RARE LE CHANT...
Rare le chant du bouvreuil triste,
L'hiver admiré du Ventoux ;
L'an nouveau décuple les risques ;
Joue, amour, dégoutte à merci
Dessus, le plus souvent dessous,
L'écervelée source séduite.
Le soleil divisé devient ce soir gravide.
LE NOEUD NOIR
Je me redis, Beauté,
Ce que je sais déjà,
Beauté mâchurée
D'excréments, de brisures,
Tu es mon amoureuse,
Je suis ton désirant.
Le pain que nous cuisons
Dans les nuits avenantes,
Tel un vieux roi s'avance
En ouvrant ses deux bras.
Allons de toutes parts,
Le rire dans nos mains,
Jamais isolément.
Corbeille aux coins tordus,
Nous offrons tes ressources.
Nous avons du marteau
La langue aventureuse.
Nous sommes des croyants
Pour chemins muletiers.
Moins la clarté se courbe,
Plus le roseau se troue
Sous les doigts pressentis.
LA COLLATION INTERROMPUE
...
La moindre aiguille de pin s'ouvre au pied qui la frôle. Promise aux prouesses du seul feu, comme elle est nette la ravissante!
CHANTS DE LA BALANDRANE
La flûte et le billot, II
L'étoile de mer
Dans le foyer de ma nuit noire
Une étincelle provocante
Heurta le tablier de cuir
Que je gardais par habitude
Autour de mes reins désoeuvrés.
Sans doute un mot bas de Cassandre,
Utile à quel avenir ?
Fallait-il qu'il se révélât
Entre cinq de mes différences,
Au terme d'une parabole
De mensonge et de vérité ?
Se protéger est acte vil.
Lève la tête, artisan moite
A qui toute clarté fut brève!
Cette source dans le ciel,
Au poison mille fois sucé,
N'était pas lune tarie
Mais l'étoile frottée de sel,
Cadeau d'un passant de fortune.
Nous étions dans l'août d'un clair matin peu sûr.
L'art est fait d’oppression, de tragédie, criblées discontinûment par l'irruption d'une joie qui inonde son site, puis repart. (p 10)
Pourquoi changer la pente du chemin qui conduit du bas jusqu'au sommet et que nous n'avons pas le temps ni la force de parcourir en entier ?
Quand s'achève au vrai la classe que nous continuons de fréquenter à l'insu de notre âge, il fait nuit sur soi. A quoi bon s'éclairer, riche de larmes. (p 17)
LOUVOYANTE INGRATITUDE
Je dirai ces Madones accortes. Ne mes confondons pas
avec les cailles, ces bêtes de la désolation. Quand sau-
rons-nous vivre conversant avec toi, rouge soleil trop
filial, à cette heure si basse où tu geins sans rien expri-
mer devant le sous-bois aveugle ? Ici quelques gouttes
de sang sur la fleur de l'eau grise se supposant au bord
de leur lendemain et du nôtre.
p.22