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Coups de ❤️ de l'année 2023
Liste créée par HundredDreams le 11/12/2023
75 livres.

Encore quelques jours avant que l'année 2023 ne s'achève, j'en profite pour vous proposer, pour la troisième année consécutive, cette liste de livres qui sortent du lot.

Si vous deviez faire le bilan des lectures les plus marquantes de cette année, quels seraient vos coups de coeur, tous genres confondus ?

Cette liste est uniquement le fruit d'un apport collectif. Je suis donc à l'écoute de vos lectures préférées, accompagnées si possible d'un petit commentaire de quelques lignes pour les présenter et susciter peut-être des envies de lecture.

Merci par avance pour vos contributions et bonnes fêtes de Noël à tous.



1. Le Mur invisible
Marlen Haushofer
4.15★ (3485)

Un gros coup de coeur pour ce roman publié en 1963. L'autrice nous offre le portrait inoubliable d'une femme ordinaire, prisonnière d'un mur invisible qui la sépare du reste du monde. A la fois simple, émouvant, ce roman magnifique m'a profondément touchée. Il est à la fois tendre et brutal, calme et violent, silencieux et fracassant.
2. L'homme qui savait la langue des serpents
Andrus Kivirähk
4.34★ (2657)

« L'homme qui savait la langue des serpents » est un roman étonnant, mystérieux, qui m'a transportée dans un monde fascinant et étrange, peuplé d'animaux extraordinaires. Ce roman incontestablement insolite et extravagant raconte l'histoire du jeune Leemet qui fut le dernier de son peuple à connaître la langue ancestrale des serpents. Entre récit fantastique et vieux mythes, roman picaresque et conte épique, règne un univers enchanteur où le réalisme magique côtoie l'histoire, le folklore, la culture et le paganisme.
3. Kafka sur le rivage
Haruki Murakami
4.21★ (13137)

Haruki Murakami est un de mes auteurs préférés, impossible de ne pas le faire apparaître sur cette liste ! "Kafka sur le rivage" est un de ses plus beaux romans. A la fois profond, envoûtant, troublant, inquiétant, fascinant, métaphorique, l'auteur mêle, avec poésie et humour, obsessions et charme érotique, passé et présent. Kafka Tamura, un adolescent, vit seul avec son père. Le jour de ses quinze ans, il fugue de chez lui pour fuir à une terrible prophétie prononcée par son père et qui rappelle étrangement le mythe d'Oedipe. Est-il condamné à suivre le même destin que ce héros malheureux ? à assassiner son père ? à coucher avec sa mère qui lui est inconnue ?
4. Les Chutes
Joyce Carol Oates
4.02★ (3441)

Nous sommes en 1950. L'aube, nimbée de brume et d'embruns, se lève tout juste lorsqu'un homme se jette dans les eaux furieuses et effrayantes des Horseshoe Falls. Il est jeune marié, en voyage de noces, et son épouse dort encore dans sa chambre. Que s'est-il passé pour qu'il en arrive à cette extrémité et choisisse le suicide à toute autre alternative ? Puis, l'autrice remonte le fil de l'histoire et s'arrête au moment où la jeune mariée, Ariah Erskine, se réveille et découvre la chambre vide et silencieuse. Ariah erre dans l'hôtel, impénétrable, troublante, fascinante et attire le regard de Dirk Burnaby, un brillant avocat et célibataire endurci. Récit de passion et de perte, le monde de Joyce Carol Oates est tragique, triste, émouvant, angoissant, éprouvant. La profondeur psychologique des personnages, la force d'évocation, les nombreux rebondissements, la musicalité des Chutes en fond sonore, en font un roman d'une rare densité.
5. 22/11/63
Stephen King
4.29★ (9313)

Etes-vous prêt à remonter le temps jusqu'en 1958, à découvrir un monde plein de souffle, de vitalité et d'audace, celui des Beatles, du rock'n'roll et du twist, des voitures américaines de légende, mais aussi un monde incertain qui bascule dans la violence, l'insécurité et les inégalités, un monde où les minorités opprimées, les femmes, les homosexuels revendiquent plus de droits. Alors suivez Jake Epping dans un récit aux multiples rebondissements. L'histoire commence lorsque l'un de ses amis lui révèle l'existence d'une distorsion temporelle à l'arrière de son fast-food. L'homme malade souhaite que Jake poursuive le projet incroyable qu'il ne peut mener : voyager dans le passé, déterminer si Lee Harvey Oswald était le seul tireur ce jour-là et changer le cours du temps en empêchant l'assassinat de JFK. L'intrigue centrée sur une des plus grandes énigmes de l'histoire du XXe est addictive et particulièrement surprenante. Stephen King a une façon unique d'entremêler réalité et fiction, roman historique et voyage dans le temps, tout en retranscrivant magnifiquement l'atmosphère des sixties. Une réussite.
6. Le Bois Duncton
William Horwood
4.36★ (253)

Si vous avez adoré « Watership Down », laissez-vous séduire par cette histoire de taupes. Lire un récit animalier peut sembler étonnant, enfantin, mais il ne faut pas s'y tromper : ce conte est violent, brutal, ces petites bêtes s'avèrent d'une grande agressivité. J'imaginais ces petits mammifères à la vue basse, fragiles, sans défense, paisibles. Mais elles se révèlent belliqueuses, guerrières, sanglantes, pouvant se battre férocement jusqu'à la mort. Cette histoire allie un anthropomorphisme captivant et une épopée pleine de suspense et de rebondissements. C'est également une belle histoire d'amour, d'amitié, de haine, de sauvagerie, de souffrance, de courage, de résilience et de pardon. Tout doucement, ce conte déploie sa beauté littéraire tout autant que l'intelligence et la profondeur de ses idées, car c'est bien une dénonciation des régimes totalitaires et une caricature de notre société que l'auteur développe ici.
7. La course du loup
Kerstin Ekman
3.97★ (162)

Envie d'une échappée en Scandinavie, alors choisissez le roman de Kerstin Ekman. Avec grâce et émotion, elle mêle avec fluidité, nature writing, thriller et rétrospective de vie. Il existe des instants aussi magiques que rares où le temps semble se figer en un instant de grâce et d'une beauté inouïe. Ulf Norrstig se rend souvent dans une petite caravane qu'il a aménagée sur ses terres, au bord du marais, à la lisière de la forêt. Il aime passer du temps dans cet endroit calme où il peut observer les animaux sans les déranger. Ce jour-là, son regard accroche un mouvement furtif. Il se fige, attentif, sûr de la présence d'un animal à l'abri des sapins. C'est alors qu'un magnifique loup apparaît, majestueux sur ses longues pattes. Puis l'instant d'après, l'animal disparaît entre les arbres et le temps reprend son cours. Leur histoire va se nouer dans cet instant suspendu.
8. La Horde du Contrevent
Alain Damasio
4.35★ (15488)

« La Horde du Contrevent » fait partie de ces quelques romans qui ont marqué ma vie de lectrice. Après huit siècles de tentatives et d’échecs, ils sont vingt-trois, sélectionnés enfants et spécialisés dans un domaine, conditionnés pour former la trente-quatrième horde et tenter de remonter le vent jusqu’à sa source. Livre-univers entre poésie et philosophie, récit d’aventure et de survie, « La Horde du Contrevent » est expérience de lecture unique, un roman original et rare.
9. Le dernier rêve de la raison
Dmitri Lipskerov
4.43★ (107)

Ilyassov le Tatare est un vieux homme solitaire et taciturne qui vend du poisson dans un magasin. Peu apprécié de ses collègues de travail, sans famille, il se prend d'affection pour un silure découvert, un jour, parmi un arrivage de carpes. Il l'installe dans un aquarium sous son comptoir, en prend soin, le nourrissant, le caressant, jusqu'au jour où il le retrouve agonisant. C'en est trop pour le vieil homme déjà traumatisé par un passé douloureux. Il décide alors de se suicider, en se noyant dans une carrière près de chez lui. Mais, en s'enfonçant lentement dans l'eau gelée, Ilya se transforme en silure. Ce n'est bien sûr que le tout début de l'histoire, car il va arriver de nombreuses infortunes au vieil homme qui garde toute sa conscience humaine. L'auteur construit un univers très original, estompant les limites entre réalité et imaginaire, rationalité et fantaisie, rêverie et surréalisme. Ce roman est donc très particulier, étrange, entre fantastique et conte philosophique, mais il se dégage du texte une indéniable poésie qui m'a complètement envoûtée.
10. Les Jardins statuaires
Jacques Abeille
4.12★ (1121)

