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Le Radeau est un récit fuyant comme le temps qui passe. Il raconte l'éphémère du lien qui relie les hommes en cette période de guerre, en 1940. L'écriture fait l'économie du superflu pour marquer la tension qui anime les corps et les esprits. Louis a des directives strictes pour parachever une livraison précieuse en lieu sûr afin de mettre hors de portée de l'ennemi des oeuvres monumentales provenant du musée du Louvre. Il ne doit pas s'arrêter et pourtant il recueille Sarah, une jeune femme qui chemine, désemparée. Ils échangent quelques mots mais avec parcimonie tant et si bien qu'ils se devinent plus par des attitudes que par l'effet du langage propre. Leur rapprochement n'a de réciprocité que l'urgence qui les pousse comme par un élan vital et par opposition à la menace qui pèse sur eux. C'est alors que l'équipée décide d'exposer dans un carré d'herbe, quelques tableaux dont le Radeau de la méduse de Géricault afin de les ventiler, tandis que plane un air de tragédie.
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Nous sommes à l'été 1940, c'est l'exode devant l'invasion allemande. En pleine débâcle, Louis, au volant d'un camion, fuit devant l'arrivée prochaine des Allemands, son camion roule pour passer au plus vite au sud de la Loire. Sa cargaison est précieuse.
De surprenants clandestins voyagent dans le ventre de ce camion : Ucello, Fra Angelico, Mantegna, Delacroix, le Caravage, Géricault...
En effet, Louis transporte des tableaux du Louvre qu'il faut absolument mettre à l'abri. Il s'agit de l'opération « Hirondelle ». Plusieurs camions sont ainsi partis de Paris, séparément, échelonnés, roulant vers la destination d'un château dans le Lot.
Nuit noire. Sur la route, Louis dépasse une femme qui marche pieds nus sur le bas-côté de la route, tenant ses chaussures à la main. Les consignes sont strictes, il ne doit pas s'arrêter. D'ailleurs, la femme ne fait aucun signe en sa direction. Et pourtant...
Elle s'appelle Sarah...
J'ai cru comprendre que Radeau était le premier roman publié par Antoine Choplin, auteur que j'aime beaucoup par sa douceur, sa pudeur, ses mots tout en retenue, pour dire parfois des choses graves, tristes, douloureuses, mais la joie aussi, éphémère parfois. Ici puisque c'est son premier roman il ouvre déjà le ton de cette manière merveilleuse.
J'aime la voix de cet auteur posée sur les existences de ses personnages qui se croisent, effleurant nos âmes par la même occasion...
La pudeur, les gestes retenus comme au bord d'un abîme, c'est ainsi que démarre la rencontre entre Louis et Sarah, une nuit, sur la route entre Saumur et Poitiers...
J'ai tourné les pages, je suis entré à mon tour dans l'histoire. Ne pas briser le silence entre eux, dans cet habitacle où s'engouffre la nuit, la route défile à la lisière des forêts.
Le visage de Sarah est triste, sa voix aussi, un peu à l'abandon, comme celle d'Antoine Choplin, elle lui ressemble comme une soeur... Ses yeux racontent autre chose, ce sont deux citadelles imprenables...
C'est une parenthèse, un temps suspendu au bord de l'enchantement, à l'intersection de deux routes, de deux vies, quelque part où tout est un peu sombre et peut-être déjà entrelacé.
Elle est secrète, esquive les questions de Louis...
Alors, ils parlent de peinture, d'art, de paysages et de lumière, comme pour retenir encore un peu la guerre là-bas au loin qui bruit, prête à dévaster l'aube qui arrive.
J'ai aimé les sentir être cueillis tous deux au matin par toute cette lumière qui venait sur les pages.
Radeau est un récit en trois temps, entre l'été 1940 et février 1944.
Mais ce roman est loin d'être seulement triste. Il y a des scènes de fraternité et de joie autour de ce fameux tableau de Géricault, le radeau de la Méduse, donnant son titre au récit, scène champêtre où des partisans déplient sur un jardin un peu sauvage au bord d'un vieux château presque à l'abandon la toile sortie de son cadre pour la faire respirer un peu... Magnifique instant bucolique, presque féérique, où chacun y va de son commentaire. Il y a même un résistant que l'on surnomme Michel-Ange...
On sent dans ces moments que le bonheur est fragile, ne tient qu'à un fil, mais on se réjouit de cette solidarité bonhomme qui lie, qui tisse des vies les unes aux autres. Antoine Choplin sait dire tout cela aussi avec justesse et le reste aussi qui viendra plus tard...
J'ai été touché par ce récit.
L'évocation des guerres passées me fait pleurer. Celles à venir tout autant. Comprenne qui pourra...
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Cela se passe en 1940 (l'exode) puis en 1943 (la résistance) une femme marche le long d'une route déserte, Louis au volant de son camion, transporte des tableaux sortis du Louvre, pour empêcher les allemands de faire main basse sur ces trésors. Il ne doit pas s'arrêter et pourtant …
Antoine Choplin compte son histoire avec beaucoup de délicatesse, de retenue, de pudeur, comme s' il ne voulait pas importuner ces personnages, il les observe, s'attache à des détails, avec une économie de mots comme si cette « bulle amoureuse » les protégeaient du danger potentiel.
Et puis, il y a ce fameux radeau, celui de Jéricho et le parallèle est tentant entre ces héros naufragés sur des routes dangereuses et la célèbre méduse prise dans les flots.
Ajoutez à cela une réflexion sur l'art, des personnages secondaires attachants et pittoresques et ce court roman sans en avoir l'air vous touche par sa justesse et sa sensibilité. Jolie découverte.

