AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Lamifranz


Gilbert Cesbron s'est essayé à quasiment tous les types d'écriture : s'il est plus connu pour ses romans et ses essais, on a aussi salué son théâtre (sept pièces dont le célèbre « Il est minuit docteur Schweitzer »), ainsi que ses huit recueils de contes et nouvelles. On lui doit aussi un recueil de pensées « Journal sans date » qui nous dévoile son être profond, où la générosité voisine avec l'inquiétude devant les errances de notre siècle (pour lui, c'était le XXème, mais le XXIème ne l'aurait pas rassuré !)
« Traduit du vent » est un recueil de contes parut en 1951, mais écrit depuis les années 40. C'est la compilation de deux recueils parus précédemment : « Traduit du vent » et « Tout dort et je veille ». Il est composé de 80 courts récits d'importance variée, abordant un peu tous les styles, du plus léger au plus grave, parfois drôle, parfois pathétique, parfois même avec une touche de fantastique…
La dédicace et la citation de Hans Christian Andersen qu'il appose en exergue donnent le ton général :
La dédicace : « A ma mère, à mon père, inséparablement ».
L'exergue : « Mère prétend que tout ce que tu regardes peut devenir une aventure »
Il apparaît que le premier thème abordé, ou en tous cas, celui qui sera en filigrane tout au long du recueil, sera l'enfance. On sait que ce thème est récurrent chez notre auteur. Enfance heureuse ou malheureuse, enfance encore innocente, ou sur le point de perdre cette innocence, et cette relation si forte et si fragile entre le monde des enfants et celui des « grandes personnes »
Ensuite, Cesbron semble nous dire que nos actes et nos pensées sont toujours à l'origine d'une « aventure », de quelque chose d'inattendu, d'une espérance, déçue parfois, mais parfois récompensée, ou d'un rêve… quelque chose qui peut changer le cours de notre vie.
C'est pourquoi les personnages de ces contes, ou mini-récits, comme on voudra, ont tous quelque chose de pathétique. Gilbert Cesbron, on le sait a la fibre sensible, et sait nous toucher là où nous sommes accessibles, au coeur : son regard sur les enfants est émouvant, mais que dire de celui sur les vieillards ? Sa connaissance de l'âme humaine lui permet de montrer – en quelques pages – des profondeurs tragiques.
Que la variété de ton ne vous trompe pas : si certains récits sont plus légers, l'ensemble démontre une réelle unité à la fois dans la compassion envers ces populations que la vie malmène, mais aussi une inquiétude devant l'avenir…
Sur 80 comptes, forcément, il y a du déchet : beaucoup restent « à la surface » et ne font qu'effleurer un sujet qui aurait eu intérêt à être approfondi. Mais il y a quelques jolis passages : pour ma part j'ai apprécié « le grand jeu » où deux gamins croyant jouer aux cowboys et aux indiens, maîtrisent sans le vouloir un cambrioleur (ça c'est pour le côté rose) ; ou bien « Jeudi chez Mademoiselle de Sainte-Amère », la tragique histoire de Mlle de Sainte-Amère qui recevait somptueusement les enfants le jeudi… mais qu'il ne fallait pas visiter un autre jour (ça c'est pour le côté noir). Chacun trouvera une ou plusieurs histoires qui le toucheront plus que d'autres… Il y a aussi un fantastique du quotidien, pas fantaisiste comme chez Marcel Aymé, mais à rapprocher plutôt de Dino Buzzati : à la fois poétique et un peu inquiétant.
Gilbert Cesbron fait partie de ces écrivains qui ne laissent personne indifférent : sans avoir la profondeur de ses romans, ces petites histoires touchent par leur humanité, et leur faculté à émouvoir sans aucune mièvrerie, ni aucun pathos. Gilbert Cesbron ne triche jamais avec ses lecteurs.


Commenter  J’apprécie          71



Ont apprécié cette critique (7)voir plus




{* *}