Dès les premières pages du roman, je me suis laissée séduire, charmer, emporter par la plume poétique de Jacques Abeille, par son récit contemplatif proche de la rêverie, par son personnage attachant, et surtout par ce monde statuaire fascinant qui lie l'art au minéral et au végétal. C'est un roman sans pareil, une porte ouverte vers une contrée lointaine, hors du temps, un récit de voyage inoubliable au pays des statues. Guidée par l'écriture pleine de grâce de l'auteur, j'ai suivi le narrateur dans son voyage, à la découverte d'un monde mystérieux et étrange où, dans des grands domaines protégés par de hautes murailles, des jardiniers cultivent des statues. Si j'ai été éblouie par la beauté du texte et des sculptures, le pouvoir créatif et imaginatif des hommes donne lieu à des réflexions approfondies sur les sociétés enfermées dans les carcans de lois ancestrales et de coutumes rétrogrades. Un très beau roman aussi beau sur le fond que sur la forme que je vous invite à découvrir.
11. Les marins ne savent pas nager
Dominique Scali
3.97★ (1374)

L'histoire se déroule au XVIIIème siècle. On suit le parcours de Danaé Berrubé-Portanguen, dite Poussin, enfant dans les premières pages. Née sur l'île d'Ys, au large de l'Atlantique Nord, on ne sait presque rien de cette petite orpheline, à part qu'elle possède un don rare, celui de savoir nager. Danaé vit sur les plages aux Echouements au milieu des exclus, des déchus, de fiers marins et de leur famille, se nourrissant des fruits de la pêche et des naufrages des bateaux échoués sur les récifs raboteux et traitres. Elle rêve de vivre dans le confort de la cité fortifiée. A la fois conte mythologique, littérature de l'Imaginaire, roman d'aventures maritimes, roman historique, ceroman-univers audacieux et original m'a complètement ensorcelée.
12. Oeuvres : La guerre n'a pas un visage de femme - Derniers témoins - La Supplication : Tchernobyl - Prix Nobel de Littérature 2015
Svetlana Alexievitch
4.41★ (149)

Coup de coeur de NicolaK : Deux jours. C'est ce qu'il m'a fallu pour lire ces 249 pages. Parce que ce n'est pas un livre qu'on dévore, il faut le temps de "digérer", de se remettre de l'uppercut qu'on reçoit, de phrase en phrase, de paragraphe en paragraphe. Tout le monde connaît Tchernobyl, mais peu savent comment l'ont vécu et le vivent encore les habitants des zones contaminées. Svetlana Alexievitch a recueilli les témoignages des survivants de la catastrophe. Ce livre est un concentré de peur, de douleur, d'abnégation, de colère, mais aussi d'amour et de solidarité. Un livre à mettre entre toutes les mains.
13. Le Baiser au lépreux
François Mauriac
3.82★ (1251)

Coup de coeur par Isacom : Rose, convaincue par sa mère tout autant que par le curé, se sacrifie pour épouser un bellâtre richissime et amoureux, afin de restaurer le train de vie de la famille maternelle ruinée. Prélude à une vie de couple tissée de dégoût pour elle, de contrition pour lui, c'est splendide et superbement écrit.
14. Dieu, le temps, les hommes et les anges
Olga Tokarczuk
4.09★ (1041)

Coup de coeur d'Isacom : Le village d'Antan (imaginaire, est-il besoin de le préciser) va voir se dérouler toute l'Histoire de la Pologne au 20ème siècle, deux guerres mondiales, le régime communiste, incarnés dans le destin de plusieurs familles, et notamment des femmes. Mais ce roman contient tellement plus ! de l'écriture magique, des contes, de la mythologie et des dialogues familiers avec Dieu, et beaucoup d'érudition ; et des légendes, et des recettes de cuisine. Encore une fois, Olga Tokarczuk m'a envoûtée.
15. Dans le silence du vent
Louise Erdrich
4.08★ (1317)

Proposée par NicolaK et HundredDreams : Louise Erdrich, c'est la voix d'une Amérique oubliée, celle qui danse avec les loups sur les territoires désormais saccagés de la mémoire indienne. Nous sommes en mai 1988, un dimanche après-midi, en compagnie de Joe, 13 ans, le narrateur. Avec son père, juge au tribunal tribal, il bricole autour de leur bungalow en attendant le retour de sa mère, Geraldine, retournée chercher un dossier dans son bureau. Mais elle tarde vraiment à rentrer. C'est tétanisée qu'elle apparaît enfin : elle a été violemment agressée et violée. On s'immerge complètement dans le récit, on s'attache à tous les protagonistes qui sont magnifiquement croqués. Et pour le temps d'un livre, ils deviennent notre famille. Une famille de coeur, celle qu'on a choisie.
16. Étraves
Sylvain Coher
3.23★ (125)

Coup de coeur de HordeDuContrevent : Coup de coeur pour ce récit maritime aux allures de conte servi dans une langue tout à fait étonnante, totalement créative, inventive, empruntant à l'argot, aux récits maritimes classiques, à la technique marine, aux expressions que l'auteur tord et déforme à sa guise, aux néologismes surprenants. Dans un futur impossible à situer, lointain disons, la mer recouvre désormais toutes les terres. Quelques rares ilots subsistent où vivent les derniers « culs-terreux » désireux de garder jalousement ces derniers arpents de terre, éloignant avec violence toute tentative d'abordage de cette masse grouillante de marins qui survivent comme ils peuvent sur leurs rafiots moisis. Précisément tout l'équipage du Ghost a été fait prisonnier par des Terriens et un marin, Blaquet, raconte comment et pourquoi ils sont arrivés ainsi proches des côtes interdites. Cette lecture est sans aucun doute une vague rafraichissante et romanesque qui sort des courants battus et nous lecteur de ressortir de cette lecture le coeur au bord des lèvres, émus et avec une étrange sensation de vertige et de malaise.
17. Des chevaux et du vent
Akiko Kawasaki
4.15★ (155)

Coup de coeur de HordeDuContrevent : Voilà un livre dont la beauté va continuer à souffler longtemps dans ma mémoire, nettoyant tout ce qui stagne en moi telles les images sombres de certains livres à suspens, aiguisant mes envies de lectures nippones empreintes, de la sorte, de douceur et de subtilité. Nous suivons une famille japonaise sur plusieurs générations, toute la lignée étant traversée par quelques questions sous-jacentes : Comment se transmet la mémoire à travers les générations ? Une peur ou une expérience intense peut-elle s'imprimer au niveau des gènes et donc se transmettre à la génération suivante ? Cette mémoire dans ce livre est constituée des relations entre l'homme et les chevaux, la famille, dont nous suivons l'histoire, devant son existence et sa perpétuation aux chevaux. Ce livre est beau, tout simplement beau, tant par la nature évoquée avec sensorialité, que par les liens avec les chevaux relatés, liens à la fois sauvages et domestiqués, ainsi que leur histoire au sein du Japon.
18. Les Guerres précieuses
Perrine Tripier
4.09★ (630)

Proposée par HordeDuContrevent : Ce premier roman d'une jeune auteure de 24 ans, Perrine Tripier, me rappelle ces romans du terroir à l'écriture ciselée, ces romans qui magnifient la nature en en soulignant toute la sensorialité, ces romans à la fois naturalistes et réalistes. Hantée par son enfance et la vie familiale avec ses deux soeurs et son frère, Isadora, décide de passer toute son existence dans la grande maison familiale. Un lieu qui la harponne. Alors qu'elle est désormais très âgée et contrainte de finir ses jours dans une maison de retraite, elle nous entraine dans ses souvenirs au gré des saisons, au gré des années, chapelet dont elle égrène les boules irisées d'une main tremblante. Une prose poétique, une figure de femme singulière à la fois indépendante et fragile, une maison personnage à part entière du livre, tels sont les ingrédients de ce roman à l'ambiance surannée et bucolique.
19. L'autre nom
Jon Fosse
3.46★ (151)

Coup de coeur de HordeDuContrevent : Jon Fosse m'a conduit vers une nouvelle expérience insolite, il m'a étonnée, sa singularité m'a fascinée, et c'est bien ce que je recherche, entre autres, lorsque je découvre un nouvel auteur. Quant à l'histoire et l'interprétation que nous pouvons en faire, c'est une merveille. Nous suivons Asle. Il est peintre, veuf, et vit seul dans une maison sur la côte sud-ouest de la Norvège, dans un village. Sa vie est simple et assez solitaire. Dans la grande ville d'à côté, Bjorgvin, vit également un autre homme du nom de Asle comme lui, qui est peintre comme lui, qui porte un grand manteau noir et une sacoche en cuir marron comme lui, cheveux blancs ramenés en chignon comme lui. Une version alcoolique et urbaine de lui-même. Cette histoire est-elle réelle ? N'est-elle qu'imaginaire, un fantasme ? Le peintre sobre se questionne-t-il sur ce qu'il aurait pu devenir ? N'est-il pas en train de prendre soin de la part abandonnée de lui-même, part dont il a honte mais envers laquelle il reste fidèle malgré tout ? Pourquoi nous sommes ce que nous sommes ? Ne sommes-nous pas constitués de tous nos possibles ? Un coup de maitre qui se mérite !
20. Capitaines des sables
Jorge Amado
4.20★ (277)

