enivrer des parfums anciens. Des quelques rires qui subsistent. Rien que des éclats qui bourdonnent dans ses oreilles. De simples vestiges. La mémoire éclatée. La peau oubliée. L’homme regarde la photo qu’il vient de sortir de sa poche. C’est le portrait d’un enfant. Est-ce vraiment lui qu’il cherche ? Il ne sait plus. Il a couru après le vide et le manque d’informations si longtemps. S’échapper, fuir l’ennemi et se retrouver au bord du précipice. Il n’y a pas de solution. Aucune direction à prendre. Il suffit de se pencher sur le choix le plus honorable. Affronter ses peurs ou sauter.
Il avance.
(Incipit)
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L’Éden était devenu leur enfer mais ils vivaient mieux là-haut. Loin des contraintes humaines et de l’abominable civilisation. Entre eux, ils n’avaient érigé aucune règle. Ils possédaient l’ombre, le souffle de l’autre. Guidés par la chair et l’instinct, ils s’unissaient le jour, sous la lueur pâle des clairs de lune aussi, mais jamais le ventre de la femme ne s’était arrondi. Ses seins étirés devenaient lourds, pourtant. Avec l’âge, elle désirait plus que tout la maternité, ce que la nature lui refusait.
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La patience joue contre les blessures le même rôle que les vêtements contre le froid…
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Il traverse les buissons. Les épines s'accrochent au tissu de sa veste puis le déchirent. Elles s'acharnent. Décidées à faire barrage. À ne pas rendre le chemin facile. Elles s'en prennent à lui, à sa chair qui se met à saigner. Il ne recule pas. Malgré l'épaisseur des broussailles, l'homme s'affranchit des ronces, progresse sans se soucier des éraflures. La douleur, ce sera pour une autre fois.
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Thibaut serre plus fort la main de son frère. Il ne veut pas le perdre. Il voudrait se végétaliser avec lui, ne plus le quitter.
Il le retient, le supplie. Le visage de Romain reste celui d'un enfant mais, tout autour, des branches poussent. Des ramifications se forment. Ses pieds sont des racines, elles s'implantent dans la terre pour se mêler à celles des grands chênes.
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Video de Cécilia Castelli (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Cécilia Castelli
La mensuelle littéraire présentée par Marc Biancarelli Libraria avec Cécilia Castelli. Portrait d'écrivain en images, suivi d'une "discussion littéraire" Vendredi 10 mars à 20h45 sur France 3 Corse ViaStella. En trois ouvrages, Cécilia Castelli a su se forger un style, se faire une place sur la scène littéraire insulaire et nationale. C'est à une autrice originale, au style affirmé et à l’œuvre déjà riche que le magazine "Libraria" s'intéresse aujourd'hui dans un documentaire de la collection "D'une page à l'autre", suivi d'une discussion littéraire animée par Marc Biancarelli.
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