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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Déniché dans une petite librairie de Lisbonne, le week-end dernier, j'ai été ravie de découvrir Camilo Castelo Branco.

Amour de perdition est un roman qui n'a pas pris une ride, et nous fait découvrir les amours malheureux entre Simon et sa voisine Thérèse. Ils sont issus de deux familles qui se détestent et ne peuvent donc pas se marier et vivre leur amour.
Ils persistent et s'écrivent énormément de lettres mais le sort s'acharne sans cesse à les séparer.
"Simon Botelho aimait. Voici un mot, un seul, pour expliquer ce qui semblait un revirement absurde à dix-sept ans. Il aimait une voisine, une jeune de quinze ans, riche héritière d'une beauté sans éclat et de bonne naissance. C'est de la fenêtre de sa chambre qu'il l'avait vue pour la première fois, pour l'aimer à jamais. Elle n'était pas restée insensible à la blessure qu'elle avait faite dans le coeur de son voisin, elle l'aima aussi et avec plus de sérieux qu'il n'est habituel à cet age.
Les poètes abusent de notre patience quand ils parlent de l'amour de la femme à quinze ans comme d'une passion dangereuse, unique et inflexible. Certains prosateurs disent la même chose dans les romans. Ils se trompent tous. A quinze ans, l'amour est une amusette. C'est la dernière manifestation de l'amour pour les poupées. C'est la tentative du petit oiseau pour essayer de voler hors du nid, les yeux toujours fixés sur sa mère qui l'appelle de la branche voisine. Lui, il sait ce qu'est aimer beaucoup, comme elle, elle sait ce qu'est voler loin."

On peut dire que ce roman est une sorte de "Romeo et Juliette" version portugaise et le lecteur prend énormément de plaisir à la lecture.

C'est une très belle découverte et il me tarde de découvrir d'autres romans de l'auteur, malheureusement peu traduit en français.
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
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« Personnages de roman, ils vivent leur vie comme des acteurs jouent une pièce, et ils brouillent à volonté les frontières entre le réel et le romanesque. Les personnages d'Amour de perdition agissent exactement comme les romantiques de 1850. On peut dire qu'ils sont de la même trempe. Simon Botelho et Thérèse d'Albuquerque appartiennent à cette génération de Portugais qui entend faire de la vie une destinée et parfaire cette destinée comme une oeuvre d'art, ciselant l'adversité comme une stèle de marbre. »

Cette citation, tirée de la préface de Jacques Parsi, le traducteur, exprime à elle seule et mieux que je ne le ferais ce qu'est et ce que représente Amour de perdition, le grand roman d'amour portugais à quelques reprises adapté pour le cinéma et dont la version cinématographique de Manuel de Oliveira est, paraît-il, remarquable.

Roman écrit en prison alors que Camilo Castelo Branco et la femme mariée qu'il avait enlevée étaient incarcérés pour adultère, l'auteur a affirmé à propos de celui-ci : « J'ai écrit ce roman en quinze jours, les plus tourmentés de ma vie. » Inspiré par les amours contrariées de son propre oncle (Simon), le roman relate la passion de celui-ci pour Thérèse, sa jeune voisine, une passion partagée par celle-ci.

Mais c'est sans compter sur la haine du père de Thérèse envers le père du jeune homme. Tadeu d'Albuquerque a d'autres intentions pour sa fille que celle de la voir unie à ce vaurien, fils de son ennemi juré et promet celle-ci à Balthasar, son neveu, lequel sera tué par Simon après nombre de péripéties que je n'énumérerai pas. Un crime pour lequel il sera emprisonné tandis que la belle Thérèse sera enfermée au couvent.

Loin l'un de l'autre et s'appartenant à jamais, ils trouveront bien entendu le repos dans une mort qui les réunira puisque dans cette vie il ne leur a pas été permis de s'aimer en toute liberté.

Un roman teinté du plus pur romantisme qui propose en plus de l'histoire d'amour qui nous est contée un regard sur cette société où on se débarrasse facilement de qui nous nuit et où les saintes ne se trouvent pas dans les couvents.
Lien : http://lalitoutsimplement.co..
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Il y a des romans d'amour à l'eau de rose et puis il y a des oeuvres comme Amour de Perdition dans lequel le tragique prend le pas sur le reste et vous embarque dans un drame des plus saisissant et percutant. Je ne m'attendais pas à une telle découverte en me lançant dans ce classique de la littérature portugaise qui m'a plus que charmé grâce à son ton romanesque ainsi que sa grande cruauté et qui n'a pas pris une ride.