Coup de coeur de anhj : Dans ces pages magnifiques, Jorge Amado réussit le tour de force de trouver de la beauté et de l'humanité là où tout se conjugue pour que ne règnent que la détresse, la misère la plus abjecte et les pires violences. Ces enfants et adolescents livrés à eux-mêmes n'ont d'autres lois que celles qu'ils se donnent spontanément pour maintenir un "vivre ensemble" qui est finalement la condition de la survie. Pourtant, les Capitaines des sables, que l'auteur décrit souvent comme des hommes dans des corps d'enfants, car ils ont été privé du temps de l'enfance et de son insouciance, sont aussi des hommes au sens noble, montrant chacun à sa façon qu'ils ont conservé une part d'humanité, parfois réduite à une simple étincelle, mais toujours présente. Capitaine des sables fait partie de ces livres que l'on aimerait pouvoir lire dans la langue originale, tant celle-ci semble, même au travers de la traduction, contribuer à la force du texte. Inoubliable.
21. Du ventre de la baleine
Michael Crummey
4.50★ (49)

Coup de coeur de anhj : Un long conte cruel à l'image de l'île qui lui sert de décor. Dans ce coin isolé de Terre-Neuve au milieu du XIXème siècle, il ne s'agit pas vraiment de vivre, plutôt de survivre. Michael Crummey nous conte les destins contrariés de deux familles que je qualifierai de "solidement désunies". Minutieusement documenté, ce roman montre à la fois un grand réalisme et une belle imagination, avec de petites touches de fantastique, jamais artificielles, discrètes, comme lorsque l'épuisement ou la fièvre nous font douter de nos sens. Les nombreux personnages sont campés avec beaucoup de finesse, tous d'une façon ou d'une autre attachants, cachant souvent des fêlures profondes sous une rudesse que l'on croirait empruntée au climat. Michael Crummey est également poète, et cela se sent et s'apprécie. Un très beau livre, qui a reçu de nombreux prix amplement mérités.
22. L'oiseau bleu d'Erzeroum
Ian Manook
4.37★ (1486)

Coup de coeur de NicolaK et HundredDreams : L'héroïne de ce roman n'est autre que la grand-mère de l'auteur, lequel a couché sur le papier le vécu de son aÏeule, à savoir la sinistre déportation de sa communauté organisée par l'État turc en 1915. La déportation a duré des mois, ponctuée de drames, de maltraitances et d'assassinats en masse, chaque journée étant pire que la précédente. Survivre aux coups, à la faim, à la soif, aux insultes, aux viols... le tout sous l'inexorable fournaise... contrairement à l'auteur, je n'ai pas les mots.
23. Les Aiguilles d'or
Michael McDowell
4.17★ (3714)

Coup de coeur de NicolaK : Nous sommes à New-York, dans un quartier sordide du Triangle noir. C'est la fête, nouvel an oblige. L'an de grâce 1881 devient l'an de grâce 1882. La matrone imposante, Lena Shanks, veuve et mère de deux filles gère son petit commerce de prêt sur gage, tandis que sa fille Daisy exerce le lucratif métier d'avorteuse. Louisa, son autre fille, muette, a un certain talent pour toutes les tâches administratives. Mais contrairement aux apparences, tout n'est pas rose chez les Shanks. Lena a une famille huppée dans le colimateur : les Stallworth, dont le patriarche, le juge James S. a fait pendre son mari, Cornelius. Les personnages sont particulièrement antipathiques, surtout les riches, bien coincés comme il faut. Le style de l'auteur m'a envoûtée, l'histoire aussi, l'ambiance, j'ai adoré.
24. Dracula
Bram Stoker
4.10★ (17975)

Coup de coeur de NicolaK : Le récit se présente sous forme d'écrits, lettres ou journaux intimes, émanant de divers personnages du récit. Jonathan Harker, jeune notaire, débute les festivités en nous narrant son voyage en Transylvanie, alors qu'il se rend dans le château d'un certain comte Dracula, lequel souhaite acquérir une propriété à Londres. Bram Stoker nous entraîne dans l'horreur (mais pas trop), nous sommes comme suspendus à chaque mot, chaque phrase, rédigés dans un style impeccable et fluide, mais pour contrebalancer l'horreur, il y a la force de l'amour et de l'amitié qui soude les protagonistes.
25. N'essuie jamais de larmes sans gants
Jonas Gardell
4.40★ (822)

Coup de coeur de NicolaK : Ce n'est pas tout à fait un roman, puisque tout ce qui est raconté dans cette histoire s'est réellement passé, là, à Stockholm et les gens ont existé ou existent encore. Le livre s'ouvre sur un lit d'hôpital, dans une chambre du service d'isolement où le soleil ne pénètre jamais ; les fenêtres étant condamnées. Sur ce lit, un homme décharné, à bout de souffrance. Il est jeune, à peine un peu plus de vingt ans, mais il va mourir. La plus jeune des soignantes retire ses gants par inadvertance, et avant de sortir, du dos de la main, essuie les larmes du jeune homme. Ce livre se déguste. Chaque mot, chaque phrase, a son importance. Et on est frappé de plein fouet, d'uppercut en uppercut. On sourit parfois parce que l'humour perce de temps en temps, on espère... mais la plupart du temps, on souffre avec les protagonistes.
26. Poussière d'homme
David Lelait-Helo
4.30★ (790)

Coup de coeur de NicolaK : Ce récit parle de la mort. Et aussi du deuil, de l'absence, du vide. Poussière d'homme n'est pas un roman, mais une auto-biographie. En 2005, l'auteur a perdu l'homme de sa vie des suites d'une impitoyable maladie. Chaque magnifique phrase de ce livre est un immense cri d'amour.
27. Malevil
Robert Merle
4.33★ (6739)

Coup de coeur de NicolaK : Non, ce n'est pas une "romance du pays basque qui entraîne le lecteur à s'interroger sur le couple", pour ceux qui en douteraient encore. C'est en 1970, alors qu'Emmanuel et ses amis sont à la cave en train de mettre le vin en bouteilles que la civilisation s'effondre, et avec elle toute forme de vie sur la surface du globe. Ils forment un petit groupe de rescapés qui vont devoir réapprendre à vivre et s'adapter au nouveau monde. C'est un récit addictif et les pages défilent, aussi nombreuses soient-elles.
28. Une ardente patience
Antonio Skármeta
4.00★ (666)

Coup de coeur de anjh : Souvent drôle, faussement léger, ce petit livre est avant tout un hommage au poète Pablo Neruda, et une déclaration d'amour à son pays, le Chili, en dépit de son histoire tourmentée. le personnage de Mario -- le fameux facteur -- est attachant malgré ou peut-être à cause de sa fraîcheur et de sa naïveté. le livre n'en fait pas des tonnes, transpire la sympathie pour les petites gens et la simplicité, égayée bien sûr d'un brin de folie, tout ce que j'aime. Tout à fait recommandable !
29. Les déracinés
Catherine Bardon
4.26★ (4696)

Coup de coeur de James1958 : Il n'y a pas assez d'étoiles pour noter ce livre.C'est le gros coup de coeur de cette année ,on le lit doucement pour en finir le plus tard possible.C'est l'histoire d'une famille juive qui migre en République Dominicaine st dont on suit le parcours à partir de 1921.Les personnages de cette famille sont très attachants lors de leur différentes péripéties.Alire de toute urgence,moi il ne me reste que les 2 derniers tomes à lie alors je prends mon temps.
30. La Chambre des diablesses
Isabelle Duquesnoy
4.03★ (764)

Coup de coeur de NicolaK : Ce livre, dont j'ignorais le contenu pour ne pas changer, m'a secouée comme il m'arrive très rarement. La narratrice est Marie-Marguerite Monvoisin, fille de Catherine Monvoisin, surnommée la Voisin. Son récit commence le 28 mars 1680, jour de l'exécution publique de sa mère. Ayant été elle-même emprisonnée, vient ensuite son premier billet adressé à M. de la Reynie, premier lieutenant général de police de Paris, pour tenter d'obtenir sa grâce et sa libération. Pour ce faire, Marie-Marguerite confessera tout ce dont elle a été témoin des actes de sa mère depuis l'âge de 6 ans. Le livre a une redoutable efficacité, au point qu'on visualise parfaitement tout ce qui se passe au fil des pages, et je dois dire que c'est passionnant. En plus d'apprendre tout ce que faisait la Voisin, son entourage n'est pas mis de côté, et on a un très bon aperçu de la société de l'époque.
31. Quand tu écouteras cette chanson
Lola Lafon
4.30★ (3376)

Coup de coeur de dannso et HundredDreams : Bouleversée par les mots de Lola Lafon, par l'immense humilité de cette femme, par son cheminement au cours de cette nuit, par ce récit qui plonge au coeur de ce qu'elle est, une enfant de survivants, d'exilés.Elle se livre sans détour, laissant les souvenirs remonter dans cet environnement vide, mais si plein de l'histoire avec un petit et un grand H . Elle m'a profondément touchée par les mots avec lesquels elle évoque ces hommes et ces femmes emplis de « plus jamais », parce que privés d'une partie de leurs racines. Elle m'a aussi profondément émue par le respect qu'elle porte à l'autrice Anne Franck. Et que dire de ces derniers chapitres qui éclairent ce titre un peu intrigant.
32. Traité sur l'intolérance
Richard Malka
4.54★ (586)

