Les Charron sont une famille limousine dans la France des années 1870. Jean et Marie, les parents, sont de simples fermiers. Mais la vie est rude et suite à plusieurs coups du sort, ils se retrouvent dans un quartier pauvre, cherchant tous les moyens de gagner leur vie. C'est par les yeux de Cathie que l'auteur nous fait découvrir une époque, une famille, une région.
C'est la vie de beaucoup de gens à l'époque, essayer de nourrir une famille, travailler dur, élever leurs enfants… J'ai beaucoup aimé suivre cette famille et cette Cathie, souvent rêveuse, qui se retrouve vite avec des responsabilités d'un autre âge. J'ai été étonnée de voir à quel point la religion comptait beaucoup en ces temps-là : s'il y avait des soucis de santé, c'était d'abord les prières aux saints et messes qui étaient d'abord demandés avant d'appeler un médecin. Ou de voir que la communication avec les enfants était quasi-absente : Cathie soupçonne les soucis de ses parents, découvre la naissance d'un frère ou soeur…
C'est vraiment les temps durs pour la famille Charron et le titre le pain noir représente bien la misère de l'époque. Je regrette de ne pas avoir plus de marquages temporelles, parfois l'âge des enfants est difficile à deviner surtout qu'ils ont dès le plus jeune âge, des tâches à accomplir. Je me suis attachée à cette Cathie (apparemment la grand-mère de l'auteur) et à sa famille, je poursuivrai cette saga familiale même si le premier tome finit assez tristement.
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G.E.Clancier nous a quittés en 2018, plus que centenaire. Originaire du Limousin, il a écrit une quadrilogie "Le Pain noir", dont nous ne parlons ici que du premier tome.
Dans ces campagnes de France, dans les années 1870, une famille de métayers très pauvres se trouve aux prises avec l'adversité sous toutes ses formes: abus des puissants, cynisme des filous, misère totale, maladie, accidents…..
Les parents ne savent pas lire, ils n'envoient pas les filles à l'école; s'il y a un malade, on appelle un rebouteux incapable, on adresse des prières à Saint Exupère, mais on n'appelle pas le médecin, et le mal progresse…..
Les naissances se succèdent, et l'on doit envoyer les "grands" faire office de serviteurs chez les riches dès qu'ils ont huit ans, car on ne peut pas nourrir toutes les bouches.
G.E.Clancier décrit cette vie misérable avec un réalisme touchant, et dans une langue parfaite, colorée, riche de mots oubliés, dont on prend du plaisir à décrypter le sens. Les jours de fête, par exemple, on fait des "dorées", sorte de galettes grillées odorantes et succulentes…..
Le livre est écrit au travers du regard d'une enfant, dont le fond est bon et généreux, et qui assiste à une succession de malheurs avec l'innocence et l'incompréhension liées à son âge. Et, en ville, elle voit de loin les maisons des riches, les manières de ceux-ci, leurs attelages et leurs habits recherchés.
Ce roman délicat décrit la misère d'un autre siècle. Mais, si elle a changé de visage (aujourd'hui les enfants vont à l'école, on appelle le médecin,....), la misère n'a pas disparu. Les pauvres restent résignés. Le pain n'est plus forcément noir, mais il y a encore du noir.
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