Le quotidien, un mauvais jour. Après la mer et l'isolement,
Christophe Chabouté se replie vers la ville et ses habitants. Il y raconte, avec une application soutenue, la cruauté quotidienne que génère la vie moderne.
L'auteur de
Purgatoire semble s'être assis dans un coin et avoir ouvert les yeux. de ses observations, il a ensuite sélectionné, systématiquement, les anecdotes les plus sombres. Onze petites nouvelles pour autant d'incidents dramatiques, cette liste à la
Prévert sous Prozac peine, évidemment, à provoquer beaucoup de gaîté. Un peu comme un flash
France-Info, l'information est bien là, mais le temps d'en prendre conscience et, déjà, une autre a pris la place. Certains épisodes sont néanmoins des plus réussis. L'histoire de Melissa ou celle de Nahema et sa maman en sont de très bonnes illustrations, en quelques cases quasi muettes, l'auteur résume magistralement tous les espoirs et toutes les blessures de l'enfance.
Graphiquement,
Chabouté délecte le lecteur grâce à sa maîtrise du noir et blanc. le dessinateur de
Terre-Neuvas retranscrit, avec autant de talent, les pavés parisiens que les Grands Bancs. Avare de mots, il arrive, néanmoins, grâce à des cadrages recherchés et un trait solide, à transmettre toutes les émotions et les détails nécessaires pour illustrer ses propos. le très court récit à propos de la lampe verte, mélangeant un plan fixe en contre-plongée et un lent zoom arrière, est une véritable leçon de narration.
Il manque à ces Fables amères un élément important, peut-être une morale qui aurait permis de les lier en un ensemble plus homogène. Un album à réserver en priorité aux amateurs du travail graphique de
Christophe Chabouté.
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