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Critique de migdal


Ces années ci, les ouvrages sur les collaborateurs se vendent mille fois mieux que ceux consacrés aux résistants a constaté Andrei Makine dans « Le pays du lieutenant Schreiber ».

Patrick Modiano, prix Nobel de littérature, bâtit son oeuvre sur les traces de son père Albert au passé sulfureux.
• Pascal et Alexandre Jardin sont traumatisés par le souvenir de Jean, directeur de Cabinet de Pierre Laval.
Dominique Fernandez cherche à comprendre les errements de Ramon « Je suis né de ce traître, il m'a légué son nom, son oeuvre, sa honte ».
Michel Drucker et son frère sont hantés par le fantôme d'Abraham, médecin chef du camp de Drancy.

Sorj Chalandon est aussi un « enfant de salaud » et le confinement lui a permis en 2020 de consulter le casier judiciaire de son père, qui semble un bouchon suivant les courants avec une imagination et une mythomanie assez extraordinaire, passant des jeunesses communistes à l'armée allemande puis aux FTP. En enfin termine à la case prison.

Personnage sans intérêt, mais l'écrivain a l'audace (le génie ?) de l'assoir face à Klaus Barbie, dans un tribunal, et de nous plonger au coeur du procès jugeant notamment de la déportation des enfants d'Izieu. Pages insoutenables et inoubliables … devoir de mémoire oblige ! Et Chalandon connait tout du procès qui lui valut le prix Albert-Londres en 1988. Cela suffit à immortaliser ce roman.

Mais dans l'ombre de ce « salaud », derrière ce père que Sorj a du mal à comprendre, à aimer, à respecter, se cache sa mère que nous découvrons au coeur de l'ouvrage (chapitre 14) et qui, sa vie durant, vit aux cotés de cet homme perdant progressivement la raison, traversant des explosions de violence, lui pardonnant tout en croyant ou en faisant semblant de croire l'épopée héroïque de l'ancien pseudo SS, se proclamant dernier défenseur du bunker à Berlin !

Cette modeste fonctionnaire, après quarante années au service de l'état, part en retraite sans un merci, sans un adieu de la hiérarchie et de la quasi totalité de ses collègues, provoquant, à juste titre, la rage de Sorg et l'écoeurement du lecteur révolté par tant d'inhumanité.

Alors, en refermant ces pages inoubliables, je me suis mis à rêver que l'auteur consacre son prochain ouvrage à sa maman tout en me souvenant que « le bien fait peu de bruit … le bruit fait peu de bien ».

PS : mon avis sur "Le pays du lieutenant Schreiber" ci dessous
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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