Je chemine vers les fonds de toi
Où le regard est en repos
Où l'ombre se replie
Où les murs se descellent
Quand j'ai appris
Que ton geste et ton mot
N'étaient que tes saisons
J'ai pris sur moi ce pèlerinage
Pour te franchir porte à porte
Ô toi qui me conteras notre histoire.
Par-delà les mots
Elle sécrète la parole
En deçà du verbe
Elle questionne l'univers
Au-delà des murailles
Elle nomme la liberté
En deçà de chaque flot
Elle révèle l'océan
Désertant les conquêtes
Elle promet l'équipée
Elle remue le souffle
Sacre l'humble outil
Elle assemble les fragments
Du visage dispersé
Et désigne le mystère
Qui demeure entier.
Dans les sèves
Dans sa fièvre
Écartant ses voiles
Craquant ses carapaces
Glissant hors de ses peaux
La femme des longues patiences
se met
lentement
au monde
Dans ses volcans
Dans ses vergers
Cherchant cadence et gravitations
Étreignant sa chair la plus tendre
Questionnant ses fibres les plus rabotées
La femme des longues patiences
se donne
lentement
le jour.