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Un camion s'éloigne de Paris, de nuit, sur une route déserte. A l'arrière, des chefs-d'oeuvre du Louvre que Louis est chargé de convoyer afin de les mettre à l'abris. La chaleur est à son comble en cet été 1940.
La consigne reçue est de rouler, sans s'arrêter. Mais lorsqu'une silhouette de femme marchant pieds nus apparaît dans la lueur des phares, Louis ne peur faire comme s'il ne l'avait pas vue. Il vient de faire la connaissance de Sarah.
Un dialogue à minima, ils s'apprivoisent peu à peu, du bout des lèvres, du bout du coeur.
Que ou qui fuit Sarah ?

Trois ans plus tard. Ailleurs. Toujours Louis et Sarah. Toujours la guerre. La violence qui surgit. le bonheur aussi.
Des tableaux étalés sur l'herbe du château leur servant de refuge.
Comme devant les oeuvres d'un musée, les hommes commentent et se posent des questions sur la peinture, sur le sens que l'artiste a voulu transmettre à son oeuvre et sur la façon dont on la regarde.

Ce roman, le premier écrit par Antoine Choplin est étrange et envoûtant.
Bien des questions demeurent sans réponse et c'est peut-être ce qui en fait le charme.
L'auteur s'attarde davantage que les non-dits et les perceptions que sur les faits réels.
Bien que l'écriture souvent sèche avec une économie de mots m'est dérangée pendant les trente premières pages, j'ai au final pris un grand plaisir sur ce « Radeau ».


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C'est un camion qui s'apprête à passer la Loire. En 1940. A son bord il y a Louis. Et une cargaison inestimable qu'il faut à tout prix protéger de la débâcle en cours. Il fait nuit. Dans la lumière des phares se dessine une silhouette. Celle d'une femme qui marche. Avec sa mission, Louis se dit qu'il ne peut pas s'arrêter. Respecter les consignes. Ne prendre aucun risque. Et pourtant il freine, se range sur le coté en laissant le moteur tourner. Attend la femme. Elle s'appelle Sarah et elle va prendre place coté passager. le début de leur histoire. le roman est très court et je n'ai pas envie d'en dire plus. Sachez juste que le texte se découpe en trois périodes bien distinctes : 1940 ; 1943 ; février 1944.

D'Antoine Choplin, j'avais adoré « La nuit tombée ». Je retrouve ici avec plaisir son écriture sèche, ses phrases courtes, ses ellipses et ses silences. Un enchaînement de petits riens, presque des paragraphes indépendants les uns des autres. Mais si la première partie, celle de la rencontre entre Louis et Sarah, est franchement réussie, je suis beaucoup plus mitigé concernant la seconde, à laquelle j'ai eu du mal à trouver un véritable intérêt, en dehors de la magnifique scène ayant inspiré la couverture de cette édition de poche. Quant à la dernière, qui ne fait que trois pages, elle est parfaite de concision et d'intensité.

