Quarante-six ans. Mes tempes sont grisonnantes. Sur Terre, je me demanderais si je dois ou non teindre mes cheveux. Ici, la question ne se pose pas.
Je suis trop âgée pour être enceinte. Je devrais en informer la petite fille qui grandit à l'intérieur de mon ventre.
L’adrénaline saturait mon organisme. Le monstre barrait toujours l’unique issue. Sa grosse tête sombre presque sphérique surmontait un corps supporté par huit tentacules striés de bandes noir et or. Au centre de sa face, deux entailles symétriques parallèles s’ouvraient de chaque côté d’un axe vertical invisible. Je remarquai entre ces cavités une étonnante structure lenticulaire carrée de dix centimètres de côté, une masse gélatineuse à facettes emplie d’un fluide noir et blanc… un « œil » grouillant d’activité.
Il y avait d’autres organes entre les deux fentes mais je n’eus pas le loisir de les étudier. La chose venait vers nous et je cédai à la panique malgré les déclarations rassurantes de ma fille. Les bruissements étaient dus à ses tentacules qui glissaient sur le sol et la plainte suraiguë émanait d’un petit orifice de la partie inférieure droite de sa tête.
La panique bloquait mes pensées et mon instinct de survie prit la relève. Le problème, c’était que nous n’avions nulle part où aller.
Ce matin, je me suis éveillée la première. Richard dormait près de moi et Simone dans son berceau de fabrication raméenne. Son avenir m'angoisse. (...)
Tu seras condamnée à vivre avec tes parents et leur ami Michaël O'Toole dans un refuge souterrain aménagé à l'intérieur d'un vaisseau spatiale extraterrestre démesuré. Tu auras pour seule compagnie trois adultes, les derniers membres d'une expédition envoyée un an plus tôt explorer ce monde cylindrique qu'est Rama.
Des myrmichats... voilà le nom qui leur convient le mieux.
Il avait dormi quatre heures et ne pouvait penser qu'à ces extraterrestres. Il leur cherchait une appellation appropriée et, après avoir rejeté fourmi-chat et chat-secte, il s'était souvenu que l'étude des fourmis s'appelait la myrmécologie.