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EAN : 9782809710953
176 pages
Editions Picquier (05/05/2015)
3.6/5   160 notes
Résumé :
Il faut d'abord imaginer ce Grand Nord de la Chine aux si longs hivers, les fleurs de givre sur les vitres et l'explosion vitale des étés trop brefs. Puis Xiao'e, une jeune fille modeste, pas spécialement belle, dit-elle, pour qui la vie n'a jamais été tendre :« j'appartenais à une catégorie insidieusement repoussée et anéantie par d'invisibles forces mauvaises ». Et puis Léna aux yeux gris-bleu et au mode de vie raffiné, qui joue du piano et prie en hébreu, dont le... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (66) Voir plus Ajouter une critique
3,6

sur 160 notes
Le nord de la Chine, Harbin, deux femmes que tout oppose en apparence se rencontrent. Xiao'e, jeune fille modeste née à la campagne après le viol de sa mère sur la tombe de son grand-père, correctrice d'épreuves dans une agence de presse, loue une chambre chez Léna, octogénaire juive, raffinée et solitaire, descendante d'émigrés russes ayant fui la Sibérie pour la Mandchourie pendant la révolution russe.

Voilà sommairement la trame de ce récit qui oscille en permanence entre mélancolie et gaieté, et où les blessures de chacune, progressivement révélées, se répondent en miroir, s'entremêlent pour former un roman attachant, sincère et finalement surprenant. J'avoue avoir trouvé le démarrage un peu lent, sans évolution notoire. Xiao'e, la narratrice de ce récit écrit à la première personne, en perpétuel affrontement avec sa logeuse, me semblait un brin capricieuse et pour tout dire banale. Puis, grâce à Léna, personnage fort et mystérieux, le roman gagne en profondeur et, comme "Les histoires de fleurs dont parlent les femmes sont la plupart du temps teintées de nostalgie", c'est tout un pan de l'histoire des émigrés juifs russes sur cette terre d'asile gelée qui nous est révélée en remontant le fil de la vie de Léna. Ce fut une découverte pour moi, et aussi bien sûr un des grands intérêts du récit.

Il faut, à mon avis, ne pas chercher à en savoir plus et se laisser emporter par l'écriture de Chi Zijian, sa sensibilité, sa justesse de ton, poétique et rythmé à la fois, jusqu'aux incroyables révélations intimes des deux femmes qui, bien au-delà des apparences, m'ont entraînée là où la vie intérieure de chacune palpite, authentique et terriblement solitaire finalement.

Je remercie vivement Babelio et les Editions Picquier pour la découverte de cette talentueuse auteur chinoise.
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La beauté mélancolique ("La mélancolie a sa beauté, une beauté que l'intéressée doit savourer dans la solitude." remarque la narratrice) et l'intérêt que j'ai trouvé à ce livre plein de poésie, de mystère et d'émotion résident dans la rencontre entre deux femmes que tout semble opposer, issues de milieux totalement différents.


Xiao'e, la narratrice, est une jeune chinoise née à la campagne, elle a fait ses études à Harbin et est correctrice dans une agence de presse où son amie Weina est journaliste. Elle se trouve sans logement et ne peux se permettre un loyer élevé. C'est Weina qui va, pour la troisième fois, lui en proposer un chez une dame âgée qu'elle vient d'interviewer, qui vit seule dans une maison très ancienne anachronique et isolée au milieu de la modernité de la ville d'Harbin avec son supermarché Carrefour, ses tours, le bruit et la pollution.
Lena est une juive russe dont la famille a émigré à Harbin : « Quand éclata la révolution d'Octobre et que les soviets s'emparèrent du pouvoir tsariste, puis que la guerre civile fit rage et que la tempête antijuive ne cessa de s'enfler, certains Juifs qui ne supportaient pas les humiliations fuirent à travers la Sibérie jusqu'en Chine. C'est à cette époque-là que la mère et le grand-père de Léna arrivèrent à Harbin. Léna était encore dans le ventre de sa mère enceinte de six mois. Son père, qui était luthier, avait été tué à coups de pierres à Iekaterinbourg par des antisémites. »

Ce n'est pas sans quelques heurts, dus à leurs traditions et leur éducation éloignées, que va se dérouler leur cohabitation mais elles vont petit à petit se rapprocher.

