Fables amères, De tout petits riens

Une petite fille rabrouée par ses parents à qui elle voulait gentiment faire une surprise un dimanche matin… Internet et ses utilisateurs, si loin et si proches à la fois... Un couple et ses problèmes de décoration intérieure alors qu'en bas de chez eux un SDF s'apprête à passer la nuit dans la rue... Un pianiste d'ambiance lasse de jouer dans l'indifférence générale... Une caissière ramenée brutalement à sa condition... Un gamin qui n'aura pas son cadeau à temps à cause d'une postière trop zélée. Un homme de couleur face au racisme ordinaire... La triste résignation d'une vielle dame face au temps qui passe…

En onze scénettes dont la brièveté n'a d'égal que l'intensité, l'auteur excelle dans l'art de la chute comme dans l'art d'en dire plus avec ses dessins qu'avec des mots. Les chutes sont souvent vachardes, piquantes, tristes, mais atteignent l'objectif initial, ce sont de cruels bijoux d'amertume et de déception pour leurs victimes. de tout petits riens qui appuient bien fort là où ça fait mal…

Mon premier emprunt, à la nouvelle et magnifique médiathèque de ma ville, m'aura enfin permis de découvrir l'excellent travail de Chabouté.

Fables Amères, ma première rencontre avec l'auteur et assurément pas la dernière !


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Le trait est rude, comme ces moments loupés de la vie.
Comme si tu renvoie ta fille se coucher, au prétexte que c'est trop tôt pour un dimanche et qu'elle avait juste préparé ton petit déjeuner.
Comme si tu reprochais à une caissière de faire la tête alors que tu ne savais pas qu'elle venait de perdre son père.
Des moments comme ça nous en avons tous vécu, d'un côté ou de l'autre du loupé.
Et bien cet album de Chabouté c'est juste ça, mais c'est plein d'une tendresse en ressort.
Tu prends un coup mais tu souris quand même.
Le grand art de Chabouté.

Toujours ce dessin en noir et blanc, précis, sans concession, élégant et mélancolique de Chabouté qui nous entraîne dans une série de petites vies, un peu triste, ordinaires. Ce livre est une série de tranches de vies à l'état brut, agrémentées de regrets et d'amertume. Cependant, je reprocherais cette fois-ci le manque de fil conducteur qui rythme l'histoire comme dans “Un peu de bois et d'acier” avec le banc public, mieux réussi dans le genre.

Ne surtout pas lire cette BD un jour de vague à l'âme. Ce livre devrait être interdit aux dépressifs.
Toutes les situations sont justes, tellement vraies, c'est des situations absurdes, des situations qui semblent évidentes, sauf quand on change de point de vue.
Tout est raconté avec très peu de parole... et en pur noir et blanc, sans aucune nuance de gris.... Ce qui plombe un eu plus l'ambiance globale.......
J'ai bien aimé, mais je vais essayé d'enchaîner sur une lecture plus joyeuse.

Cette fois Chabouté croque des petits moments de la vie avec leurs acteurs, inconnus, mal compris et parfois pathétiques. La caissière à qui les clients reprochent de ne pas être souriante (elle vient de perdre son père). Cette autre caissière qui sert d'anti-modèle à cette mère pour sa fille (travaille bien à l'école sinon...). Ce pianiste de bar auquel personne ne fait attention. Ces deux internautes qui chattent anonymement sur Internet et se querellent comme voisins dans la vie.

Autant de petites saynètes, de petites "fables amères" que Chabouté croque comme d'habitude avec tendresse et mélancolie. J'ai une préférence pour ses histoires plus longues, mais de la même manière que je préfère les romans aux nouvelles...

Dans cet album, Chabouté raconte onze petites histoires du quotidien : une grasse matinée, à la caisse d'un supermarché, dans le métro à l'heure de pointe, une petite fille trop bavarde dans un avion... Des situations banales que nous connaissons tous. le dessin décrit avec beaucoup de force ces instants de vie, il y a très peu de mots et la conclusion est soit cruelle, décalée, poignante ou violente.
Ce n'est pas une bande dessinée qui nous donne envie de rire ou sourire, mais qui nous interroge sur nos comportements vis à vis de nos prochains, qui nous fait réfléchir. A découvrir !
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Chabouté reste très bon dans son graphisme noir et blanc, aux traits renforcés en puissance d'expression.
C'est rude, poignant, le regard est sans concession. Rendu de tranches de vie "brut de coffrage" où les personnes s'entrechoquent dans un quasi silence intérieur en abîme ... Insondables individualités isolés dans l'incompréhension et leur impossibilité de communications. Une certaine drôlerie parfois, assez féroce et douloureuse, se dégage de ces petites tranches de vie, comme des "nouvelles" ... le réalisme est assez réussi, d'un humanisme rabroué plus ou moins brutalement dans un quotidien sociétal, à la rigidité cadavérique d'une humanité refoulée qui se cherche ou se fuit, dans la routine accablante des rouages d'un système implacable. La lumière intérieure a du mal poindre et s'affirmer dans la grisaille lénifiante.
Chabouté confirme son talent, sa sensibilité ... c'est émouvant ...

