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Citations sur L'Enragé (357)

Sans la confiance, tu es seul au monde.
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Savez-vous ce que c'est de voler trois œufs en espérant les gober dans un buisson ? Que savez-vous de la faim, Messieurs de la Justice ? Et du froid ? Avez-vous déjà eu des semelles en carton pour masquer le trou de vos chaussures ? Savez-vous la honte d'un pantalon troué ? Savez-vous la douleur des nuits sans parents ?
Personne n'en sait rien. Personne, jamais, ne parlera de cette solitude. De cette misère. De l'immensité d'une nuit sans toit lorsqu'on dort sous le ciel. De la rosée du matin, qui perle sur la veste d'un pauvre.
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Depuis l’enfance, ne pas parler des choses était une façon pour moi de ne plus les faire exister. Je les taisais, elles s’effaçaient d’elles-mêmes.
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Le Bon Dieu et tous ses saints n’avaient jamais mis le pied à la Colonie pénitentiaire. Pendant les coups de bâton, les tours de Bal, les humiliations, la faim, quand les petits étaient enfouis dans la braguette des grands sans que les gardiens bougent, il était où, Jésus ?
(page 169)
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La Colonie pénitentiaire maritime et agricole de Haute-Boulogne avait été construite sur le glacis de la citadelle Vauban, une muraille noire jetée à pic sur des criques abruptes, pour anéantir les jeunes canailles. Pour nous écraser sous les charges, affamer nos corps, essorer nos esprits.
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Ronan m’avait dit un jour :
- L’ami, c’est celui qui t’ouvre sa porte au milieu de la nuit sans te poser de questions.
(page 393)
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La Teigne, 11 octobre 1932

Tous sont tête basse, le nez dans leur écuelle à chien.
Ils bouffent, ils lapent, ils saucent leur pâtée sans un bruit.
Interdit à table, le bruit. Le réfectoire doit être silencieux.
- Silencieux, c'est compris ? a balancé Chautemps pour impressionner les nouveaux.
Sauf à la récréation, la moindre parole est punie.
Le surveillant-chef empêche même les regards.
- Je lis dans vos yeux, bandits.
Cet ancien sous-officier marche entre les tables, boudiné dans son uniforme bleu.
J'y vois les sales tours que vous préparez.
Sa casquette de gardien au milieu de nos crânes rasés.
Moysan, Trousselot, Carrier, L'Abeille, Petit Malo, même Soudars le caïd, tous ont la tête dans les épaules. Notre troupe de vauriens semble une armée vaincue.
- Vous êtes des vicieux !
Chautemps frappe une table avec sa coiffe à galons. Il s'est approché de moi.
- La Teigne, baisse les yeux !
Je soutiens son regard.
Le coup va partir. Je le sais.
Il se racle la gorge. C'est le signe de sa colère.
- La Teigne!
Personne n'a le droit de m'appeler comme ça. Jamais.
C'est mon nom de guerre, gagné à force de dents brisées.
Moi seul le prononce. Je le revendique et les autres le craignent. Aucun détenu, aucun surveillant, pas même Colmont le directeur ne peut l'employer. « La Teigne », c'est mon matricule et ma rage. Mon champ d'honneur.
Chautemps s'approche. Je suis à table en bout de banc, le cinquième de ma rangée. Je ne vois que des dos courbés.
Même en prison, les gars se font face à table, ils discutent comme au restaurant. Mais ici, à la Colonie pénitentiaire de Haute-Boulogne, on nous a installés les uns derrière les autres, des rangées de nuques, avec interdiction de se retourner.
- Regarde ton assiette !
Une gamelle en fer-blanc.
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Les victimes comme Loiseau étaient la monstruosité de ce système. Il était innocent et je déteste les innocents. J'ai plus d'appétit pour le bourreau que pour sa victime. Je déteste les persécutés. Je déteste les yeux baissés. Je déteste les plaintes. Je déteste les dos courbés. Je déteste ceux qui s'en vont mourir les mains vides.
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Les récifs, les courants, les tempêtes. On ne s’évade pas d’une île. On longe ses côtes à perte de vue en maudissant la mer. Même si certains ont tenté le coup.
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Pour survivre ici, il faut être en granit. Pas une plainte, pas une larme, pas un cri et aucun regret. Même lorsque tu as peur, même lorsque tu as faim, même lorsque tu as froid, même au seuil de la nuit cellulaire, lorsque l’obscurité dessine le souvenir de ta mère dans un recoin. Rester droit, sec, nuque raide. N’avoir que des poings au bout de ses bras. Tant pis pour les coups, les punitions, les insultes.
(page 34)
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