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EAN : 9782080254931
272 pages
Mialet Barrault (24/08/2022)
3.8/5   58 notes
Résumé :
Elle a passé son enfance et son adolescence dans une ville ouvrière sur la frontière allemande. Sa mère a eu dix enfants. Six d’un juif autrichien et quatre d’un Algérien. Elle est la fille de l’Algérien, mais porte le nom du juif. Vive, intelligente, rebelle, rien ne l’arrête. Ni la pauvreté, ni la triste médiocrité des vies dévastées qui l’entourent, ni les événements horribles qu’elle doit affronter. Elle s’accroche à sa fratrie, aux rencontres heureuses, à cette... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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°°° Rentrée littéraire 2022 # 19 °°°

Difficile de quitter le regard de la fillette qui vous fixe depuis la couverture du roman, yeux intenses à l'intelligence grave. Comme si elle attendait quelque chose de vous sans trop savoir quoi mais avec une détermination qui saisit et interpelle. Cette fillette photographiée en noir et blanc, c'est l'auteure, Françoise Colley qui a puisé dans sa vie pour nous offrir son premier roman porté par la voix d'une narratrice qui lui ressemble sans doute beaucoup.

Lorsque s'ouvre le récit, la narratrice, la quarantaine, va quitter son mari, pleine de culpabilité car ce n'est pas la première fois qu'elle se sépare du père d'un de ses enfants. Et c'est vers sa mère qu'elle se tourne, sa mère décédée : «  maman, fais-moi signe ». A partir de là, les chapitres alternent passé / présent, enfance et adolescence / âge adulte.

Les passages les plus forts, les plus frappants par la fulgurance de certaines scènes, sont ceux consacrés à l'enfance et l'adolescence autour d'un personnage maternel absolument magnifique. Une mère rocher, vénérée, dix enfants de deux pères différents, « le Juif » et « l'Arabe », le corps déformé par ses grossesses multiples, le coeur cabossé par une vie de misère dans des HLM et des hommes de sa vie toujours défaillants, des mauvais choix à répétition. Cela pourrait être du Zola, et pourtant, jamais le texte ne sombre dans du pathos au misérabilisme larmoyant car cette mère est transcendée par l'amour qu'elle porte à ses enfants, par la foi qu'elle a en eux et par l'adoration en retour qu'elle reçoit.

Evidemment, ce passé traumatisant et destructurant de la narratrice permet d'éclairer son présent sans pour autant que l'auteure surexplique sa psychologie. Et c'est tant mieux. le lecteur a ainsi toute sa place pour évoluer dans les faits de vie d'une jeune fille en colère qui hait son père, ouvrier immigré algérien, un père violent, tyrannique, abandonnant dont elle souhaite régulièrement la mort, d'une jeune fille trouvant refuge dans la fratrie et le clan formé autour de sa mère, mais également dans une relation amoureuse stable et précoce.

Vivantes est le récit d'une femme qui, propulsée par l'amour de sa mère, s'assume, assume ses erreurs, ses errances, ses failles, sa sexualité, qui a choisi d'être fière qui a un désir de vivre chevillé au corps, quoi qu'il lui en coûte. D'une femme en quête d'elle-même pour reconnecter toutes les parts de son identité, elle qui se définit comme un « organisme vivant non identifié. Un claquage disruptif entre la Petite Kabylie et la Champagne pouilleuse. » Une femme prête à accepter son héritage, notamment celui de ce père détesté, et qui parvient à se projeter dans une vie qu'elle souhaite légère, douce, hédoniste et libre, loin de la colère qui l'a longtemps animée.

Le récit d'une femme en quête d'un nouvel élan, se tournant vers son passé pour avancer, est en lui-même assez classique et attendu. Mais ce qui le fait échapper à la sensation de déjà-lu, c'est d'abord l'énergie de l'écriture et la force qui se dégage de mots tracés au scalpel. L'ardeur de vivre et la lucidité à la crudité cash avec laquelle cette femme se raconte emporte définitivement le lecteur.
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Elle s'apprête à quitter le père de sa deuxième fille, parce que rien d'autre n'est possible, parce que le maintien d'un couple que plus rien n'unit ne nuira à personne. Parce que son passé familial lui a apporté mille preuves que l'obstination pour maintenir des apparences ne conduit pas au bonheur.

