Le difficile est de finir. C'est toujours la même chose, la mort ou la sage-femme. Il faut lire dans les deux directions à la fois.
Il ne faut pas comprendre ... Il faut perdre connaissance.
Ce n'est point le temps qui manque, c'est nous qui lui manquons.
Et qu’importe que tu me fasses mal pourvu que je sente
Que tu me serres et que je te sers.
MESA. Il n'y a pas moyen de vous donner mon âme, Ysé.
C'est pourquoi je me suis tourné d'un autre côté.
Et maintenant, pourquoi est-ce que vous venez me déranger ? pourquoi est-ce que vous venez me rechercher ? Cela est cruel.
Pourquoi est-ce que je vous ai rencontrée ? Et voici que, faisant attention à moi,
Vous tournez vers moi votre aimable visage. Il est trop tard !
Acte I
Adieu ! je t'ai vue pour la dernière fois!
Par quelles routes longues, pénibles,
Distants encore que ne cessant de peser
L'un sur l'autre, allons-nous
Mener nos âmes en travail ?
Souviens-toi, souviens-toi du signe !
Et le mien, ce n'est pas de vains cheveux dans la
tempête, et le petit mouchoir un moment,
Mais, tous voiles dissipés, moi-même, la forte
flamme fulminante, le grand mâle dans la gloire de Dieu,
L'homme dans la splendeur de l'août, l'Esprit
vainqueur dans la transfiguration de Midi !
Comment être de ton avis, tu ne cesses d'en changer.
Quand il me regarde d'une certaine façon, j'ai honte.
Quand il me regarde de ses grands yeux aux longs cils (il a des yeux de femme tout à fait),
De ses grands yeux glauques (on ne peut rien voir dans ses yeux),
Le coeur me tourne, ah, j'ai plutôt fait de lui laisser faire ce qu'il veut. J'ai essayé, je ne puis lui résister (elle rit silencieusement) pas.
MESA : Qu'est-ce que vous lisez là qui est défait et déplumé comme un livre d'amour ?
YSÉ : Un livre d'amour.
MESA : Page 250. Vous avez eu raison de l'éplucher de ses feuilles extérieures.
Le difficile est de finir, c'est toujours la même chose,
La mort ou la sage-femme.
YSÉ : C'est toujours trop long. Un écrit d'amour, cela devrait être si soudain
Qu'une fleur, par exemple, un parfum, vous voyez bien que l'on a tout eu, qu'on a tout, que l'on
aspire tout
D'un seul trait, que cela vous fit faire ah ! seulement ;
Un parfum si droit, si prompt que cela vous fit
Sourire seulement, un petit peu : ah ! et voilà que l'on est parti !
MESA : Ce n'est pas une fleur que l'on respire.
YSÉ : L'amour ? Nous parlions d'un livre. Mais l'amour même,
Ça, je ne sais ce que c'est.
MESA : Eh bien, ni moi non plus. Cependant je puis comprendre...
YSÉ : Il ne faut pas comprendre, mon pauvre monsieur !
Il faut perdre connaissance.
Vous me sembliez trop fort, trop assuré, agaçant.
Trop sûr de vous-même, un peu ridicule - la confiance qu'on sent que vous avez en vous - une espèce de confiance religieuse.
Moi, je veux que l'on ait besoin de moi ! Vous voyez que l'on peut se passer de vous, tout de même.