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Faisant une pause dans son travail d'essayiste féministe décortiquant les clichés et préoccupations sur ce thème, Mona Chollet propose une balade picturale et intellectuelle avec cet ouvrage, mi-essai, mi-collection d'art.

En effet, Mona Chollet partage sa passion, ou plutôt son obsession pour la collection d'images numériques, qu'elle classe dans des tableaux thématiques sur Pinterest, à la recherche de l'image singulière qui provoquera en elle un effet « Wahou ». Dit comme cela, c'est un peu plat et banal, mais l'intelligence aigue de l'autrice dépasse cette surface pour expliquer en quoi une image, que ce soit une peinture, un dessin ou une photographie, n'est jamais réellement inconnue à partir du moment où elle provoque des réminiscences du passé, et pose donc des questions judicieuses sur ce qu'est le beau, le pertinent, l'art, et comment appréhender celui-ci. Sur les biais aussi qu'on peut avoir, notamment sur la manière dont les Occidentaux ont photographié l'étranger, et la dose de condescendance qui allait avec. C'est bête à écrire, parce que j'en ai parcouru un paquet, d'expositions, mais c'est en lisant cet ouvrage que j'ai enfin compris ce que signifie être un collectionneur d'art : sélectionner avec passion (et souvent frénésie) des oeuvres selon un principe personnel, afin que chacune constitue un tout cohérent.

Cette occupation, qui lui permet également de s'évader des réseaux sociaux, pour se vider la tête et « se laver » les yeux, n'est pas qu'esthétique, puisque cette vision du monde, ou plutôt d'un monde sélectionné, est aussi à la base de son travail d'essayiste : les photos d'escaliers et d'intérieurs ont été une source pour « Chez soi, une odyssée de l'espace domestique », et a participé également a deux autres de ses essais, « Beauté fatale » et « Réinventer l'amour ».

Je ne suis pas férue d'ouvrages photographiques ni d'essais théoriques, et c'est grâce au nom de Mona Chollet que je suis venue à celui-ci. J'ai néanmoins beaucoup apprécié cet ouvrage, qui part de la description d'une occupation anodine et d'un ressenti personnel pour aboutir rapidement à un texte très intellectuel et sourcé, posant des questions vraiment judicieuses sur ce qui fait la valeur d'une image et le regard qu'on pose dessus. C‘est bien écrit, très intelligent tout en restant assez accessible. L'objet-livre est également réussi, avec ses couleurs bleutées, ses reproductions d'oeuvres d'art, et son beau papier épais et doux. C'est juste dommage qu'il ne soit pas satiné, parce que j'ai eu l'impression qu'il buvait les couleurs qui n'étaient pas assez éclatantes pour certaines oeuvres. J'ai regretté aussi que Mona Chollet ne mette ses images qu'en illustration de son propos, et qu'elle n'ait pas donné plus d'explications sur pourquoi une oeuvre ou un thème en particulier, bien que je suppose que cela aurait été aller trop dans le personnel.

