Cet ouvrage riche et bien illustré explique comment notre société prend en compte la biodiversité en ville. Il semble s'adresser aux professionnels de l'urbanisme, paysagistes, architectes,... conscients. Il les place au coeur des processus d'évolution souhaitables pour que des "villes durables" deviennent réalité. Éclairant les concepts et les enjeux, ponctués d'exemples concrets, les textes des différents auteurs présentent une situation en demi-teintes. L'État, les collectivités locales s'éveillent doucement à la thématique. Par exemple, on plante des arbres pour créer des zones où la température sera supportable lors des canicules. Des citoyens de plus en plus nombreux portent ou soutiennent des pratiques moins destructrices ou simplement plus attentives pour la biodiversité. Cependant, des aspects essentiels sont encore négligés comme le pointent nombre d'auteurs. Sans jamais dénoncer, sans velléités militantes, le langage scientifique neutre nous alarme sans fard sur le fait que notre société s'est vidée de son sens et de son essence en quelques décennies ; que des savoirs et savoir-faire se perdent voire ont été perdus ou encore que l'on ne se soucie pas assez de construire l'indépendance alimentaire des villes, qu'on dégrade durablement les sols,... En une phrase : Nous ne sommes pas prêts pour ce futur où les conséquences du réchauffement climatique seront encore plus marquées.
Loin de me plonger dans le désespoir, ces pages m'ont faite rêver avec notamment le projet de construction à Boulogne-Billancourt d'un groupe scolaire et gymnase ayant vocation à accueillir aussi diverses espèces sauvages (faune et flore).
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Pour être appréciés, les végétaux doivent être maintenus à une "juste place", une place qui leur est symboliquement attribuée. Les végétaux urbains ne doivent pas se développer et envahir l'espace habité. Ils ne doivent pas attirer d'insectes indésirables ou abriter des bêtes suspectes. Ils ne doivent pas salir ou endommager le bâti.
Ainsi, ces observations invitent à ne pas tenir pour acquis l'existence d'une demande de nature urbaine qui supporterait un accueil généreux et désintéressé à la part non humaine du vivant.
Nos sociétés se transforment vite, trop vite, sans forcément prendre la mesure de ce qu'elles perdent, laissant souvent des cultures et des traditions en jachère, abandonnant des savoirs et des savoir-faire de grande valeur. En un siècle, la société rurale actrice de sa vie, recomposée en société de consommation, aura renoncé à des pratiques que les conditions d'habitat modernes compromettent, tant l'habitat lui-même est étrangement réduit à ses fonctions triviales de logement.
Ce que Zygmunt Bauman nomme la "vie liquide", qui se développe avec la fluidification des circuits et un certain néonomadisme. De multiples maux assaillent également les sociétés urbaines, telles les exclusions, les pollutions de toutes sortes, contribuant à réduire l'humain à la condition d'errant ou de consommateur. Les activation des mobilités remettent en cause des organisations socio-spatiales héritées du passé.
Faut-il encore expliquer la chute vertigineuse de la biodiversité (126 espèces menacées d'extinction en France et 20% des plantes dans le monde, 50% des médicaments sont issus d'espèces en voie de disparition,
Délégué aux organisations privées de l'agroalimentaire plutôt qu'à la collectivité publique, notre ravitaillement échappe au débat politique. L'aménagement peine à s'emparer de cette question de la résilience vivrière alors que l'artificialisation des sols agricoles par les villes compromet l'activité et la mise en place de circuits courts à proximité des villes.