Les fleurs vont jouer leur rôle d'intermédiaire, elles sont présentes dans toute la maison de Lena et tiennent une grande place tout au long du récit, alliées au déroulement des saisons où l'hiver est prépondérant et aux fêtes qui les scandent.
« Léna avait les doigts verts. Jamais je n'ai vu quelqu'un d'aussi doué pour cultiver les fleurs. Elle associait à merveille le plaisir des yeux et l'utilité. Dans la longue auge de bois sous la fenêtre de la terrasse fleurissaient des soucis, mais en réalité elle y cultivait en même temps de la pimprenelle. Sur l'appui de la fenêtre du salon étaient alignés trois grands pots de terre. Au premier coup d'oeil, on voyait des hortensias rouge vif, des michelias jaunes et des pensées multicolores, mais un examen plus attentif vous faisait découvrir de fines ciboulettes au pied des hortensias, de la menthe cachée parmi les michelias, et des piments du ciel qui rivalisaient de couleur avec les pensées. Sur les étagères à livres s'alignaient les orchidées et la ciboule alliacée. Dans sa chambre, sous les arums rampaient des pélargoniums d'un vert brillant. »

« En décembre, la température descend jusqu'à moins vingt ou moins trente à Harbin. Pour que les légumes ne gèlent pas, j'enroulais mon filet à provisions dans de la bourre de soie. »

Lena cette femme âgée encore très belle, aux goûts raffinés, très attachée à sa religion, va également apprendre à Xiao'e à choisir avec soin ses vêtements, à se mettre en valeur par un maquillage adapté à sa personnalité pour lui montrer que l'apparence sert aussi à sortir de la morosité et à dissimuler les peines.
« (Lena) m'avait préparé un cadeau, une écharpe angora couleur cerise. Elle me dit que l'écharpe sur mon pull blanc ajusté serait comme des fleurs de prunier rouges sur fond de neige. Elle avait enseigné la musique et la peinture, deux arts sans aucun doute intimement liés depuis toujours. Elle qui était passée de l'un à l'autre en avait été imprégnée au point d'être elle-même comme un tableau ou une volée de notes. »

Une complicité va s'établir entre elles et même une certaine tendresse qui les fera se confier l'une à l'autre, leur secret….

Ce roman au ton intimiste parfois bouleversant mais restant pudique, m'a fait découvrir une région de la Chine et un pan d'histoire que j'ignorais tout en me rendant attachant les différents protagonistes. Les hommes sont aussi très présents mais pas toujours à leur avantage comme à travers ce que dit Weina à Xiao'e :
« « Quand il y a de la tendresse dans le regard d'une femme, d'où cela vient-il ? C'est toujours à cause de la flamme que lui manifeste un de ces salauds d'hommes ! Mais souviens-toi que tôt ou tard, cette flamme s'éteindra… Voilà pourquoi une femme intelligente ne doit pas se donner à un homme pour la vie. La femme est une rose, l'homme est l'abeille. Quand il a fini de butiner son pollen, qu'elle n'a plus d'attraits pour lui, il s'envole vers une autre rose. »
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Imaginons nous transportés à Harbin, au sein de la Chine contemporaine, chef -lieu d'une province de ce Grand Nord, son célébre parc de sculptures sur glace en plein hiver, ses tours et ses embouteillages et même son super - marché Carrefour , sa pollution ...une Chine marquée pourtant par le poids des traditions .
Deux femmes que tout semble opposer se rencontrent .
Elles apprendront à se connaitre , se découvrir , s'apprivoiser , s'apprécier ....
Xiao'e , modeste, pas laide ni particulièrement belle, la narratrice , nous conte les péripéties de son entrée dans la vie active...