Un roman un peu bancal, donc. Il n'empêche, la plume de cet auteur a quelque chose d'envoûtant. le coté elliptique fait que rien n'est donné au lecteur, les interprétations possibles sont nombreuses et j'aime ça. Au final, l'impression générale reste positive, c'est bien là le principal.

Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Si j'en crois vos critiques, ce roman de Antoine Choplin n'est pas le meilleur. C'est le premier que je lis et dont j'apprécie le style, à la fois sans fioritures et très descriptif. C'est une belle page d'histoire que celle-ci, et un hommage à la peinture. Alors maintenant, j'ai hâte de lire les autres, voilà!
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J'avais été emballée par le dernier roman d'Antoine Choplin: La nuit tombée, Radeau, lui, est un court roman se déroulant essentiellement pendant l'exode de 1940 et racontant la rencontre de Louis et Sarah .
Le contexte est assez original puisque Louis transporte des tableaux du Louvre pour les mettre à l'abri dont le fameux Radeau ...On parle d'ailleurs assez peu de ses tableaux , sauf pour leur faire "prendre l'air" ce qui parait une idée plutôt saugrenue mais qui m'a fait rêver : un déjeuner sur l'herbe au milieu des toiles !
C'est une histoire simple (trop peut-être) , on est d'emblée charmé par les différents personnages , mais même si c'est bien écrit , cela ressemble plutôt à un galop d'essai et sera, pour ma part, vite oublié
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Mon premier livre de cet auteur, qui se lit vite et dont j'ai bien aimé la première partie. Il y a des irrégularités dans le style d'écriture avec certains passages en style télégraphique et ça m'a gênée, je n'ai pas compris pourquoi.
Il y a une belle réflexion sur la peinture, à travers la rencontre de deux êtres cherchant un sens à leur vie, en ce temps de guerre.
Un beau sujet un peu trop suggéré, comme une ébauche à une réflexion plus large sur le sens de la vie, mis en exergue par la guerre sous jacente.
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Après mes coups de coeur pour le héron de Guernica et La nuit tombée, j'ai eu envie de remonter chercher une autre lecture parmi les titres plus anciens d'Antoine Choplin. Et c'est donc ce Radeau qui m'est tombé entre les mains, et non des mains, nuance…
Au volant d'un camion, un soir de 1940, Louis conduit vers le sud une précieuse cargaison qui doit échapper aux Allemands. Il a des consignes strictes, personne à bord, pourtant, il s'arrête à la vue d'une femme pieds nus au bord de la route. Leurs chemins vont se mêler un moment. C'est la plus belle partie du roman, une parenthèse en temps de guerre, un dialogue sur l'art en particulier, mais aussi sur la vie. Et puis il y a des silences, la peur, la solidarité… Ce n'est pas à raconter en détail, mais il faut se laisser porter par les mots, le rythme, les ellipses.
La deuxième partie en 1943 m'a un peu moins touchée, mais recèle de jolies trouvailles comme celle qui inspire la couverture de l'édition de poche, et son lot d'émotions. le style de l'auteur est déjà là, tout en finesse, simplicité et sincérité, et j'aime ça, c'est tout !
Lien : http://lettresexpres.wordpre..
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Beaucoup de poésie pour ce petit roman et un sujet pour le moins insolite, le transport et la mise à l'abri, pendant l'exode, des oeuvres d'art du Louvre !
En 1940, Louis, parmi d'autres, est chargé de ce transport délicat lorsqu'il rencontre Sarah : entre Sarah et Louis, c'est l'évidence d'un amour simple et lumineux. C'est aussi, pendant 4 ans, la guerre, ses dangers et ses drames.
J'ai bien aimé les personnages pittoresques, l'atmosphère paisible et trompeuse, et ce texte court et poétique qui préfigure le talent qu'Antoine Choplin déploiera plus tard pour « La nuit tombée »
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