Me voici parmi une tribu des Evenks, ethnie de Sibérie, en Yakoutie au nord du lac Baïkal
La narratrice, quatre-vingt-dix ans, raconte sa vie et celle de sa petite tribu. Actuellement, la déforestation bat son plein et la nourriture manque pour les humains, les rennes, les animaux sauvages. Mais, il n'en a pas toujours été ainsi.
La narratrice, dans une langue belle et poétique relate leur vie dure, rythmée par les morts, les naissances, les mariages, les rennes, le passage du colporteur, les déplacements... Les Evenks savent interpréter les signes climatiques donnés par les animaux. Par exemple, il y aura beaucoup de neige lorsque les écureuils installent leurs provisions haut sur les sapins. L'élevage des rennes est leur principale source de revenus, le déplacement de la tribu se fait en fonction des ressources alimentaires du troupeau et de la présence ou non d'écureuils.
La terre est sacrée et ne peut recevoir un corps, alors les défunts ont des « cercueils au vent » où sont disposées les affaires du défunt.
Le chamane, très important, a le pouvoir de guérir. Ce peut être un homme ou une femme et ce sont certains signes qui ne se produisent qu'après le décès du chamane, qui le désigne à la tribu. Niro, la dernière chamane paiera aux esprits un tribu très cher ; à chaque fois qu'elle sauvera un humain ou un renne, un de ses enfants périra.
« Mon plus vieux souvenir, c'est la danse des Esprits exécutée par Nidu le chamane pour retrouver l'unai de Léna et faire partir le petit faon au royaume des ombres à la place de ma soeur. »
Eni (grand-mère), la narratrice, voit petit à petit et de plus en plus rapidement les méfaits de la pollution qui saccage tout pour une modernisation obligatoire. Les chinois ont construit des villages en dur pour sédentariser les tribus nomades. La dernière, celle où les petits-enfants de la narratrice, s'en vont, sera peut-être la « bonne ». Il est très difficile pour des nomades de se retrouver entre quatre murs, les rennes dans un enclos, sans distinction de tribus.
« Vous vous figurez que les rennes sont des boeufs et des chevaux ? s'insurgea Luni. Jamais ils ne mangeront du foin. Dans la nature, les rennes se nourrissent de plus de cent espèces de plantes différentes. Si on ne leur donne que des feuilles et des brindilles, ils perdront leur génie naturel, ils mourront ».
Chaque évènement triste est sujet à chansons. En voici deux, la première en l'honneur d'une ourse qui fut tuée et la seconde en l'honneur d'une femme aimée.
Chi Zijian suit les évènements historiques avec l‘occupation russe, japonaise, sans oublier la Révolution Culturelle chinoise qui servent de trame à un livre superbe, poétique, à la fois âpre, dur et doux ; un très bel hommage à cette tribu des Evenk. L'eni m'a prise par le charme de son récit et... que cette lecture est belle !
Chi Zijian, découverte avec la danseuse de Yangge. sait installer un climat propice à l'histoire qu'elle raconte.
Superbe et coup de coeur.
qu'il aime, et aussi les guerres et les convoitises extérieures qui viennent menacer ce monde fragile. Sa voix coule comme l'eau, de sa venue au monde annoncée par un renne blanc à son grand âge qui n'attend plus que des funérailles dans le vent. Et lorsque sa voix se tait, elle continue à résonner en nous comme si quelqu'un de très lointain nous était devenu très proche et ne voulait plus nous quitter.
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