En conclusion, un ouvrage « mini-musée » qui procure un beau voyage intellectuel, ce qui est déjà beaucoup.
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J'avais entendu parler de Mona Chollet par l'intermédiaire de quelques féministes patentées de mon entourage ;-). Et l'autre jour je tombe sur ce bouquin à la médiathèque de mon patelin. La 4ème de couverture m'intrigue un peu ... Allez, hop dans ma besace !
L'auteure (ou l'autrice si vous préférez), nous raconte ici sa passion pour les images et son appartenance à la communauté des collectionneur.se.s d'images numériques, sur Instagram, Flickr ou Pinterest.
Ce thème peut sembler assez restrictif et comme une niche, mais Mona Chollet en fait un sujet beaucoup plus universel. Car nous sommes tous touchés, troublés, attendris par des images, photos, peintures ou dessins ... Qu'elles soient personnelles, ou qu'elles viennent d'autres cultures que la notre, pour leur aspect symbolique ou simplement pour leur esthétique, leur beauté. Mona Chollet développe son propos autour du plaisir et de l'échange. Elle aborde ensuite le thème sous l'angle de la sociologie. Elle s'aventure vers l'autobiographie en nous contant quelques anecdotes de sa vie. Elle fait de l'introspection en nous expliquant l'étrangeté du projet qu'est ce livre. Bref, elle digresse. Mais elle n'oublie pas son thème de prédilection : le féminisme, un féminisme « qui relève plus du Judo que du karaté » (p.111) ; Ouf !
Ce livre est également un album d'images, dont certaines me touchent aussi. Mais décrire une image est un exercice particulier et complexe (plus facile pourtant que de décrire une musique). L'écriture étant formée de mots constitués de lettres qui sont elles-mêmes des images, voyez les lettrines et enluminures de livres anciens, comme elles sont aussi de belles images ...
Ce bouquin m'a enchanté, j'irai sans doute, un de ces quatre, voir du côté des « Sorcières » pour mieux connaître Mona Chollet ... Allez, salut.
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Lire le dernier essai de Mona Chollet, c'est plus que jamais retrouver une copine dont on se sent proche, une fille qui nous ressemble, nous comprend et nous éclaire sur ce que l'on est, ce que l'on cherche et ce que l'on cache... Bref, elle nous révèle à nous-même ! Vaste programme, me direz-vous, mais c'est vraiment ça !
Dans « D'images et d'eau fraîche », Mona Chollet avoue sa passion obsessionnelle pour les images de tous ordres (tableaux, photos, dessins) qu'elle va littéralement piquer un peu partout sur Internet pour nourrir sa collection personnelle stockée entre autres sur Pinterest. Pourquoi un tel désir de rassembler des images ? Eh bien simplement pour le plaisir de les contempler, de s'émerveiller, d'en admirer la beauté, source d'un bonheur sûr et toujours renouvelé qui lui fait « battre le coeur » à la façon des « Notes de chevet » de Sei Shônagon (textes incroyables d'une dame de compagnie de l'Impératrice dans le Japon du XIe siècle que je vous recommande chaudement!) D'où cette nécessité quasi vitale de « posséder » l'oeuvre d'une manière ou d'une autre, de l'avoir à soi, pour soi, sous le coude à tout moment. de la faire sienne parce qu'elle est « nous ». Dans ces moments de contemplation, l'essayiste dit ne plus chercher à s'instruire, à réfléchir en tant que sociologue. Elle s'adonne corps et âme à l'émotion, déserte le quotidien trop lugubre, fait un pas de côté, oublie momentanément l'actualité, souffle, s'aère, respire et jouit. La collection d'images est comme un abri, un refuge, un lieu douillet que l'on aimerait habiter, d'où notre intérêt (le mien en tout cas) pour les photos d'intérieur. Comme Barthes, devant certaines images, elle se sent (avec un peu de culpabilité) « sauvage, sans culture » : elle s'adonne au Beau et oublie momentanément son esprit critique, son regard de sociologue. S'opère comme une fusion entre l'image et elle qui annule donc toute distance critique.
Collectionner des images, c'est aussi une façon de dire qui l'on est à travers ce que l'on aime. Une collection d'images qui révèlent l'être intérieur : regardez et vous verrez qui je suis. Point n'est besoin de mots. Je suis l'« Ange oublieux » de Paul Klee, une enluminure germanique du XIXe siècle représentant l'Arche de Noé, une photo de Susan Sontag dans son bureau en 1968. Je suis Mona Chollet. Et vous qui êtes-vous ?
Un essai sensible, intelligent et très facile à lire. En plus, c'est aussi un livre d'art car l'autrice nous donne à voir une partie de sa précieuse collection à travers de magnifiques reproductions. J'ai vraiment adoré !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Mona Chollet sort de son terrain habituel d'étude pour offrir une réflexion sur un comportement, sorte de doudou qui lui procure joie et sérénité, sa collection d'images d'art dans la mémoire de son téléphone.

Les collections d'objets sont habituelles. Elles nous révèlent même s'ils sont cachés aux yeux des autres ou qu'ils sont exposés en vitrine ou même en vrac. Chaque objet raconte une histoire en rapport avec un passé. Avec notre téléphone, devenu une mémoire transportable, la galerie de photos s'affiche comme une réserve à souvenirs.

Pourtant, Mona Chollet choisi de nous parler des photos prises au cours d'une exposition, d'une visite, d'une rencontre avec une oeuvre ou lors une lecture, une photographie qui émeut, etc. Ces reproductions privées agissent pour tempérer une inquiétude, une désespérance, un énervement ou même un vide, en un mot pour donner du plaisir.