Coup de coeur de dannso : Le droit d'emmerder Dieu était la transcription de la plaidoirie de Richard Malka au procès de 2020 des attentats contre le journal Charlie Hebdo et l'hyper Cacher que celui-ci n'avait pas pu prononcer en entier suite au Covid et reports multiples d'audience. Il faut lire ce texte, Il faut cesser de se voiler la face, au sens propre comme au sens figuré, il faut cesser de parler d'islamophobie dès qu'un mot est dit sur cette religion qui ne va pas dans le sens de ses extrémistes. Lisez-le. Partagez-le.
33. On était des loups
Sandrine Collette
4.24★ (4560)

Coup de coeur de dannso et sylviedoc : Coup de coeur absolu pour ce livre absolument bouleversant et qui m'a profondément remuée. J'ai aimé Liam, cet homme dont la vie est tragiquement remise en cause par le décès de sa femme sous les griffes d'un ours. Comment élever seul son fils, Aru, 5 ans, dans cet environnement sauvage, où lui doit s'absenter de longues journées pour chasser ? Comment prendre soin de lui alors qu'il est fou de douleur ? Comment gérer l'après, le déséquilibre ? Ce livre est un chemin, chemin vers l'acceptation de ce qui était depuis toujours dans le coeur de cet homme et qu'il ignorait.
34. Le Chemin des âmes
Joseph Boyden
4.35★ (2758)

Coup de coeur de dannso : Il s'agit en effet d'un roman d'horreur, les horreurs que l'on croise ici sont seulement et atrocement humaines : la guerre de 14 et ses tranchées, son absurdité meurtrière, ses gradés imbus d'eux-mêmes et imbéciles. Ils sont deux, deux indiens Cree à s'enrôler pour participer à la guerre de 14 en Europe. Ils vont connaître l'horreur des tranchées, ces vies sacrifiées par centaines dans des assauts absurdes pour reprendre quelques mètres de terrain. Leurs compétences en tant que chasseurs vont leur permettre de se distingue. Un roman poignant, assez dur, mais qui se lit paradoxalement avec un vrai plaisir de lecture, tant le texte est beau, tant l'amitié y est célébrée, tant les personnages sont inoubliables
35. Dernière station avant l'autoroute
Hugues Pagan
3.69★ (291)

Coup de coeur de dannso : Un homme député se suicide dans une chambre d'hôtel. Un flic, appelé sur les lieux, récupère une enveloppe où pourrait se trouver une disquette, j'ai bien dit disquette, un mot que les les moins de vingt ans ne peuvent sans doute pas connaître ... Aujourd'hui ce serait une clé USB. de multiples personnes recherchent activement cette hypothétique disquette . Un résumé pas forcément très original, mais qui ne traduit absolument pas ce qu'est ce livre. Le personnage principal, un flic, désabusé, qui noie dans l'alcool et dans le Blues son mal de vivre, pas très original non plus, et pourtant. Le personnage et l'écriture m'ont emportée, envoûtée sans compter la musique qui baigne ce roman.
36. Les Indes fourbes
Alain Ayroles
4.41★ (2566)

Coup de coeur de dannso : Cette BD conte les aventures truculentes dans le nouveau monde, encore appelé les Indes, d'où le titre, de Don Pablos de Ségovie, héros picaresque, qui tente d'appliquer les préceptes de son père: rester en vie et ne pas travailler, et ma foi, il y réussit fort bien la plupart du temps. Ce qui m'a le plus bluffée dans cette BD, ce ne sont pas les dessins, assez classiques je dirais, mais le texte et surtout le scénario, rocambolesque à souhait et plein de retournements surprenants. Un grand moment de BD, même pour moi qui ne suis pas une spécialiste du genre.
37. Une vie
Simone Veil
4.08★ (8013)

Coup de coeur de Louise1200 : (Livre lu en audio) C'est troublant d'entendre Simone Veil lire les premières pages de son autobiographie publiée en 2007. Simone Veil, devenue une figure publique de premier plan en France a toujours été très discrète sur sa vie privée et même publique, préférant les actes aux paroles. Elle est restée bien longtemps la personnalité politique préférée des Français. Simone Veil était consciente de l'importance du témoignage des survivants des camps de concentration et d'extermination, que beaucoup voulaient oublier ou même nier dans la deuxième partie du vingtième siècle. Les combats de Simone Veil pour l'Afrique, la lutte contre le SIDA, au conseil constitutionnel, ... il est indéniable qu'elle laissera une trace profonde dans la vie politique française et européenne du XXème siècle et une source d'inspiration pour plusieurs générations.
38. Retour à Birkenau
Ginette Kolinka
4.45★ (1575)

Avec « Retour à Birkenau », je suis partie à la rencontre de Ginette Kolinka et de son histoire. Ginette Kolinka fait partie des survivants des camps de la mort, contrairement à son père, son frère et son neveu, déportés avec elle et qui feront partie des millions de victimes de la Shoah. A ses côtés, j'ai pénétré dans le camp de Birkenau. Je l'ai écouté avec attention me raconter l'histoire de sa déportation, de ces longs mois passés dans le camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau. Cette autobiographie est très courte et écrit avec simplicité et franchise. Aucun mot n'est de trop, il va à l'essentiel et cette concision est incroyablement touchante. L'autrice a cette capacité à raconter sans pathos, l'enfer des camps de concentration, à nous faire sentir ce qu'elle a vécu et à nous livrer avec sincérité ses émotions, ses souffrance, sa peur.
39. Le Silence
Dennis Lehane
4.19★ (2845)

Coup de coeur de Sylviedoc : Nous sommes à Boston, en 1974, ce n'est pas si loin n'est-ce pas ? Et un juge vient de prendre une décision dont il est loin d'imaginer les conséquences : pour mettre fin à la ségrégation, il imagine d'envoyer des élèves d'un quartier populaire blanc, Southie, dans des lycées d'un quartier noir, Roxbury.La communauté irlandaise de Southie n'est pas du tout prête à envoyer ses enfants dans des lycées de Noirs, et parmi les familles concernées, celle de Mary-Pat Fennessy, du moins ce qu'il en reste. Elle n'a plus que Jules, sa fille de 17 ans. Or un soir, Jules ne rentre pas et le fils d'une collègue est retrouvé mort. Et c'est là que le tempérament volcanique et la volonté farouche de Mary-Pat vont se révéler pour Et c'est là que le tempérament volcanique et la volonté farouche de Mary-Pat vont se révéler. Mary-Pat est l'une de ces héroïnes qui vous marquent, avec tous ses défauts qui la rendent si humaine.Il n'y a pas à tortiller, Denis Lehane sait y faire pour vous accrocher !
40. La Colère
S. A. Cosby
4.13★ (869)

Coup de coeur de Sylviedoc : Dans la chapelle,non pas de Harlem, mais de Virginie-Occidentale, Derek est blanc, Isiah est noir, ils se sont dit oui, pleins d'espoir, ils sont venus se marier. Les parents ne sont pas venus, parce qu'ils n'ont pas accepté l'homosexualité de leurs fils respectifs. Mais aujourd'hui, ces parents sont réunis pour une autre cérémonie, bien plus triste celle-là : leurs deux garçons ont été assassinés, criblés de balles à la sortie d'un bar et achevés d'une dernière en pleine tête, laissant une orpheline de trois ans. Et ça, on ne peut pas laisser passer, pour Ike et Buddy Lee l'heure de la vengeance a sonné. L'écriture est belle, même quand les scènes sont violentes ou triviales. On est emporté par des flux d'émotions, parfois colère, parfois tendresse, les larmes affleurent même à certains moments. On se prend à rêver d'un monde plus tolérant.
41. Le choix
Viola Ardone
4.27★ (1541)

Coup de coeur de Sylviedoc : Oliva était une fille heureuse, mais Oliva va être confrontée à un choix douloureux : épouser le Don Juan du coin, Pino Paterno, qui a jeté son dévolu sur elle et va recourir au pire des stratagèmes pour se l'approprier, ou refuser, quitte à y perdre réputation et peut-être avenir. Elle va trouver des alliés prêts à la soutenir dans sa famille et son entourage, mais aussi se heurter aux "langues-coupantes", ces femmes qui, au lieu de prendre la défense d'une des leurs, préfèrent rester confortablement du côté des traditions machistes et parfois ignobles dont elles-mêmes ont souvent été victimes. On a tendance à trouver ce genre d'attitude inexplicable, ou à penser qu'il s'agit là d'une époque révolue : les femmes n'avaient pas leur mot à dire, mais maintenant ce n'est plus comme ça ! Et pourtant...ce qui est dénoncé par Viola Ardone n'a pris fin que dans les années 80 en Italie, et perdure encore dans bien des pays. Je vous engage vivement à découvrir cette auteure !
42. La Bibliothécaire d'Auschwitz
Antonio Iturbe
4.32★ (1710)

