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Citations sur La main coupée (51)

Mais je ne savais pas que la Légion me ferait boire le calice jusqu’à la lie et que cette lie me saoulerait, et que prenant une joie cynique à me déconsidérer et à m’avilir (...) je finirais par m’affranchir de tout pour conquérir ma liberté d’homme. Être. Être un homme.
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Il y avait sur le quai de la gare un ostrogoth en uniforme de je ne sais quoi, une espèce d'adjupette en leggings, mal luné et congestionné, genre revenant du cadre noir, corseté, taille de guêpe, fin de siècle, ou de louveterie, serré dans un pet-en-l'air à brandebourgs et passementeries, une pièce de musée, quoi, le général du Grand Chenil lui-même, et qui m'agonisait.
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Dieu est absent des champs de bataille et les morts du début de la guerre, ces pauvres petits pioupious en pantalon rouge garance oubliés dans l'herbe, faisaient des taches aussi nombreuses mais pas plus importantes que des bouses de vache dans un pré.
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Et le métier d'homme de guerre est une chose abominable et pleine de cicatrices, comme la poésie.
On en a ou l'on n'a pas.
Il n'y a pas de triche car rien n'use davantage l'âme et marque de stigmates le visage (et secrètement le coeur) de l'homme et n'est plus vain que de tuer, que de recommencer.
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Un détail. Un mort de plus parmi des milliers et des dizaines de milliers d’autres, tous plus ou moins grotesques. Ce n’est pas possible. Je l’ai déjà dit. Dieu est absent des champs de bataille. Il se tient peinard. Il se cache.
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Pour mes fils
Odilon et Rémy
Quand ils rentreront
De captivité et de guerre
Et
Pour leurs fils
Quand ces petits auront vingt ans
Hélas !...

Blaise
MCMXLIV

P.-S. - Hélas !... Le 26 novembre 1945, un câble de Meknès (Maroc) m’apprend que Rémy s’est tué dans un accident d’avion. Mon pauvre Rémy, il était si heureux de survoler l’Atlas tous les matins, il était si heureux de vivre depuis son retour de captivité en Bochie. C’est trop triste... Mais un des privilèges de ce dangereux métier de pilote de chasse est de pouvoir se tuer en plein vol et de mourir jeune. Mon fils repose, au milieu de ses camarades tombés comme lui, dans ce petit carré de sable du cimetière de Meknès réservé aux aviateurs et déjà surpeuplé, chacun plié dans son parachute, comme des momies ou des larves qui attendent chez les infidèles, pauvres gosses, le soleil de la résurrection.
B.C.

(Première page de la dédicace)
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Et cela valait la peine de risquer la mort pour les rencontrer, ces damnés, qui sentaient la chiourme et portaient des tatouages. Aucun d'eux ne nous a jamais plaqués et chacun d'eux était prêt à payer de sa personne, pour rien, par gloriole, par ivrognerie, par défi, pour rigoler, pour en mettre un sacré coup, nom de Dieu, et que ça barde, et que ça bande, chacun ayant subi des avatars, un choc en retour, un coup de bambou, ou sous l'emprise de la drogue, de l'alcool, du cafard, ou de l'amour avait déjà été rétrogradé une ou deux fois, tous étaient revenu de tout.
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Où est l’art militaire là-dedans ? Peut-être qu'à un échelon supérieur, à l’échelon suprême, quand tout se résume à des courbes et à des chiffres, à des directives générales, à la rédaction d’ordres méticuleusement ambigus dans leur précision, pouvant servir de canevas au délire de l’interprétation, peut-être qu’on a alors l’impression de se livrer à un art. Mais j’en doute. La fortune des armes est jeu de hasard
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MACHIN, TRUC, CHOSE, tous morts, tous tués, crevés, écrabouillés, anéantis, disloqués, oubliés, pulvérisés, réduits à zéro, et pour rien (...)
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Dans ce magma les hommes glissaient, sautaient, nageaient, étaient plus souvent sur le dos ou sur le ventre que sur pieds et, comme des naufragés vidés dans un lagon, allaient munis d’une grosse canne ou d’un bâton, pataugeaient, s’enlisaient, perdaient le fond, plongeaient dans la flotte jusqu’au menton, se cramponnaient à des pieux ou à des bouts de planche coincés entre deux monticules bavants ou fichés de travers le long des parois glissantes comme les échelons d’une échelle démantibulée dont les deux bouts eussent été engloutis, et les hommes se sentaient perdus et restaient cramponnés à leurs misérables appuis, comme suspendus au bord du gouffre qui digérait tout ce qui y tombait, et si l’immonde bouillasse ne montait pas jusqu’à leur instable point d’appui pour leur faire lâcher prise à la longue, on voyait dans leurs yeux monter l’horreur et la détresse au fur et à mesure qu’ils prenaient conscience de leur situation et sentaient grandir leur faiblesse.

(La tranchée Clara)
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