Ainsi Mona Chollet présente ses antidotes à la déprime accompagnée de citations de différents philosophes et penseurs qui ont cherché à comprendre notre rapport à ce type images.

À partir d'un beau papier cartonné, les oeuvres sont présentées. Beaucoup en relation de près ou plus lointaine avec l'enfance, mais aussi par rapport à ses préoccupations féministes ou d'autres plus politiques encore.

De cet inventaire, la personnalité de Mona Chollet se dégage, beaucoup plus que dans ses précédents essais. Alors son compte Pinterest, ou les autres, devient un journal sans mot, une biographie sans photo de famille et une confidence sans chuchotement.

Comme elle le souligne, les images de son téléphone sont autant d'images Panini lui rappelant son enfance. Les liens, même cachés, attachent au passé. Mona Chollet n'est pas collectionneuse d'art. Qu'importent les formats ! Qu'importe l'artiste ! Aucun intérêt de savoir sa côte, sa valeur. Ici, la possession n'est pas de cet ordre. Car, ici tout est image !

D'images et d'eau fraîche est un album pour adulte ! La qualité des reproductions y est aussi pour beaucoup. L'hétéroclite des oeuvres transmet du ressenti et de l'émotion qui apaise, conforte, adoucie et vivifie. Un beau livre, accessible, qui transforme son lecteur en humain émerveillé !
Lien : https://vagabondageautourdes..
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D'une passion coupable, si ce n'est secrète, de collections d'images numériques partagées sur des réseaux en ligne, Mona Chollet publie un essai jubilatoire. A l'instar de Sei Shônagon, Chollet se perd dans la contemplation d'images à la recherche de la beauté et la joie qu'elles procurent.
Dans ce très joli livre, elle partage avec son lecteur ses coups de coeur éclectiques, des tarots italiens du XVème siècle aux photographies de maisons-abris, en passant par les tableaux de William Blake ou encore de miniatures indiennes, tout est prétexte à émotions et à rebonds d'un siècle à l'autre, d'une technique à une autre. Entre érudition et simplicité, ce recueil nous invite aussi à voir un peu plus profond que la surface et à nous interroger sur les figures qui nous touchent.
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Mona Chollet est souvent associée à ses ouvrages "Sorcières" ou "Réinventer l'amour". Son dernier ouvrage passe un peu plus inaperçu. Elle ne propose pas une analyse sur la beauté, la vie à domicile ou l'amour. Cette fois-ci, elle parle de quelque chose de plus personnel et plus intime. Bien entendu, son oeil critique reste très présent. Cela fait partie de sa façon d'être et de concevoir le monde. Comme tout humain, elle est sensible aux images. Par conséquent, elle a créé un compte sur Pinterest, fait des dossiers thématiques et enregistre encore et encore des photos, des peintures, des dessins... Une forme d'addiction qui parle pour soi et qui parle de soi. Progressivement, elle dévoile les récits en dessous des représentations. Pourquoi certaines ont plus de valeur que d'autres en dehors d'un jugement personnel? le lecteur aussi apprend à voir autrement. On s'amuse de sa timidité et de sa maladresse. On admire la femme cultivée qui aime partagé. Elle se dévoile en affirmant son aspect intellectuel. Tout le monde ne lit pas les philosophes pour occuper son temps libre. Souvent, elle explique pour les néophytes lecteurs. Nous ne sommes pas tous brillant et ce n'est pas facile de se mettre à un niveau plus bas. Malgré ça cette distinction sociale, on se laisse porter par ces mots et des quelques images glissées ici et là. Elle partage ses convictions comme le féminisme. Les femmes courageuses, audacieuses, créatrices... ne manquent pas. Beaucoup d'entre elles ont été effacées, omises, oubliées... Sinon comment faire croire que se sont les hommes qui ont tout inventé et fait? On s'amuse de ces moments d'enthousiasme où l'on sent que les mots ont coulé de source. Impossible de rester impassible face à ces récits plaisants. Surtout que l'éditeur en a fait aussi un objet confortable de lecture. Les pages sont épaisses d'un blanc cassé et douces au touché. On voit des oeuvres de peintures bleus entre des thématiques. Un travail complémentaire qui rend le vocable plus intéressant et émouvant.
Lien : https://22h05ruedesdames.com..
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« Je suis bien consciente, d'ailleurs, du paradoxe et du défi, du pari forcément perdu d'avance qui sont au coeur de ce livre : j'essaie de mettre des mots sur une expérience qui consiste précisément à quitter le rivage des mots pour se livrer au pouvoir des images, aux sortilèges qu'elles seules peuvent exercer, à la jouissance qu'elles seules peuvent procurer. » Dans son dernier essai, Mona Chollet fait un pas de côté pour nous parler de sa passion pour les images. Elle les collectionne d'expositions en flâneries numériques sur Pinterest ou Tumblr. Internet ouvre d'infinies possibilités pour glaner des images et compléter des collections thématiques. Cela en devient vertigineux. Mona Chollet confesse un besoin de posséder les images (allant jusqu'à voler un livre de photos chez un ami) que je comprends et partage totalement en adepte de la capture d'écran si l'image ne peut se télécharger.