Coup de coeur de Sylviedoc : Il s'agit davantage d'un récit de vie un peu romancé, celui d'une adolescence à l'heure où les bottes nazies commencent à piétiner l'Europe et où les familles juives sont peu à peu contraintes à déménager dans des quartiers précis, puis comme c'est le cas à Prague dans des ghettos où la liberté sera de plus en plus restreinte. La jeune Dita va vivre cette dégringolade sociale en quelques mois, passant d'un bel appartement lumineux et moderne au ghetto de Terezin, qui n'est pourtant que l'antichambre d'un enfer bien plus redoutable : le tristement célèbre camp d'Auschwitz-Birkenau, où elle sera déportée avec sa famille en décembre 1943. Et c'est là, au sein du camp, dans le bloc 31 précisément, que la vie de Dita va prendre un tournant grâce à Fredy Hirsch (héros bien réel lui aussi) qui va lui confier la tâche prestigieuse mais aussi terriblement périlleuse de gérer la "bibliothèque" clandestine constituée de huit livres introduits ici au prix du danger, les livres étant absolument bannis par les SS, puisque la connaissance est infiniment plus dangereuse que bien des armes. Je ressors bien entendue bouleversée de ma lecture, mais surtout admirative de la résilience dont les survivants ont fait preuve.
43. Billy Summers
Stephen King
4.14★ (3664)

Coup de coeur de sylviedoc : Le personnage de Billy Summers est en même temps complexe et très attachant : c'est un tueur à gages, mais avec lequel on ne peut s'empêcher d'être en accord sur le choix de ses victimes, parce que celles-ci, par contre, sont des nuisibles, des êtres qui ne manqueront pas à grand monde... Acceptant un dernier contrat parce qu'il a besoin d'assurer ses arrières avant de se retirer, Billy va se fondre dans la peau d'un écrivain en résidence dans la petite ville de Red Bluff et va devenir pour un temps David Lockridge, ce bon vieux Dave, le plus sympa des voisins dans son nouveau quartier. Par une mise en abyme ingénieuse, Stephen King va exploiter cette "couverture" en faisant réellement écrire à son personnage un livre sur les souvenirs douloureux de son enfance et de la guerre en Irak. Un bon moyen également de faire passer les sentiments de l'auteur à l'égard de cette période de l'histoire des Etats-Unis... Billy en profitera pour exorciser en quelque sorte ses traumatismes. C'est prenant, on est complètement dans l'histoire, on a les nerfs à vif à certains moments, et on soupire d'aise quand les choses tournent bien.
44. Gris comme le coeur des indifférents
Pascaline Nolot
4.48★ (177)

Coup de coeur de sylviedoc : Ici, l'autrice a choisi pour biais de le traiter à hauteur d'adolescent, et dénonce encore et encore, la maltraitance au sein des familles et les féminicides toujours plus nombreux. C'est Lyra, 15 ans, qui nous narre la triste histoire de sa famille depuis un couloir d'hôpital. On attend la grand-mère, une femme froide et antipathique dont la seule réaction quand elle a appris que papa avait encore une fois tapé Maman a été : "je lui avais dit de ne pas l'épouser. A présent elle doit assumer". Ca vous résume bien la personne… Pascaline Nolot a parfaitement cerné le "problème", et l'expose sans pathos inutile mais avec des mots qui sauront toucher les jeunes.
45. La bombe (BD)
Alcante
4.64★ (1614)

Coup de coeur de Piwai : Une présentation pour le moins originale de ce qui fût une épopée scientifique dans une période guerrière et un désastre humain, soit la conception puis l'utilisation de LA bombe, la seule pouvant se revendiquer identifiable à partir de ce terme générique, celle d'Hiroshima, celle qui détruisit Hiroshima et un peu d'Humanité, déjà bien martyrisée en ces temps troubles. En fait ce pavé graphique se présente comme la biographie de la matière première de cette arme, sans qui rien n'aurait été possible, objet de toutes études expérimentales et de toutes les convoitises, fascinante et répulsive, aimantant les plus importants cerveaux scientifiques de l'époque, l'uranium. Ouvrage remarquable par son sérieux et sa vaste exploration objective et sans moralisme, un peu didactique au début, le livre, d'un très beau graphisme tout en noir et blanc, devient vite passionnant. Les dernières pages, les martyrs LA Bombe, sont silencieuses et poignantes.
46. Le pouvoir du chien
Thomas Savage
4.06★ (1367)

Coup de coeur de Berni_29 : Ici les grands espaces du Montana sont bien au rendez-vous, ils occupent une place prépondérante dans le récit, se dessinant avec les Rocheuses comme ligne d'horizon et les premières collines couvertes d'armoises. L'histoire qui nous est racontée débute en 1924 et nous faisons la connaissance de deux frères qui tiennent un ranch, Phil et George Burbank. Nous allons suivre la relation de ces deux personnages, entremêlée à deux autres, quand George s'éprend de Rose la veuve d'un médecin et l'épouse, elle vient habiter au ranch avec son fils Peter, un être doté d'une grande sensibilité artistique et qui aime les fleurs comme sa mère.... C'est à ce moment-là que les choses vont commencer à se dégrader, mais ne l'ont-elles pas commencé déjà depuis longtemps ? Thomas Savage est un formidable peintre impressionniste dans sa manière d'agencer ces images, saisir la condition humaine, suscitant ainsi sans doute cette émotion qui m'a emporté. C'est beau, c'est grandiose, jusqu'au dénouement qui est d'une sidération totale.
47. Stupeur
Zeruya Shalev
3.70★ (642)

Coup de coeur de Berni_29 : Stupeur est un roman qui réunit deux femmes. L'une, Rachel, est une très vieille femme de quatre-vingt-dix ans, mais qui a encore toute sa tête. Elle a combattu autrefois pour un réseau israélien clandestin, précisément en 1948 lorsque le pays d'Israël se construisait dans les convulsions balbutiantes de son histoire. Durant un an, durant cette année traumatisante, elle a été mariée à un homme qu'elle a perdu de vue aussitôt après. Cet homme vient de mourir, il est aussi le père de l'autre héroïne du livre, Atara, cinquante ans, il fut pour elle un père violent. Ces deux femmes vont cheminer l'une vers l'autre. Est-ce ici l'histoire d'un peuple en quête d'une terre, entre espérance et radicalité, est-ce l'intime qui tutoie l'universel ? Stupeur est un roman magnifique sur l'âme humaine, sur la tragédie de l'humanité qui transforme des personnages déchirés par des vents contraires, des êtres en prise sans cesse avec leurs destins.
48. Fuir l'Eden
Olivier Dorchamps
4.37★ (626)

Coup de coeur de Berni_29 : Fuir l'Eden, c'est une histoire à hauteur de l'adolescence. Olivier Dorchamps nous invite ici dans un roman social, sombre et lumineux. Le personnage principal s'appelle Adam, il est anglais, a dix-sept ans. Il habite dans la banlieue de Londres, dans un immeuble de conception brutaliste devenu un monument historique classé, l'Eden, baptisé ainsi de manière cynique car on est bien loin ici de l'idée qu'on peut se faire d'un paradis. C'est le récit d'une enfance qui dit l'innocence piétinée à coups de poing. Ici l'amour est une quête. J'ai aimé cette écriture à la fois sobre, fluide, terriblement humaine. Dans ce récit construit avec de belles ellipses, il y a l'expression d'une difficulté à imaginer un ailleurs, un futur social autre que celui de ce quartier. Pourtant, l'espoir se terre dans les marges de ces pages, tient le texte, le fait vibrer.
49. Celui qui veille
Louise Erdrich
3.98★ (1504)

Coup de coeur de Berni_29 : J'ai ouvert un livre pour entendre la voix magistrale de Louise Erdrich qui me parle des siens, les Chippewa, peuple amérindien du Dakota du Nord, luttant âprement pour défendre leurs droits opprimés, cette autrice américaine qui ne cesse d'être à leurs côtés, ici encore dans ce très beau roman, pour rappeler ce qu'ils ont de plus cher, leurs terres, leurs croyances, leurs rites et leur mémoire et que les autorités américaines n'ont eu de cesse de venir piétiner, mépriser, bafouer... Nous sommes donc dans le Dakota du Nord, dans les années cinquante. Celui qui veille, c'est justement un veilleur de nuit dans l'usine de pierres d'horlogerie proche de la réserve de Turtle Mountain, il s'appelle Thomas Wazhashk, il est Chippewa. Mais le jour, que fait-il ? C'est un récit polyphonique bouillonnant de vies individuelles prises dans le courant frénétique d'une aventure effervescente qui va puiser des élans de solidarité parmi cette société de pauvreté mais de dignité et de rigueur aussi. L'écriture, à la fois évocatrice et tout en retenue, poétique et sobre, esquisse en quelques lignes des portraits convaincants, attachants, familiers Entre rêve et réalité, c'est un livre épris d'humanité. Ode à la différence, à la fraternité, au bien commun qu'il faut protéger comme une terre sacrée, ce récit inspirant nous invite par un magnifique pas de côté vers nos vies fracturées qu'il nous faut recoudre.
50. L'Enragé
Sorj Chalandon
4.44★ (5819)

