Petites coupures à Shioguni

Cette bande dessinées est présentée comme un carnet de prises de notes agrémentées de scènes d'action. le graphisme est brut, au couleurs lourdes et épaisses, traitées au pinceau. le traitement est intéressant et très original. On sent la fascination pour ce Japon, c'est très documenté, inscriptions, nourriture, détails géographiques… et inspiré du manga autant que du comics américain underground.
C'est une histoire de petits malfrats, de vol de clés de distributeurs automatiques de sandwiches et boissons. le rythme, avec ce principe de mise en page et haché, les éléments se reconstituent comme un puzzle dont les éléments une fois rassemblés finissent par donner un ensemble cohérent. Mais la lecture est assez laborieuse et, à moins de partager la fascination de l'auteur pour le Japon urbain, difficile de ne pas dépasser le simple statut d'objet de curiosité, en tout cas c'est un peu mon cas, je n'ai pas été embarqué par l'affaire, et l'émotion n'était pas au rendez-vous.

Après deux carnets de voyage (Tokyo Sanpo et Manabé Shima), Florent Chavouet se lance dans la fiction avec un polar publiée chez Philippe Picquier.

Tout débute par un cuistot qui se fait malmener par des yakuzas qui ne sont visiblement pas venus pour goûter les plats de son restaurant. C'est là le point de départ d'une enquête policière qui fait office de fil rouge au sein d'une course poursuite dans les rues de Shioguni qui part dans tous les sens. Au fil des pages, le lecteur va progressivement découvrir ce qu'il s'est vraiment passé cette nuit-là.

L'histoire, une fois remise dans l'ordre, est certes burlesque, mais tout sauf compliquée. La narration non-linéaire et les témoignages contradictoires et pas toujours fiables obligent néanmoins le lecteur à assembler lui-même les pièces de ce puzzle. Cette narration, qui alterne dépositions, rapports de police, coupures de presse et autres documents d'enquête à des planches revenants sur les évènements de cette nuit étrange dans le désordre, peu surprendre au début, mais s'avère finalement parfaitement maîtrisée.

L'un des points forts de ce one-shot sont les personnages, tous plus farfelus les uns que les autres. de ce cuisinier plutôt tenace à des policiers pas très perspicaces, en passant par des truands pas forcément doués et une gamine insaisissable, ma préférence va à ce petit garçon abandonné par ses parents, dont le témoignage m'a bien fait rire. Les dialogues entre les différents protagonistes valent également le détour.

Mais, la véritable force de cet ouvrage qui se démarque déjà des autres bandes dessinées au niveau du format, est indéniablement le graphisme de Florent Chavouet. Outre des personnages particulièrement expressifs et des décors urbains fourmillant de détails, l'auteur propose également des cadrages vertigineux. le lecteur est littéralement happé par l'ambiance de ces rues partiellement éclairées par des lampadaires et des enseignes en tout genre.

Un polar efficace, servi avec beaucoup de talent !
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J'ai découvert Florent Chavouet grâce à Manabé Shima que j'ai adoré, mais mon avis sur ce roman graphique est plus mitigé.
Graphiquement toujours aussi incroyable, l'ajout de plan, cartes et autres éléments du quotidien (qui servent ici de preuves) rend la lecture très dynamique et originale. Malgré tout je suis restée sur ma fin.
J'ai aimé la représentation un peu moins la structure du récit, avec à mon goût trop de "flash-back".
La richesse du graphisme associée à un récit discontinu complique selon moi la lecture.

J'aime toujours autant le style de Florent Chavouet : son trait unique, ses détails soignés qui sont autant d'éléments comiques savoureux, et sa tendresse particulière pour les policiers japonais sont toujours présents dans Petites coupures à Shioguni.

C'est un magnifique ouvrage qui a définitivement sa place dans une collection de BD sélectionnées avec soin, ne serait-ce que pour la beauté de l'objet. Dommage que l'histoire soit confuse.

(MJ976) Un graphisme magnifique et un scénario très construit et trépidant, mais peut-être difficile à lire pour les élèves.