A l'orient de tout, là où se souvient
La mer, l'orage a dispersé écailles
Des dragons, carapaces des tortues
Nous nous prosternons vers le pur silence
Régnant par-delà la terre exilée
A l'heure du soir, à l'orient de tout
Où se lève le vent de l'unique mémoire
Vers le soir
Abandonne-toi
à ton double destin:
Habiter le coeur du paysage
Et faire signe
aux filantes étoiles
Quand se tait soudain le chant du loriot
L'espace est rempli de choses qui meurent
Tombant en cascade un long filet d'eau
Ouvre les rochers de la profondeur
Le vallon s'écoute et entend l'écho
D'immémoriaux battements de coeur
Lumière juste érigée
En chemins, en collines,
En cyprès...choses lointaines
Ou proches que jamais
Nous n'avons révélées,
Faute de mots exacts
Et d'un cœur transparent.
De CANTOS TOSCANS
L’appel de la mer
tu l’entends
L’appel de la lune
tu l’entends
Tu es celle qui attend
Es-tu celle qu’on attend ?
L'infini n'est autre
Que le va-et-vient
Entre ce qui s'offre
Et ce qui se cherche.
Va-et-vient sans fin
Entre arbre et oiseau,
Entre source et nuage.
Entre les amandiers
le trop - plein d'été
s'est retiré
Un chant de loriot
depuis la haie
vient se loger
dans le nid défait
de la vacance
Jailli de la senteur
du sol originel
le rayonnement vert
se fait plus proche
plus ardent
plus transparent
comme pour tout reprendre
avant l'orage
Entre deux rochers
surplombant le vide
le pin ivre d'écoute
dira nos secrets
Oiseaux du matin
ni brumes du soir
jamais ne rompront
le fil de nos voix
Voix échangées là
au hasard d'un jour
un jour par-dessus
les années
lumière
Lorsque nous nous parlons
Le rêve est à portée
Lorsque nous nous taisons
Le rêve demeure intact
Apprenons à cueillir
Tout instant qui advient :
Sente gorgée de soleil
Grisée de lune, clairière...
LE LONG D'UN AMOUR
Un seul regard reprend tous les regards
Un seul mot libère tous les échos
Un seul geste rompt l'unique fièvre
Un seul geste rouvre toutes les veines
*
Nul sang n'est perdu nulle chair vaine