Coup de coeur de Berni_29 : Imaginez un mur. Il y a deux façons de voir ce mur, selon le côté où l'on se situe. Être du mauvais côté du mur, enfermé, ou bien être de l'autre côté, s'évader, rejoindre le bon côté. C'est sans doute ce qu'ont pensé ces cinquante-six enfants lors de cette nuit-là de mutinerie, celle du 27 août 1934, enfermés dans ce lieu qu'on appelait pudiquement une maison de correction ou de redressement, ici d'ailleurs le terme désigné était précisément maison d'éducation surveillée. Cinquante-six enfants évadés de cet enfer, cinquante-cinq seront récupérés. Un seul manquera à l'appel avec ce mystère demeuré à jamais : qu'est-il devenu cet enfant absent après la traque, comme on pourchasse un animal lors d'une chasse, - parce que c'était ça, traquer des enfants qui n'étaient pas des anges certes, mais qui étaient des êtres humains, des enfants devenus des fauves par l'enfermement d'un lieu. Ce roman d'une puissance d'évocation incroyable est peut-être le livre de Sorj Chalandon qui m'a le plus remué jusqu'ici, sans doute parce qu'il y a mis aussi beaucoup de lui-même, à travers la figure de cet enfant, sa tendresse et sa rage.
51. Celles qu'on tue
Patricia Melo
4.00★ (508)

Coup de coeur de Berni_29 : Celles qu'on tue est l'univers d'un roman noir, âpre et violent, traversé de douleurs et de colères froides, mais aussi d'une sororité magnifique teintée de chamanisme, source d'espoir. L'histoire se passe au Brésil, dans l'État de l'Acre, une région partiellement couverte par la forêt amazonienne. La narratrice, une jeune avocate originaire de São Paulo, a été choisie par son cabinet d'avocats pour couvrir une campagne de jugements de féminicides survenus dans le pays. Sur place, la narratrice nous fait découvrir l'impensable : l'impunité dont bénéficie la plupart du temps les assassins auxquels la justice finit toujours par trouver des circonstances atténuantes, des jurés soudoyés par les avocats de la défense, des témoins achetés par la famille, sans parler de l'opinion publique complaisante ou au mieux indifférente…
52. Rappelez-vous votre vie effrontée
Jean Hegland
3.76★ (328)

Coup de coeur de Berni_29 : John Hubbard Wilson a été un brillant universitaire, spécialisé dans le théâtre de William Shakespeare qui, peu à peu, est emporté par la terrible maladie d'Alzheimer. Ce formidable texte traversé de lumières, véritable ode aux humanités et à la littérature qui sauve des naufrages, m'a touché, un récit sur la mémoire, le déclin, la transmission, la filiation. L'écriture est emplie de pudeur et de sensibilité, sert avec beaucoup de justesse la construction d'une narration adossée avec subtilité au théâtre de Shakespeare, c'est un récit qui m'a happé de bout en bout, peut-être parce qu'il appelle l'enfant à l'intérieur de nous, celui qui tend les bras et veut être aimé pour ce qu'il est.
53. Les Hauts de Hurle-Vent
Emily Brontë
4.13★ (48267)

Coup de coeur de Berni_29 : Les Hauts de Hurle-Vent, c'est un lieu où va se dérouler une histoire d'amour et de vengeance absolument inouïe.C'est tout d'abord une demeure posée sur la lande, battue par les vents du nord. Le maître des lieux, Mr Earnshaw, y élève seul ses deux enfants, Hindley le fils et Catherine la fille. Un soir, il ramène de Liverpool un enfant de six ans, un enfant trouvé et décide de l'élever comme son fils. Il le baptise Heathcliff. Hindley dès lors le méprise, le jalouse, tandis que l'enfant recueilli devient vite l'alter ego de Catherine, ce sont comme deux âmes qui se reconnaissent. À la mort du patriarche, la fureur d'Hindley réduit à l'état de domestique se déchaîne contre Heathcliff. Catherine quant à elle se résout à épouser un voisin, mais elle n'en reste pas moins liée à son amour d'enfance. Heathcliff disparaît. Et lorsqu'il revient des années plus tard, c'est pour devenir le maître des lieux, ceux de Hurle-Vent. Je trouve ce livre furieusement romantique, d'un romantisme noir, des ténèbres, du mal, un romantisme gothique, avec l'affleurement du fantastique.
54. Les Liaisons dangereuses
Pierre Choderlos de Laclos
4.21★ (29973)

Coup de coeur de Berni_29 : Ici, ce sont des lettres qu'on écrit, qu'on envoie, qu'on lit, parfois qu'on retourne à l'expéditeur ou bien qu'on brûle... Il y a ici des mots qui se posent comme de la soie sur la peau. Des mots peut-être transgressifs par moments puisque l'audace de franchir des frontières inconnues s'invite dans ce paysage épistolaire presque à chaque page... J'ai lu dans ces lettres un coeur égaré que déjà trop d'amour enivrait, j'ai vu des amours qui épuisaient des forces dans un combat inégal. J'y ai vu cette sensibilité qui embellit la beauté. J'y ai vu aussi cette confusion douloureuse entre l'amitié et l'amour.
55. A la recherche du temps perdu, tome 2 : A l'ombre des jeunes filles en fleurs
Marcel Proust
4.34★ (8377)

Coup de coeur de Berni_29 : Longtemps je m'étais dit que le bonheur ressemblait à cela. Je ne savais pas que lire du côté de chez Swann me ferait cet effet-là. Je ne savais pas qu'une phrase comme celle-là, innocente et déliée comme une vague, entrerait en moi pour ne plus me quitter. Cette lecture reste en moi, voilà je fais un temps d'introspection, je respire longuement, je pense au livre, j'y reviens mentalement, c'est comme un voyage intérieur... Ce livre va forcément m'aider à grandir … Sans doute aussi parce que ce livre ne parle de rien d'autre que de nous et de notre immense et inconsolable besoin d'amour...
56. Voyage au bout de la nuit
Louis-Ferdinand Céline
4.08★ (35864)

Coup de coeur de Berni_29 : On rêve tous un jour de toucher le Graal littéraire, le roman qui va faire chavirer votre coeur à jamais. Je tiens Voyage au bout de la nuit comme le livre le plus génial qui m'ait été donné de lire à ce jour. On entre dans ce livre comme on entre dans une nuit monstrueuse, vers laquelle on voudrait tendre le bras pour voir ce qu'il y a à la fin, à la toute fin, se rassurer en quelque sorte qu'on est bien éveillé, même si on se tient debout dans la boue et qu'on avance à tâtons. Je ne me souviens pas d'avoir lu un roman qui décrivait de manière aussi puissante la bassesse humaine, les vilénies ordinaires, le geste de pisser dans la Seine avec un sentiment d'éternité, la gaité crasseuse, le désastre de l'humanité et ses trous sanglants. Ce voyage, c'est une déambulation intérieure où le désespoir prend son envol. Voyage au bout de la nuit est un énorme chef d'oeuvre, sublime, répugnant, abyssal dont la beauté n'enlève pas la crasse immonde qui se terre entre les personnages, dont la bonté ne supprime aucun de leurs mauvais sentiments, mais peut-être guide nos pas vers la nuit encore sombre et agitée, de laquelle il faut m'extraire pour tenter de rédiger quelques mots afin de revenir à vous.
57. Et quelquefois j'ai comme une grande idée
Ken Kesey
4.24★ (1723)

Coup de coeur de Berni_29 : Nous sommes dans les années soixante, en Oregon, à Waconda, petite bourgade forestière près de la rivière Waconda Auga, où tout le monde se connaît ; ici les familles vivent de l'exploitation de la forêt depuis des générations, grâce aux arbres et aux grumes dont ils font le commerce depuis des lustres... Une grève étrangle la communauté de Waconda. Tous les bûcherons suivent le mouvement de grève sauf une famille, les Stamper. Deux histoires vont s'entrelacer. Tout d'abord nous découvrons celle des Stamper, ce clan familial de bûcherons qui ne reculent devant rien ni personne et font un peu ce qu'ils veulent. Une deuxième histoire vient se greffer à la première : un des jeunes frères Stamper qui avait quitté sa famille il y a une dizaine d'années dans des circonstances un peu énigmatiques il faut bien l'avouer, et qui revient avec comme seul dessein d'assouvir une vengeance. C'est un roman choral difficile d'accès aux premiers abords, qu'il m'a fallu apprivoiser. C'est un livre qui vous prend dans sa nasse, qui vous agrippe, ne vous lâche plus, c'est un livre généreux qui donne beaucoup d'une ambition folle, démesurée, autant celle des personnages et de la nature indomptable que de celui qui est aux manettes de tout ce vertige insensé.
58. Dans la grande nuit des temps
Antonio Muñoz Molina
4.02★ (545)

