Une petite station de ski familiale, hors saison, quelque part dans les Alpes, à trois heures de la gare la plus proche. Isolement total, que des montagnes et des forêts à la ronde. Une seule route tortueuse pour y accéder. Une petite annonce sur le net, pour un job d'été, pour une durée de cinq mois : après sa rupture amoureuse, c'est exactement ce dont a besoin Hugo. Il postule, il obtient le poste. À son arrivée, il fait la connaissance de ses collègues, certains saisonniers comme lui, d'autres employés à l'année depuis longtemps.
Un seul voisin : le propriétaire des lieux qui vit dans un chalet juste à côté mais qui n'en sort jamais. On n'y voit de la lumière que la nuit lorsqu'il ouvre ses volets qui restent fermés toute la journée. Une drôle de rumeur circule sur cet ancien magicien qui a tant fait parler de lui avant de s'isoler complètement du monde extérieur...
Autour de la station, Hugo découvre des guirlandes d'ossemments suspendues dans les arbres. Dans certains d'entre eux, des visages sont gravés dans les troncs. Un jour, il reconnaît celui d'Alice, disparue il y a quelques jours...
À l'intérieur des bâtiments, il entend des bruits de pas au-dessus de sa tête. Des ascenseurs, il entend des gémissements, des râles et des soupirs. À la piscine et dans les sous-sol, c'est une tarentule géante qu'il aperçoit... Sans compter que dans ces bâtiments, Hugo se perd tout le temps : il a l'impression que les lieux changent continuellement dans son dos...
Inutile de préciser que le contexte et l'atmosphère sont subtilement bien rendus. L'ensemble de la structure (à l'architecture hors normes), les montagnes, les forêts, les orages d'été sont bel et bien vivants et vous dévorent petit à petit au fil de la lecture. C'est sordide, lugubre, pas du tout rassurant, de plus en plus oppressant. Ajoutez à cela que l'auteur joue avec nos nerfs : entre illusions, rêves (ou plutôt cauchemars) et réalité, on ne sait pas toujours faire la part des choses au moment opportun. Ce qu'on prend pour acquis ne l'est plus forcément quelques pages plus loin, et l'auteur, de ce fait, réussit à nous déstabiliser avec brio.
Quant aux personnages, que dire ? Complexes, secrets et énigmatiques pour la plupart d'entre eux, plus volubiles pour quelques-uns. Hugo, en tant que personnage principal, est évidemment le plus abouti, d'autant que l'on suit l'intrigue toujours de son point de vue, et qu'il a une imagination retorse des plus débordantes. Les autres, en revanche, pour le bon maintien du suspense, ne se devoilent que petit à petit.
L'intrigue, construite autour de ces personnages et des lieux montagneux qui les entourent, est ficelée dans une sorte de vase-clos qui nous emprisonne nous lecteurs, tout comme Hugo. C'est glauque, oppressant, claustro à souhait, quelque peu angoissant.
Et pour une fois, le dénouement, dont je ne dévoilerai rien bien évidemment, m'a totalement conquise. D'habitude, c'est ce qui me déplaît grandement chez l'auteur : ses fins. Des quelques thrillers que j'ai lus auparavant, je n'en avais pas apprécié une seule, car soit trop tirée par les cheveux, soit trop vite expédiée ou encore qui laissent trop de questions. Ici, ce n'est peut-être pas celle attendue, mais elle surprend et a le mérite de suivre le cours de l'intrigue, d'autant que le côté "angoissant" est présent jusqu'au bout, et ce jusque dans l'épilogue.
J'ai retrouvé la plume très agréable de
Maxime Chattam, toujours aussi recherchée, qui sait de quoi elle parle, tout en restant extrêmement fluide.
Pour ceux qui aiment à se faire peur, à qui l'horrifique, l'ésotérisme et le satanisme ne dérangent pas, foncez ! Il n'y a rien de sanglant, ni de violent. Ce sont les lieux et décors, les personnages, et l'ambiance menaçante qui rendent la lecture si inquiétante et si prenante à la fois. Et comme on ne s'en prend ni aux enfants, ni aux animaux, je m'en suis délectée !
Le meilleur thriller de
Chattam que j'ai lu jusqu'à présent !