Comment bien écouter ? Je me posai cette question hier, en apprenant que Rimski-Korsakov, dont Debussy idolâtrait la musique symphonique ainsi que le traité d’orchestration, avait sèchement éreinté, lorsqu’on le lui avait transmis, le Prélude à l’après-midi d’un faune, premier chef-d’oeuvre de Debussy, le jugeant nul, sans intérêt.
Un génie ne devrait-il pas percevoir le génie ? Entre frères d’exception, n’existe-t-il pas une reconnaissance immédiate ? Est-il possible que les musiciens se montrent sourds les uns aux autres ?
Écouter, c’est faire le vide de soi en soi. Écouter, ce n’est ni prévoir ni espérer, c’est accueillir. Écouter, c’est se livrer à ce qui advient. Il faut s’adonner à cette béance réceptive, cette disponibilité absolue.