En effet, Camilo Castelo Branco m'a complètement subjugué grâce à son exquise et violente peinture du romantisme noir, à l'image de Roméo et Juliette, qui m'aura fait vivre de belles et vives émotions malgré un léger manque de poésie et de volupté quant au style de ce dernier. J'ai tout simplement adoré découvrir l'histoire d'amour impossible entre Simon et Thérèse, ces deux âmes soeurs dont les riches et puissantes familles se révèlent en conflit perpétuel. Impossible pour ces âmes de se lier et c'est autour de ce séduisant et funeste jeu des coeurs, des plus fin et des plus habile, que l'auteur parvient à dresser une acerbe critique de la société portugaise de l'époque. Ne connaissant absolument rien de ce cadre d'antan ni bien moins les us et coutumes de ce peuple, ces découvertes se sont démontrées plaisantes et séduisantes. D'autant plus que ce dernier place son intrigue dans une riche période culturelle et historique m'ayant permis un sentiment d'évasion encore plus poussé et immergeant. Mieux encore, son oeuvre n'est pas avare en action et j'ai été surpris de retrouver entre deux passages remplis de sentiments quelques scènes de combats à l'épée ou bien de tirs ainsi que de tentatives d'enlèvements. Cet dimension aventureuse et chevaleresque est des plus séduisante et permet à Camilo Castelo Branco d'apporter un rythme certain à son très court roman. Par ailleurs, cette courte durée ne lui dessert pas tant celle-ci à intensifier mes nombreuses émotions ressenties au cours de cette lecture. Pour autant et malgré cette précipitation, à aucun moment je n'ai été laissé sur le côté et j'ai littéralement vécu cette triste et sordide romance dans laquelle bon nombre de victimes seront à déplorer. Les derniers chapitres sont d'ailleurs baignés d'une atmosphère lourde et m'ont laissé ému et sans voix. Pourtant, j'avais été prévenu par l'auteur qui n'omet pas de mettre en garde son lecteur quant aux risques de la lecture des mémoires de Simon. Cependant, je ne m'attendais pas à une telle finalité aussi violente que touchante concernant les relations de ce dernier.

Car en réalité et quand bien même l'intrigue s'éparse entre l'amour de Simon et Juliette, une troisième héroïne, Mariana, se révèlera au cours de cette romance. Étonnement, il s'agît du personnage que j'ai le plus apprécié et qui m'a semblé le plus honnête et sincère. En effet, cette dernière croisera la route de Simon accusé de l'assassinat de son rival et tombera bien vite sous son charme. Grâce à sa pureté, cette dernière ne délaissera jamais son nouvel ami et se démontrera une fidèle et courageuse alliée dans les bons comme les mauvais moments. J'ai trouvé ce protagoniste bien plus travaillé et nuancé que nos deux âmes soeurs qui m'ont semblé au contraire souffrir d'un certain manichéisme et se révéleront par moments grossièrement dessinés. Néanmoins, leurs constructions m'a malgré tout séduit et en particulier la complexité de Simon qui, par amour, démontrera une captivante évolution. Ce dernier se veut plus alambiqué que semble le peindre Camilo Castelo Braco et c'est dans les derniers chapitres que celui-ci se révélera complètement. Finalement, ce personnage souffre avant tout de sa – trop – bonne condition et de l'ombre de sa figure paternelle et se devine une âme en peine que seul l'amour aurait pu sauver. A contrario, j'ai trouvé le rôle et la place de Thérèse au sein de ce drame quelque peu délaissée et assez sommaire. Je trouve ce choix regrettable car cette dernière aurait mérité bien plus de consistance. Cela dit et sans parler d'attachement propre envers chacun d'eux, j'ai été plus que sensible à leurs évolutions et surtout à chacune de ces destinées qui m'a plus que touché et saisi.

Enfin, mon entrée dans la littérature portugaise se veut une réussite et même si ce classique n'est pas sans défaut, celui-ci m'a totalement captivé pour son sombre et violent romantisme ne laissant aucune chance à ses protagonistes. J'ai pris plaisir à découvrir ce satyre dénonçant avec efficacité les moeurs dont semblait souffrir ce pays à l'époque ainsi que le style pertinent de Camilo Castelo Branco que je suis certain de retrouver à l'avenir.

Cette lecture a été réalisée à l'occasion du Blossom Spring Challenge – 2022 : Menu Lapin de Pâques – Catégorie Madeleine de Proust.
Lien : https://mavenlitterae.wordpr..
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Roman de passion, de mort.....D'une grande beauté.....
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