Une petite fille prépare le petit déjeuner dominical pour ses parents, persuadée de leur faire plaisir… Une caissière de supermarché est réprimandée par une cliente lui reprochant son manque d'amabilité… Deux êtres désespérément seuls se soutiennent mutuellement grâce à une messagerie sur internet... Un pianiste de restaurant porte un regard désabusé sur sa situation professionnelle… 11 histoires en tout. Autant « d'incidents dérisoires, de broutilles ordinaires, de terribles futilités » comme le souligne la quatrième de couverture.

Il est rare de voir des nouvelles en BD. L'exercice est difficile. Plus encore lorsque sont décrits des non-événements, des petits moments de vie à première vue sans intérêt. Il faut alors que l'auteur déploie des trésors de sensibilité pour embarquer un lecteur à priori peu enclin à goûter ce genre narratif si particulier.

Christophe Chabouté dénonce à travers ces Fables amères la déshumanisation de notre société. Facile, me direz-vous. Certes. Il parvient toutefois à le faire avec beaucoup de distance, sans être moralisateur.

Il y a un petit peu de Raymond Carver dans ces courtes nouvelles dessinées. La même volonté de montrer les petits riens des petites gens. C'est comme si on avait placé une caméra pour immortaliser quelques moments d'une insondable tristesse. Des instantanés sans commentaires, filmés dans une réalité brute dont l'apparente banalité réussit à vous prendre aux tripes. A cet égard, la dernière nouvelle du recueil est exemplaire et bouleversante.

Du coté du dessin, le trait en noir en blanc de Chabouté se reconnaît entre mille. Beaucoup d'épaisseur, un découpage quasi cinématographique. Très peu de texte. L'image se suffit souvent à elle-même. L'encrage nerveux rappelle le travail de Lax sur sa série le Choucas.

Avec ces Fables amères, on retrouve le dessinateur très ancré dans la réalité sociale qui s'était fait remarqué avec « Quelques jours d'été » ou « Un îlot de bonheur ». Christophe Chabouté est grand. Il fait partie de ces rares auteurs capables de nous bouleverser avec trois fois rien. Grâce lui soit rendue pour être parvenu une nouvelle fois à réaliser ce petit miracle.

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Première approche pour moi de l'oeuvre de Chabouté, dont je lis beaucoup d'éloges sur la blogo. Bref aperçu à la médiathèque. Bien que le graphisme de l'album ne me tente pas, je me lance et je le prends malgré tout. Même impression en le commençant : le trait est épais, il n'y a pas de couleurs, les visages des personnages sont durs, ce qui rend l'ensemble bien sombre. Mais très vite, le contenu fait oublier ces quelques réticences puisque précisément, dessins et propos se combinent parfaitement. Quelques histoires, aussi consistantes que des nouvelles écrites malgré la parcimonie de texte, tristes souvent, émouvantes, toujours. Solitude, pouvoir cruel de la bêtise, vieillesse... voilà quelques uns des thèmes abordés de manière percutante entre ces pages.
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Succession de petites scènes du quotidien volées par le regard acéré de Chabouté : un réveil le dimanche matin, une queue au supermarché, un échange sur internet, une annonce dans le métro….
Moments anodins à priori. Mais il suffit d'un rien, d'un simple mot, d'un léger décalage du regard, pour briser l'élan d'un enfant, renvoyer l'autre à sa condition de marginal, d'oublié de la réussite sociale, montrer l'exclusion des « étranges étrangers » ou encore des personnes âgées. Une dizaine de pages suffisent à chaque fois pour exprimer la grande douleur de la solitude dans notre monde ultra connecté. Une fois encore, Chabouté fait mouche dans cet anti « premières gorgées de bière » graphique qui exprime frontalement mais délicatement tout ce qui déchire le coeur.
Et encore, je n'ai pas dit le plaisir de retrouver son dessin magistral en noir et blanc, son sens pointu du cadrage et son obsession pour les bancs, les mains impuissantes et les regards perdus de ses personnages ….