Un vacarme éclata soudain ; des pétarades, des klaxons, un fourmillement de bruit et de fureur et, surmontant la rumeur, un cri unique : "Jai Hind !"
- Minuit, cette fois, murmura Edwina en se levant. L'Inde est née [...] !
Quand nous sortions de prison après des mois de solitude, nous nous jetions dans l'amour à corps perdu... un tourbillon, une ivresse à n'en plus finir! Combien de passion naquirent ainsi, entre deux emprisonnements sur les chemins de marches militantes... Nous nous enlancions, comme si nous allions mourir le lendemain, nos nuits ressemblaient aux éclairs et nos jours à la mousson, le grand vent des coeurs nous ployait à sa guise, et nous oubliions tout, les luttes, la vérité, l'indépendance et meme l'inde ! Après la prison nous étions craquelés comme la terre avant la mousson, nous mouriions de soif, nous avions besoin d'eau, l'eau vive des étreintes et des baisers... La vie, ma chérie, la vie était si puissante !
Les grands envols des manteaux d'Arabie croisaient les uniformes austères des représentants soviétiques, les majestés frayaient avec les révolutionnaires, et les moines bouddhistes, en bures couleur prune , enroulés dans leurs écharpes jaunes , souriaient au matin clair, aux vautours, à la brume bleutée sur la ville.
Je ne veux ajouter une citation mais une critique, en fait. "Pour l'amour de l'Inde" commence de façon très historique et se poursuit de façon plus intime. Dans ce roman, l'amour consume à la fois ceux qui rêvent de construire un grand pays et ceux qui vivent l'aventure individuelle de la passion puis des liens profonds. Comme le dit Catherine Clément, les passages les plus beaux du livre ont des sources intimes. Ceux sont des extraits de lettres échangées par les principaux protagonistes. Merveilleux texte qui touche le plus profond de l'être.
Comme il semblait nonchalant, ses vetements flottaient autour de lui, il semblait glisser dans l'espace avec aisance
- [...] Mais, dites-moi, vous avez du voir des veuves ?
- Des veuves ? dit Edwina, surprise. Comment l'aurais-je su ? Je ne comprenais pas leur langue.
- Ce n'est pas difficile, elles portent des saris blancs.
- Et le deuil dure longtemps ?
- Toute leur vie, hélas ! murmura le vieil homme. Essayez de vous souvenir ...
- Je crois en effet avoir vu deux femmes en sari blanc. Une vieille et l'autre... Mais non, c'est impossible. L'autre n'avait pas quinze ans !
Gandhi soupira à fendre l'âme.
- Voilà ! C'est bien ce que je redoutais d'entendre ! Voyez-vous, Votre Excellence, c'est une affreuse coutume contre laquelle depuis des années je me bats : on marie des enfants, et si l'époux disparaît, la fille, si fraîche encore, portera toute sa vie le sari blanc et supportera le terrible fardeau du veuvage. Songez, pas de fêtes, pas de bijoux, pas d'épices, même pas de sel, une existence entière de malheur et de servitude...
La fanfare jouait des valses nostalgiques ; les invités indiens avaient enfin osé s'asseoir sur les sièges du jardin et grignotaient des sucreries en bavardant à voix basse, comme des enfants sages.
- Regardez-les, murmura Sarojini, les larmes aux yeux. Aucun n'était jamais entré ici. Et combien d'entre eux sortent de vos prisons ...
je n'ai pas de citation, mais il est dans le rayonnage des livres que j'aime et que je relirais, j'ai adoré