Obligée de chercher un nouveau logis pour la 3éme fois , elle trouve une chambre chez Lena , vieille dame au mode de vie raffiné.
ELle a quitté la Russie après la révolution d'octobre , vivant seule , une des dernières descendantes d'immigrés juifs .....
Ancienne prof de musique elle prie matin et soir et joue du piano.

Pourquoi n'avait- elle pas connu l'amour , dotée d'une vie intérieure si riche?
Xiao'e correctrice dans un journal, peine à s'épanouir , à trouver sa voie, à naitre femme.
Le récit des ses rencontres l'oblige à dévoiler une partie de son enfance.
Une relation intime très personnelle se tisse alors entre ces deux êtres si dissemblables .

Elles partagent un lourd secret , un drame , un fardeau oú les fantômes côtoient les ombres et oú les morts reviennent vivants la nuit....oú les blessures et les traumatismes de l'enfance réapparaissent lors des récits entre ces deux solitudes blessées....


J'ai beaucoup aimé ce récit gracieux et tendre, à l'écriture nuancée et délicate oú l'émotion affleure , à la fois poétique, lumineux et mélancolique , désabusé parfois.

Bonsoir-la-rose alterne entre le doux, le questionnement des " esprits " , l'amer de la haine , les souvenirs douloureux , le traumatisme du " souffre douleur " pour Xiao' e qui doit faire son chemin seule dans la grande ville.
Une jolie histoire émouvante d'une infinie délicatesse .

" Je ne veux pas entendre la voix du temps, car pour moi le temps est une rivière à sec où plus rien ne coule . "
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Xiao, jeune chinoise matérialiste d'une ville du nord de la Mandchourie, raconte son entrée dans la vie active.
Son emploi, correctrice dans une agence de presse, n'est pas ce qui la préoccupe le plus, mais plutôt sa vie amoureuse et la quête d'un logement.
Le récit de ses rencontres l'oblige à dévoiler son passé et donc bien que Xiao soit matérialiste, elle est obligée de prêter aux morts des sentiments vivants.
Zijian Chi grâce à des digressions, de retours en arrière de la vie de Xiao, a écrit un roman intéressant et émouvant.
Zijian Chi montre la grande solidarité féminine qui permet à Xiao de survivre, et si dans un premier temps; les comportements des hommes de Xiao sont caricaturaux, leur personnalité prend du volume au cours du roman.
"Bonsoir la rose" fourmille de détails de la vie des habitants de Manchourie.
Bien amenée, la fin du roman est inattendue.
Merci Littlecat pour cette bonne idée.
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Xiao'e a eu une enfance difficile , dans la campagne de l'extrême nord est de la Chine. Son frère lui paye des études à Harbin où elle finit par trouver un poste de correctrice dans un journal. Cependant, elle a beaucoup de mal à se loger, face à l'inflation galopante des loyers. Sa collègue Weina la met en relation avec Lena , fille d'immigrés juifs russes. La jeune femme et la septuagénaire commence alors une cohabitation qui va les amener à se découvrir et à se confier.