Mois après mois, la narratrice fait une sorte d'arrêt sur image, tandis que les chapitres alternés reviennent sur l'histoire familiale chaotique. Filiations reniées, trahisons multiples, abandon, les destins des femmes de cette famille ne font pas rêver. Mais malgré tout, elles sont soudées, solidaires, et la figure centrale de la mère, bafouée, délaissée, pauvre et démunie, reste un ancrage solide pour l'enfant puis la jeune fille.

Les nombreuses soeurs sont aussi un socle et une bouée.

Au coeur des années 60, un récit familial haut en couleur, porté par une écriture sans concession, dans un décor ingrat. Un cri du coeur et une déclaration d'amour envers celle qui incarne le refuge.

262 pages Mialet Barreau Août 2022

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Vivantes est le premier roman de Françoise Colley. Je remercie les éditions Mialet Barrault pour la découverte de cet ouvrage (épreuves non corrigées). Au fil des chapitres, le récit alterne entre le présent et le passé de la narratrice. Cette dernière est en train de vivre une rupture, on suit son introspection dans cette période particulière de sa vie où elle cohabite avec son ex-mari.

Mais la majorité du livre se concentre sur son adolescence. Sa mère a eu six enfants d'un juif autrichien et quatre d'un algérien. Née de l'algérien, elle a été reconnue par le juif. Elle ressent beaucoup de haine envers son père ("le vieux", "le géniteur") dont elle souhaite la mort.
A contrario elle aime beaucoup sa mère qu'elle admire. La famille vit dans une ville ouvrière à la frontière allemande. La narratrice évoque sa fratrie, une vie précaire empreinte d'alcoolisme et de violences, les drames qu'elle a vécu et sa relation avec un homme qui a le double de son âge.

Au début de ma lecture, plusieurs passages m'ont vraiment plu. Petit à petit, le récit m'a un peu démoralisée et je me suis lassée des phrases courtes au style cru qui composent l'ouvrage. le roman n'est pas inintéressant, mais il ne m'a pas vraiment emballée.
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Une famille de bric et de broc
Le livre s'ouvre sur une scène forte, celle d'un petit déjeuner familial épars comme l'est devenue la famille en question. C'est une table où la gêne et l'individualisme se sont invités.
Une scène particulièrement bien écrite où le lecteur se projette dans l'atmosphère qui règne.
La narratrice, la quarantaine, fait le point sur sa vie qui ne lui convient plus, elle échafaude le meilleur plan pour rompre avec son conjoint et faire accepter sa décision à leur fille.
C'est aussi le portrait d'une femme qui a besoin d'air, les souvenirs affluent, issus de l'empreinte de sa mère qui n'est plus où l'amour qui les liait est encore très présent malgré une vie agitée dans les années 50 dans une HLM comme il en fleurissait dans la France des trente glorieuses.
Le récit alterne entre voix de l'enfant et celle de la femme devenue avec pour soupape un humour corrosif qui fait rire pour ne pas pleurer.
Elle s'est construite avec la vénération pour sa mère mais aussi contre la vie qu'elle a eue.
Elle nous livre une enfance « pur jus », abrupt, bruyante, violente, mais aussi joyeuse dans les scènes burlesques d'une vie de gens ordinaires, ceux qui se débrouillaient et s'entraidaient car ils n'avaient pas besoin des mots, ils savaient.
A travers ses réminiscences elle est en quête d'elle-même. Analyser, accepter, tracer, avancer sont les verbes-moteur, et le titre vivantes est au pluriel car ces femmes sont vivantes de mère en fille.
Ce premier livre illustre le magnifique : « écrire, c'est hurler sans bruit » de Marguerite Duras.
Un livre comme une fenêtre ouverte sur un nouvel horizon avec l'élan nécessaire chevillé au coeur.
Une belle découverte grâce à Masse Critique Babelio et les éditions Mialet Barrault que je remercie.
©Chantal Lafon