Sa collection d'images est finalement un miroir d'elle-même, un autoportrait fragmenté. Elle offre, à ceux qui partagent la même passion, une fenêtre ouverte sur sa sensibilité, ses goûts, son monde intérieur. Et elle se rend compte que les oeuvres qui l'enthousiasment le plus sont toutes liées à l'enfance.

S'entourer d'images (photos, estampes, peintures, dessins, portraits de personnes que l'on admire et auxquelles on peut s'identifier) est également un moyen de cultiver la beauté. Celle-ci peut être un abri, une consolation face à la dureté du monde. « La plongée dans les images d'art restaure mon rapport au monde abîmé par l'enchainement de l'actualité. »

« D'images et d'eau fraîche » est un essai captivant, inspirant, richement illustré. Collectionnant moi-même les images, je me suis très souvent retrouvée dans les propos de Mona Chollet et son essai m'a ouvert des pistes de réflexion sur ce besoin de m'entourer d'images.
Lien : https://plaisirsacultiver.com/
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Dans cet essai, Mona Chollet nous parle la relation que nous avons de nous-même avec l'image. Non pas celle que nous publions de nous sur les réseaux sociaux, mais celle que l'on choisit. Des images d'artistes, des photos d'anonymes ou des images d'autres époques et de pays différents, qui ont l'art de nous définir, de représenter quelque chose qui fait écho en nous plus que peuvent le faire des mots. Qu'elles soient numériques avec Pinterest ou papier en carte postale, poster, revue, etc. Elle partage sa passion de collectionner, ce sentiment fort de possession très bien décrit, et nous donne envie de prêter plus d'attention aux images que l'on aime à garder près de nous. le tout bien évidemment illustré par de belles images. Elle termine tout de même cet ouvrage en abordant un élément puissant à l'éducation féministe : l'importance de la représentation.

Un seul regret, une couverture loin de l'image et de l'éloge qu'elle y fait.
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Avec « D'images et d'eau fraîche », Mona Chollet nous révèle sa passion pour les images de tous ordres. A l'époque où le « selfie » est devenu une pratique courante et où beaucoup mettent en scène sur les réseaux un quotidien idéalisé rendu « instagrammable », l'écrivaine s'intéresse à un autre type de communauté : celle des internautes qui collectionnent les images, non pour s'exposer directement, mais pour partager leur sensibilité et leur monde intérieur à travers des compilations de photographies d'art, de tableaux, de dessins ... Elle nous fait part de son univers à travers une sélection d'oeuvres qu'elle a elle-même postées sur le réseau « Pinterest » et qui jalonnent ce joli livre-album.
Cet ouvrage est un essai qui interroge notre lien à l'image, mais surtout une balade éclectique au cours de laquelle nous retrouvons certaines des icônes qui ont marqué nos inconscients, et où nous goûtons à l'émotion d'en découvrir de nouvelles qui deviendront peut-être de futurs talismans. Pouvons-nous vivre d'images et d'eau fraîche ? Peut-être pas, mais Mona Chollet, délaissant dans ce dernier livre les problématiques de société auxquelles elle s'attelle habituellement, partage avec nous un plaisant stratagème qui rend la vie plus douce.
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Chercher le beau , immortaliser le beau et regarder encire et toujours ces images . Mona Chollet nous ouvre les yeux et nous incite à regarder autour de nous . A ce regarder également dans un rapport à soi qui nous empêche souvent de s'apprécier .
Ce livre est une ode au regard et nous dit de regarder davantage et peut-être mieux
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