Formidable découverte . Roman très fort, d'une densité impressionnante, tout en maitrise , finesse et sensibilité.
L'auteur est originaire de cette région mandchou et nous montre les deux facettes : la ruralité autour de Keshan, permettant ainsi un projecteur sur la maladie de Keshan : La vie à la campagne dans une Chine qui tombe la veste ouatée, les disparités . parallèlement, on plonge dans Harbin , célèbre pour ses hivers longs et rigoureux et ses magnifiques sculptures de glace. Là, on fait ses courses à Carrefour et se donne rendez vous à Pizza Hut.
Harbin, carrefour des cultures . Ville refuge des juifs de Russie lors de l'arrivée des rouges , ville annexée par les Japonais , ville où les saisons sont plus marquées qu'ailleurs.
L'auteur nous promène dans sa région et nous en montre différentes facettes , sans jamais s'éloigner de l'histoire. L'histoire de juifs russes est bien détaillée. Mais tout cela , c'est la face cachée de ce livre et de sa grande ouverture culturelle.
Car, avant tout, il y a l'histoire de ces deux femmes et même trois , si l'on ajoute Weina , symbole de la femme chinoise du XXI ème siècle.
Il y a Xiao'e , malheureuse en amour , au passé familial confus et triste à se pendre. Laide , au moins pas très belle , pauvre . Pourtant, l'espoir n'est pas loin, même si ses origines sont un frein à ses amours , traditions chinoises obligent.
Il y a Lena , sombre , énigmatique qui elle aussi semble recéler des secrets.Pieuse, elle semble encline à se livrer à la jeune Léna.

Formidable roman, concentrée de culture autour d'une histoire brillamment menée et joliment racontée, mélangeant les cultures dans une Chine oscillant entre tradition et modernité.
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Citations et extraits (71) Voir plus Ajouter une citation
Me regardant avec compassion, elle soupira : « Les belles fleurs ne durent pas longtemps… » Craignant de m’avoir attristée, elle me raconta comment, à vingt ans, elle était allée à Suzhou admirer les fleurs de prunier. « Au troisième mois, quand Harbin n’est encore que neige et glace, on sent déjà là-bas la caresse d’un vent printanier. » Quand Léna baignait dans cette mer de neige parfumée, il était justement tombé une averse de neige. Elle s’était dit que le Ciel trouvait les jardins en fleurs trop discrets ; il avait donc semé de grandes fleurs blanches à profusion. Parmi cette mer de fleurs, les plus éclatantes étaient les rouges, semblables à des lampions ; les plus raffinées étaient les violettes, semblables aux broderies sur les vestes des femmes ; mais les plus touchantes, c’étaient encore les blanches. Aux yeux de Léna, les fleurs de prunier blanches étaient les plus proches de l’âme.
Quand elle parlait des fleurs de prunier, je ne sais pourquoi, les yeux de Léna s’embuaient. Les histoires de fleurs dont parlent les femmes sont la plupart du temps teintées de nostalgie.
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Il travaillait au bureau principal, et un jour où nous étions allés admirer les lanternes de glace au parc Zhaolin, il rencontra un employé de son service qui le salua. Il se redressa avec morgue et grommela une vague réponse pour bien montrer que l'homme n'était qu'un subalterne. Je lui reprochai de manquer de cordialité envers un collègue, mais il me rétorqua qu'un service de l’État était un lieu où l'on formait des esclaves. Échelon après échelon, il était l'esclave de ses supérieurs, et ses inférieures devaient être ses esclaves, sinon il étoufferait.
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J'aime la neige, car sur Terre j'ai peu de vrais amis, et quand il neige, j'ai toute une bande d'amis qui tombent du ciel, sans hostilité, sans nuisance, sans moquerie. Ils m'embrassent, comme si la lumière du Paradis illuminait la poussière de la Terre, et mon cœur se réjouit, s'éclaire, se détend.
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Je crus que, décédés juste l'un après l'autre, ils avaient été enterrés ensemble, mais Deming secoua la tête.
- Mon père hait son propre père, il dit qu'il a entrainé sa belle fille dans la mort par égoïsme, en espérant qu'elle continuerait à s'occuper de lui dans l'autre monde. Il dit qu'il ne peut vraiment pas la laisser mourir de fatigue une deuxième fois.
page 50
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L'arôme puissant des lilas, telle une invisible aiguille d'argent, ouvre doucement les pores de votre peau obstrués pendant l'hiver et vous injecte la tiédeur printanière pour que votre corps tout entier se détende.
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