Lien : https://jai2motsavousdire.wo..
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Vivantes, les femmes de cette famille sont vivantes de par les péripéties, les malheurs, les heurts, les aventures même qui font tourbillonner leur vie. Dans la routine on s'endort, on s'ennuie.
Peut-être roman autobiographique, je ne sais pas, en tout cas la narratrice a le même nombre de lettres dans son prénom que l'autrice ; cette narratrice ne vit plus tellement ces dernières années : son mariage se meurt, elle décide de divorcer, et elle se remémore sa vie, et surtout celle de sa mère, depuis l'après-guerre. Un parallèle mère/fille se met en place. Sa mère a eu pas mal d'hommes dans sa vie, dont 2 maris mal choisis ; des tas d'enfants aussi, et la narratrice est l'entre-deux, eue avec le 2nd époux algérien alors qu'elle était encore avec le premier Juif autrichien. Bref, une vie compliquée mais finalement que beaucoup ont dû connaître aussi dans cette période de fin du XXème siècle. Ce roman fait beaucoup référence à la culture populaire des années 60 à 80, il est aussi cosmopolite : France, Allemagne, Algérie, États-Unis, Autrichien, Italiens, catholicisme, judaïsme, islam,...
Avec ces allers-retours présent/passés, c'est parfois difficile à suivre, déstabilisant, mais à la fin on a une vision globale assez claire de l'histoire de cette famille. On relativise aussi sur notre propre confort de vie quand on lit celle des autres, à diverses époques. Bien sûr, cet ouvrage est aussi une exposition de la place de la femme à travers la fin du XXème siècle et le début du XXIème.
Le langage est cru, très parlé, on s'imprègne d'autant plus de la vie en lotissement et en HLM, des scènes de promiscuité avec les voisins, un peu comme si nous étions les voyeurs et voyeuses de ces microcosmes à travers les époques.
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Citations et extraits (45) Voir plus Ajouter une citation
Pourquoi tant d'acharnement à faire durer les choses ? La résistance au changement. La peur du vide. La lâcheté. Le sens du devoir. L'orgueil. La loyauté. La promesse. L'engagement. Autant de mots pour nous maintenir. Nous contenir, nous empêcher.
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Les souvenirs, je m’en balance. Les regrets, je n’en ai pas. Ou alors, des tout petits. Je suis une amoureuse. « J’aime celui qui m’aime / Est-ce ma faute à moi / Si ce n’est pas le même / Que j’aime chaque fois ? » J’écoute la Gréco. Comme elle, j’suis toute nue sous mon pull, j’ai mon cœur à mon cou et le bonheur par en-dessous. À qui le tour ? Pourquoi pas lui ? Non, pas lui, mais l’autre, là, avec ses yeux verts, pourquoi pas ? Côté plumard, c’est pareil. On va innover. C’est ce qui me plaît dans ce grand bouleversement. L’idée de pouvoir enfiler une nouvelle peau, devenir une autre.
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Je laisse faire, je suis trop douce, silencieuse et, pour finir, je deviens froide et indifférente. Mais avant de devenir sèche, j’aime, j’aime comme une dingue, je ne demande rien, j’attends tout, je m’accroche, je me cramponne et un jour, ça lâche… L’amour, c’est pas un truc qui s’arrête du jour au lendemain, ça prend son temps, c’est un travail de fourmi, long, insidieux. C’est comme les fuites dans le plafond, ça commence doucement, une petite goutte par-ci par-là. Et puis patatras, un jour, ça vous tombe sur la gueule.  
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Il était désinvolte et détaché, comme ceux qui grandissent tranquilles avec beaucoup d'amour et tout ce qu'il faut.
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Oui, on va récolter ce qu’on a semé. Pas grand-chose. C’est Ferré qui le dit, le bonheur c’est pas grand-chose, c’est du chagrin qui se repose. Maintenant, il a foutu le camp et la terre se dérobe sous mes pieds. C’est étrange, ces mots qui m’assaillent. Les mots des autres. De Lou Reed, de Ferré, de Barbara. Ils me parlent, je les écoute.
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Videos de Françoise Colley (2) Voir plusAjouter une vidéo
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Françoise Colley, Vivantes
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