Dans le village de Pamprelune tout le monde est sorcier ou sorcière. Tout le monde pratique la magie et jette des sorts. Tout le monde ? Heu… Ne dit-on pas que toute règle souffre au moins une exception ?
A Pamprelune, il y a une petite fille qui est incapable de lancer le moindre sort. Miette. Miette, bien qu'issue d'une famille de puissants sorciers voudrait bien faire comme tout le monde, ne fut-ce que pour se défendre des trois punaises qui se paient sa tête et la transforment au gré de leurs plaisanteries de mauvais goût ! Mais c'est là sans compter sur sa soeur, Harmonie, Nini pour les intimes ! Harmonie ne supporte pas l'injustice, encore moins lorsqu'on s'en prend à sa petite soeur toute douce ! Aussi n'hésite-t-elle pas à menacer ces vilaines gamines de les transformer en citrouilles pourries. Dès le lendemain, elle semble avoir mis en pratique ses menaces : Mirabelle a la tête transformée en citrouille…
Critique :
« Pffff ! A ton âge lire des livres de sorcières destinés à des gamines même pas pubères… Faudrait consulter un psychiatre, mon vieux ! » Voilà ce que vous devez vous dire en découvrant que je lis ce genre de niaiseries alors que je pourrais être plongé dans un bon thriller scandinave où un psychopathe écorche vives de frêles jeunes filles, abandonnées dès la naissance par leurs mères sans qu'elles ne sachent pourquoi, ayant fugué de chez elles pour fuir un père alcoolique qui les battait, afin de rejoindre un amoureux qui se fiche d'elles comme de son premier Pampers. Stop ! Je dis « stop » ! Pourquoi tant de haine, bien chers frères, bien chères soeurs ? le soleil luit, les oiseaux chantent, les rares abeilles ayant échappé aux glyphosates butinent de ravissantes fleurs chargées de pesticides, tout va bien dans le meilleur des mondes. Laissons-nous emporter vers un pays enchanteur où les sorcières sont gentilles ! Enfin, pas toutes ! Mais même les plus vilaines d'entre elles sont jolies et plus punaises que vraiment méchantes. Ouvrons notre coeur à un univers enfantin et laissons-nous porter par ce joli conte qui tient tout de même du roman policier puisqu'enquête il y a !
Bon, là, je sens que je vous ai perdus et que beaucoup se demandent si c'est l'abus d'alcool ou de substances hallucinogènes qui s'exprime au travers de ma critique. Allons ! Allons ! Un peu de sérieux (mais pas trop) ! J'ai acheté cette BD (Attention ! Alibi en vue !) parce qu'en ma qualité d'instituteur, je me dois de trouver des livres susceptibles de donner envie à mon public (mes otages, en fait, on ne leur demande pas leur avis et ils vont devoir me supporter dix mois) de lire, de prendre goût à la lecture, d'en redemander pour ne pas vivre que dans l'univers de la téléréalité ! (Hein qu'il est bon mon alibi ?)
Maintenant, il est temps que je passe aux aveux : j'ai vu cette BD, j'ai trouvé les dessins et les couleurs de
Lucile Thibaudier absolument craquants et je l'ai achetée sans avoir lu le scénario de
Joris Chamblain. le scénario est simple, mais il a un côté polar.
Joris Chamblain n'est pas
Agatha Christie, et Harmonie n'est pas Hercule Poirot (il lui manque, notamment, la moustache) mais il y a une enquête bien ficelée que l'on suit avec intérêt dans l'espoir de découvrir qui est le « jeteur de sorts ».
Je pense que les petites filles se reconnaîtront aisément dans les personnages (essentiellement féminins) même si des garçons pourraient se laisser toucher par la grâce de cet univers aux jolies couleurs. (J'ai un faible pour le village drapé dans un voile de brouillard, page 11). Quant aux adultes, leur degré d'appréciation variera en fonction des lambeaux d'âme d'enfant qui leur restent…