Coup de coeur de Berni_29 et HundredDreams : Nous sommes en octobre 1936. Ignacio Abel a fui le chaos de la capitale espagnole pour les États-Unis d'Amérique. Cet architecte madrilène de renom y est attendu pour enseigner dans une université. Il est parti seul, dans l'urgence, laissant derrière lui sa femme Adela et leurs deux enfants. En Espagne, c'est la guerre civile. Oscillant entre politique et Histoire, amour et guerre, rêve éveillé et réalité, souvenirs et imagination, « Dans la grande nuit des temps » est un roman intimiste et sensuel dans lequel l'auteur sonde avec minutie et sensibilité les émotions de son personnage principal. Ce qui rend le roman magnifique, c'est le temps qui façonne et se livre en digressions, en éclats, en convulsions, en rhizome.
59. Une vie heureuse
Ginette Kolinka
4.14★ (658)

Coup de coeur de Berni_29 : Une vie heureuse est une déambulation dans l'appartement familial parisien qu'elle a quitté durant les mois de sa fuite vers le sud de la France puis lors de sa détention dans le camp d'Auschwitz-Birkenau, après son arrestation avec son père et son frère. Cette déambulation de pièce en pièce est prétexte à transmettre ce devoir de mémoire qui tient à coeur Ginette Kolinka. C'est la mémoire du passé qui ne passe pas, mémoire irrévocable qui ne s'effacera jamais. C'est un passé incrusté dans le présent. Elle déambule dans ce parcours de vie, d'une pièce à l'autre. C'est la mémoire d'une perte de soi, perte de sa propre identité. Longtemps elle dit qu'il y eut la peur de ne pas être crue, tant le narratif pouvait paraître incroyable. Qu'est-ce qu'un témoin qui revient de là-bas ?
60. Les Contemplées
Pauline Hillier
4.27★ (1084)

Coup de coeur de Berni_29 : Je suis donc entré dans les pas de la narratrice, j'ai poussé les portes de la Manouba, une prison pour femmes dans le coeur de Tunis. Je suis entré dans cet enfermement, la crasse, la puanteur, les fouilles au corps, les humiliations dès les premiers instants, l'horreur de la réclusion, la promiscuité, l'étouffement, c'est un nouvel ordre du monde qui siège entre ces murs épais avec des règles autant édictées par les gardiennes féroces comme des hyènes que par les codétenues qui ne sont prêtes à faire de cadeaux à personne, et surtout pas à une étrangère… Plus qu'un roman autobiographique, Les Contemplées est une ode aux soeurs emmurées.
61. Océanique
Greg Egan
4.07★ (282)

Coup de coeur de Berni_29 : C'est un recueil de treize nouvelles écrites par un certain Greg Egan, écrivain australien, spécialisé en science-fiction… En évoquant les sciences, les théorèmes et les axiomes, le pouvoir des mathématiques, Greg Egan déploie avec virtuosité une imagination surprenante qui ne parle de rien d'autre que de nous. Je me souviens que ce livre fut un vertige quasi permanent tout au long de ma lecture, comme lorsque je me penche vers les constellations qui embrassent le paysage d'ici. Je me suis perdu dans ses fractales, dans ses mondes infinis et multiples, dans ses océans sidéraux, dans ses agencements de poussière…
62. Les Pionniers
Ernest Haycox
4.32★ (407)

Coup de coeur de Berni_29 : Dès les premières pages, le tableau est posé : on sent les protagonistes de cette histoire déterminés à aller jusqu'au bout de leur périple. Ils viennent du Missouri et ont tout abandonné dans l'espoir de fonder une terre nouvelle à des milliers de kilomètres de leurs foyers, là-bas à l'Ouest, dans l'Oregon. Ce sera désormais leur Eldorado. On les appelle les Pionniers, ce sont les premiers colons qui vont faire la conquête de l'Ouest. C'est un roman splendide et touchant, mêlant avec talent des histoires intimes avec la dimension universelle de l'Amérique qui s'est construite aussi à l'aune de ces récits et chemins...
63. La Route
Cormac McCarthy
4.06★ (14755)

Coup de coeur de Berni_29 : La route, roman de Cormac McCarthy, est le périple d'un père et son fils, vers la mer. Plus qu'un périple, c'est une errance, une fuite... On devine qu'une tragédie universelle hors du commun a eu lieu, ayant dévasté le monde, une sorte d'apocalypse. D'autres humains encore vivants errent parmi la neige et les cendres qui recouvrent le paysage. Le père et le fils se cachent d'eux, les craignent comme si c'étaient des hordes sauvages livrées à elles-mêmes. Ils continuent inlassablement à pousser un caddie d'objets hétéroclites. Le style est dépouillé, d'une écriture tout en retenue qui laisse deviner plus qu'elle ne dit les choses. C'est le miracle et la force de cette écriture performatrice qui sert à merveille le récit narratif et lui donne tout son sens. Survivre, avancer, ne jamais renoncer.Et dans cette errance où peu à peu les rôles du père et du fils s'inversent, dans ce beau geste de la transmission, il y a quelque chose de furieusement christique qui emporte le récit.
64. La tache
Philip Roth
3.97★ (6670)

Coup de coeur de Berni_29 : La tache, voici une histoire aux méandres magnifiques et insaisissables. Ancien doyen de l'université d'Athéna dans le New Jersey, qui fut professeur de littérature grecque ancienne, Coleman Silk, pour un malheureux mot sorti de son contexte, va être odieusement accusé de racisme par deux élèves noirs qu'il n'avait jamais vus à son cours. Sa femme Iris, déjà hospitalisée, souffrante, décède peu après… La tache raconte comment un être fort trébuche, tombe, victime du « politiquement correct », oui ce fameux et savant mélange de puritanisme, de bienséance et d'hypocrisie. Ce livre montre et dénonce aussi comment un homme peut être lynché dans la jungle de l'opinion publique. Bien qu'il soit souvent acerbe, le roman ne verse jamais dans l'outrance et dépeint des personnages complexes, terriblement humains.
65. Habibi
Craig Thompson
4.22★ (1801)

Coup de coeur de Berni_29 : Vendue à un scribe alors qu'elle vient tout juste de quitter l'enfance, puis éduquée par celui-ci, une très jeune femme, Dodola, nous raconte son histoire... Tout commence lorsqu'elle voit son mari assassiné sous ses yeux par des voleurs, elle sort à peine de l'enfance... Elle nous raconte son enlèvement comme esclave, sa fuite lorsqu'elle parvient contre toute attente à échapper à ses ravisseurs en compagnie d'un petit enfant nommé Zam qu'elle sauve d'une mort certaine et qu'elle va considérer désormais comme son petit frère. Ensemble ils vont trouver refuge dans les sables du désert, cachés derrière la citadelle des dunes, dans l'improbable épave d'un navire échoué là depuis des siècles. Plus qu'un roman graphique, Habibi ressemble à un talisman, c'est un écrin de beauté que j''ai ouvert pour me laisser entraîner dans la magie d'un récit majestueux et foisonnant, aux entrelacements multiples. L'auteur, Craig Thompson, nous convie aux confins des terres de l'Orient et celles de l'Afrique, dans un récit dense, onirique et merveilleux, digne d'un conte des mille et une nuits.
66. La cité des nuages et des oiseaux
Anthony Doerr
4.14★ (3068)

Coup de coeur de Berni_29 ; C'est l'histoire d'un manuscrit qui traverse les âges, un récit vaste comme l'espace dans lequel nous voyageons sans nous en rendre compte au quotidien, c'est un récit qui se déplie sous la forme d'une odyssée. C'est un récit qui nous parle d'humanité, celle qui vacille sous la menace ou l'emprise des barbaries, des guerres, de la disparition des espèces vivantes et du changement climatique..., une humanité en perdition qui joue à chaque instant sa survie… La plus belle image du récit que je garderai en moi après sa lecture est celle que la littérature est la discipline à avoir su inventer le premier voyage dans l'espace. Livre-monde, Livre-vaisseau, Livre-Léviathan, Livre-Arche de Noé, Livre-humanité... Je n'en finis pas de déplier toutes les possibilités de ce livre comme une cartographie infinie tout en contemplant l'espace-temps abyssal que je traverse.
67. Serena
Ron Rash
3.91★ (815)

Coup de coeur de Berni_29 : Serena, c'est un récit démoniaque au coeur des montagnes américaines, les Smoky Mountains de Caroline du Nord. Nous sommes en 1930, dans une riche exploitation forestière tenue par le jeune George Pemberton. Il s'est absenté pendant trois mois pour affaire à Boston. Il revient marié à la très belle Serena. Serena, c'est un prénom doux... Ne vous y fiez pas. Serena est belle, ne vous en approchez pas, je vous en conjure, elle est sans état d'âme . La richesse de ce récit dense et prenant du début jusqu'à la dernière page, mêle tous les genres, le western, le thriller implacable, la tragédie antique, le pamphlet écologique… Et puis il y a ce style inimitable dans l'écriture de Ron Rash, poétique, parfois lyrique, magnifique, d'une beauté crépusculaire. Du grand Ron Rash !
68. Le bruit et la fureur
William Faulkner
3.99★ (7173)

