Citations sur Radeau (33)
Pour vous Sarah, c'est quoi les choses qui comptent dans la vie ?
Elle le regarde... Elle dit c'est curieux comme question.
C'est curieux de dire dans la vie parce ce que je ne vois rien d'autre qui compte vraiment que la vie elle-même.
Elle dit qu'elle vient de marcher alentour, que c'est un beau pays, aux couleurs douces, aux pierres qui racontent. Que c'est un pays de poêtes.
Ou étiez-vous, lui demande Louis.
Elle hésite avant de dire : je ne sais pas très bien au juste. Quelques part ou tout était un peu sombre et entrelacé.
Louis a dit que c'est vrai, les rêves sont des lieux pour les entrelacements.
J'aime nos parts d'ombre, nos petits recoins d'homme et de femme. J'aime les vents qui se lèvent sans crier gare. J'aime le ciel clair, et j'aime savoir qu'il peut être changeant. Je mesure les incertitudes, je les goûte. C'est curieux comme malgré tout, dans ce tableau de vie ou rien ne semble promis, ou tout semble se refuser à trop de netteté, eh bien il y a là, posé au beau milieu, un gros caillou.
Moi aussi, j'ai besoin de me tenir aux aguets, être sûre que l'aube qui arrive me surprend à l'endroit même où je veux être vraiment, à côté de ceux que j'ai choisi pour de vrai.
Dans le silence de ces premiers kilomètres, il plane comme du bonheur à prendre, parmi les campagnes de coquelicots et de bleuets, arrosés par la lumière du matin. Ce sera une belle journée, chaude.
Elle se déchausse, pose ses pieds nus et orteils sur ses sandales. Louis se dit qu'on pourrait la trainer dans la boue, cette fille, sans lui ôter sa grâce.
« C’est une drôle de chose les musées. En fait, une sorte de trahison. Quand on pense à toutes ces œuvres façonnées dans la solitude, souvent créées dans le dénuement, sans souci les unes des autres, et qu’on retrouve là, les unes à côté des autres, accrochées dans ces salons d’apparat à haut plafond, au parquet bien lustré, les musées, ce devrait être les ateliers d’artistes, avec leur vraie lumière, avec les chiffons salis et les odeurs de vernis. Alors là. » (p. 53)
Il n'y aurait pas grand-chose à faire pour qu'elle glisse jusqu'a sa poitrine, qu'il enroule un bras autour d'elle. Ils s'endormiraient comme ça. Il semble à Louis qu'ainsi ils n'auraient vraiment plus besoin de parler, que tout serait dit.
Ses yeux ont étincelé.
Moi aussi, je transporte quelque chose de précieux.
Elle caresse son ventre doucement, avec ses deux mains.
Il n'y a qu'à vivre, passer par ces instants. Rencontrer une femme sur la route, lui donner un bout de pain, sentir sans savoir les méandres d'un destin, partager la nuit avec elle. Une nuit de guerre. Une nuit comme ça, entre un homme et une femme dans un camion, sur la banquette d'un camion, avec juste la promesse des heures sombres à traverser ensemble.