Je poursuis mon approfondissement de l'oeuvre d'
Agatha Christie avec la toute première enquête de Miss Marple. Un peu plus, et elle aurait pu s'appeler Miss Marple entre en scène. Elle n'a pas encore paru dans le roman, que déjà, au presbytère, il est question d'elle. La vieille dame n'est pas montrée sur un jour très favorable par le pasteur et son épouse. "La plus mauvaise langue du village", "la plus dangereuse des deux", "Miss Marple voit toujours tout, "elle surveille son monde" sont les gentillesses dont elle est gratifiée, bien peu charitablement. Un peu comme Hercule Poirot, Miss Marple divise, inquiète. Il faut dire que le pasteur a la chance d'être son voisin direct, et que passer devant chez Miss Marple, c'est "longé [...] un champ de mines".
Pourquoi tant de méfiance ? Parce que ce pasteur, qui n'est autre que le narrateur du roman, a une faiblesse : son amour passionnée pour sa femme. Griselda, de vingt ans sa cadette, détonne au village, et il craint plus que tout non seulement les commentaires, qui pourraient être faits, mais surtout que sa femme ne soit tentée par un autre homme, plus jeune, plus beau, un homme qui serait très différent de lui. Il est touchant, car jamais il ne cherche à contraindre la fantasque personnalité de sa femme, jamais il ne se montre jaloux. Ses plus grands défauts sont sa naïveté et son honnêteté - vous reconnaîtrez qu'il y a pire.
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