Coup de coeur de Berni_29 : La scène démarre tout près d'un cour de golf. Des joueurs sont là, hèlent parfois le caddy. Caddy ! Caddy ! Ainsi ce mot que prononcent à répétition les joueurs de golf, réveille dans le coeur de Benjy le souvenir de la soeur perdue qui s'appelle Caddie... Une douleur venue de l'intérieur monte en lui et brusquement, de cette seule sensation surgit, de l'envers du décor, le passé de manière foudroyante. Alors tout se mélange, le passé, le présent… Pour le reste, ne comptez pas sur moi pour vous raconter de quoi ça parle. Tout juste, pourrais-je vous dire que tout se tient sur trois jours, qu'il s'agit d'un de ces drames qui se déroule dans le Mississipi au sein d'une famille Blanche, une de ces vieilles familles hautaines et prospères à qui tout a réussi jusqu'à présent, que le bruit et la fureur n'est rien d'autre qu'un roman choral qui permet de faire alterner plusieurs personnages différents, où de larges ellipses temporelles sont aménagées entre les voix, parmi lesquelles nous tentons de nous frayer un chemin. Le bruit et la fureur est peut-être une histoire sans fin... Le génie de Faulkner est de nous faire entrer dans ce récit par le prisme d'un idiot qui voit le monde à sa façon et nous raconte une histoire à travers ses sensations et à travers des visions qu'il a. Ici, les codes narratifs sont totalement cassés... le temps, la chronologie, tout cela vole en éclat comme une montre que l'on brise sur le coin d'une commode. Ici, l'espace et le temps n'ont plus de logique, du moins jusqu'au moment où nous parvenons à retrouver le chemin dans notre imaginaire.
69. Arcadie
Emmanuelle Bayamack-Tam
3.49★ (1807)

Coup de coeur de Berni_29 : Dans Arcadie, la narratrice s'appelle Farah. Elle et ses parents ont poussé les grilles d'une vieille demeure dans le sud de la France, près de la frontière italienne, - Liberty House, alors qu'elle n'avait que six ans. C'est là qu'elle a grandi, entouré des siens, ses parents et sa grand-mère tout d'abord, mais aussi des autres, les membres d'une communauté libertaire pour ne pas dire d'une confrérie. Un homme dirige avec charisme le lieu, il s'appelle Arcady. Farah grandit dans l'amour qu'elle porte secrètement pour lui... Ce n'est pas un gourou, on pourrait le croire... C'est autre chose... Je referme les pages de ce livre si beau, je referme les grilles de Liberty House. Derrière moi, j'entends encore les voix sublimes et fragiles de ceux qui se sont aimés avec tant d'amour, sans entrave, malgré le cri des hyènes, j'entends des coeurs qui battent comme des battements d'ailes.
70. Le mage du Kremlin
Giuliano da Empoli
4.05★ (7838)

Coup de coeur de Berni_29 : Retiré dans sa datcha, Vadim Baranov invite le narrateur, un jeune étudiant intéressé par l'auteur dissident Evgueni Zamiatine et son roman dystopique, Nous autres. C'est à la faveur de cette rencontre et de cette passion commune pour le grand auteur russe du début du XXème siècle que Vadim Baranov va se confier sur son passé, son ascension fulgurante et sa déchéance au commencement de l'ère Poutine et dans son apogée... Car Vadim Baranov dans ce roman, - de son vrai nom Vladislav Yuryevich Surkov dans la réalité, fut l'homme de l'ombre dans les coulisses du pouvoir... Durant toute une nuit blanche, Vadim Baranov ouvre le rideau et nous invite à pénétrer dans un monde sidérant... Et là c'est magnifique... Tout devient alors évident… Le mage du Kremlin c'est bien un roman, mais vous aurez compris qu'ici la force de l'imaginaire et la puissance narrative ont été convoqués pour emporter le réel et le rendre encore plus palpable et saisissant.
71. Un monstre et un chaos
Hubert Haddad
3.96★ (248)

Coup de coeur de Berni_29 : Nous sommes en Pologne à la fin des années trente. Nous découvrons la vie ordinaire d'un shtetl semblable à tant d'autres et sa communauté juive. Deux jumeaux y grandissent, Alter et Ariel, alors que grondent déjà au loin les rumeurs de guerre. En septembre 1939, la Wehrmacht envahit la Pologne et commence à massacrer tout ce qui ressemble à la différence, celle qui ne convient pas à l'idéologie du IIIème Reich, c'est-à-dire les Tziganes, les Juifs... La famille des jumeaux est ainsi décimée, sous les yeux du seul survivant Alter. Un monstre et un chaos, c'est un peu le monde des toiles de Chagall qui s'enroule dans le tourbillon des mots d'Hubert Haddad. Un monstre et un chaos, c'est la barbarie vue à travers les yeux d'un enfant de douze ans, orphelin rebelle, refusant de porter l'étoile jaune, s'esquivant sans cesse comme un chat, derrière les coulisses d'un paysage. J'ai été emporté par le regard de cet enfant qui traverse ce récit, le transcende et nous transperce le coeur par l'humanité qui sous-tend ce texte comme les fondations d'une scène de théâtre...
72. Confessions d'un gang de filles
Joyce Carol Oates
3.77★ (940)

Coup de coeur de Yaena : Ces filles ont le coeur pur et la rage de celles qui n'en peuvent plus de se faire dicter leur conduite. Elles en ont assez d'être des proies sexuelles ; de la chair que les hommes convoitent. Marre qu'on leur demande de se faire oublier, qu'on leur impose de ressentir de la honte pour ce qu'elles sont, pour qui elles sont. Marre de s'excuser d'exister. Tout ça c'est fini ! Elles vont relever la tête, regarder le monde droit dans les yeux faire entendre leurs voix. Une rébellion, une nécessité, pour enfin exister sans se trahir. Elles protègent les autres et sont protégées. le monde ne peut plus leur faire de mal. Si seulement… Dans ma tête j'entendais Lily Allen chantant gentiment mais avec conviction Fuck You. J'ai pensé à Telma et Louise, à Nous rêvions juste de liberté et je me suis dit que non vraiment ces gamines ne sont pas des personnages. Je veux croire que cette histoire était vraie et que le cri de rage poussé par Legs et ses soeurs résonne encore dans les mémoires des habitants de ce bled paumé.
73. Le cercueil de Job
Lance Weller
4.03★ (458)

Coup de coeur de Yaena : Dans le cercueil de Job il nous emmène en plein coeur de la guerre de sécession qu'il va nous montrer sous toutes ses facettes. Sous la plume de WELLER la cruauté de la vie apparaît douloureusement belle. C'est un poète de la douleur ; de la dignité dans le désespoir. Il peint des personnages aux âmes pures que toute une vie de violence n'a pas su briser. C'est abrupt, râpeux, violent et doux à la fois. L'espoir est ténu mais tenace et virulent. Un livre qui m'a donc amené à cogiter mais qui est avant tout d'une grande beauté et surtout très bien écrit.
74. Ohio
Stephen Markley
4.10★ (1574)

Coup de coeur de Sevlipp : Une fois qu'il est lancé (une bonne cinquantaine de pages), ce roman est captivant. Situé dans la ville fictive de New Canaan, dans l'Ohio, il raconte les vies imbriquées de jeunes qui fréquentaient le même lycée dix ans plus tôt. En toile de fond la période post 11 septembre, la récession, les guerres en Irak et en Afghanistan. L'industrie est en train de mourir et la vie dans le Midwest est difficile. Les prémisses de l'arrivée de Trump au pouvoir sont dépeints ; que tout cela est sombre. Mon coeur s'est serré à chaque page. C'est brutal, déchirant et formidablement bien écrit.
75. Poursuite
Joyce Carol Oates
3.69★ (345)

Coup de coeur de Nicola : Abby, diminutif de Gabriella. C'est ainsi qu'elle a dit qu'elle s'appelait à Willem quand ils se sont rencontrés. Les voix dans ses cauchemars l'appellent comme ça. Ces horribles cauchemars où elle voit des os éparpillés, des squelettes. Depuis son enfance, ces rêves la hantent. Puis, ils se sont effacés, pour revenir en force la nuit dernière, veille de son mariage, alors qu'elle a 20 ans. Depuis son enfance, ces rêves la hantent. Puis, ils se sont effacés, pour revenir en force la nuit dernière, veille de son mariage, alors qu'elle a 20 ans. Maintenant, il y a Willem, qui l'aime à la folie. Tout est flou, tout se bouscule. Le récit semble se disperser dans tous les sens au départ, mais on connaît l'autrice, on sait que tout va se rejoindre très rapidement. Ce roman est court pour l'autrice, qui nous a plutôt habitués aux pavés conséquents. Court mais intense. On ne présente plus Joyce Carol Oates et sa plume efficace, incisive, en un mot : magnifique.
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