Je cherche ce que je ne trouverai pas
je le sais mais je cherche
car dans chercher il y a trouver
comme un arbre sans son ciel
comme un chemin sans son terme
qui avance et chaque pas
le recommence
et il te mène vers ce qui vient
et recule et t’appelle et te
déchire comme le jour déchire la nuit
ou est-ce l’inverse
ou est-ce le temps
qui me coule des yeux
et c’est pourquoi je ne vis
rien devant rien derrière je marche
sur un fil au milieu du jour je
vacille je heurte
un morceau de lumière
25 juin 2002
Le pied bouge, le jour baisse.
Le temps est comme un peu d’eau
sur les doigts. Tu ne vois plus
que ce qui s’en va — ou vient.
Entre, il n’y a plus qu’un cri.
Tu ne sais pas comment dire
mais quand même tu dis, tu
poses ce mot, et cet autre,
ciseaux, par exemple, ou pluie,
et c’est la vie qui te dit.
Les mots m’aveuglent, dit-il.
J’entre dans ce que j’ignore.
Et cependant rien ne bouge
ni les doigts, ni la lumière
ni le sang contre le mur.
la fatigue a des couleurs
comme les saisons. Elle a
ses douceurs et ses éclats,
ses silences. Mais surtout
ce qu’elle permet de voir :
d’une chose à son image,
imperceptible, une sorte
de distance sans distance.
L’incertitude du monde.
Comme un vacillement bref.
POÉSIE HISPANIQUE – l’Espagne contemporaine : de l'Ultraísmo à Sanchez Ortiz (France Culture, 1982)
Une compilation des émissions « Albatros », par Gérard de Cortanze, diffusées les 3, 10, 17, 24 et 31 janvier 1984 sur France Culture. Invités : Jacques Ancet, Saül Yurkievich, Claude Miniere et Severo Sarduy. Poètes évoqués : José Angel Valente, Pere Gimferrer, Andres Sanchez Robayna, Julian Rios et Emilio Sanchez Ortiz.