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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Rosemary est le troisième enfant de Joseph et Rose Kennedy (ils en ont eu huit). Comme ses grands frères, Joe et John, elle est née dans la maison familiale de Boston. C'est un bébé ravissant chez qui on décèle très vite un léger retard mental que ses parents tentent de combler pendant de nombreuses années.

Rosemary est confiée à des précepteurs, passe d'établissements scolaires en institutions spécialisés, mais, au fil du temps, est sujette à des crises de rage aggravées par ce changement constant d'environnement. La jeune fille qui est belle, aime sortir et a même été présentée au couple royal anglais, inquiète maintenant ses parents qui craignent un éventuel scandale.

Joseph Kennedy décide alors, sans consulter Rose, de faire pratiquer sur sa fille une opération très risquée. Le geste chirurgical, une lobotomie, est un échec total qui laisse Rosemary lourdement handicapée. Placée dans une institution, elle disparaît de la vie familiale et ce n'est qu'après la mort de Joseph que sa mère, ses frères et ses sœurs peuvent lui rendre visite.

Ce livre, écrit par une historienne qui a consulté de nombreuses archives des Kennedy, notamment celles récemment ouvertes, comme les lettres de Rosemary, est remarquable. Il montre une image peu répandue d'une famille brillante que le handicap a changée. Les Kennedy ont soutenu financièrement de nombreuses associations de handicapés et John, devenu président, a fait voter des lois importantes en leur faveur.

Même s'ils ont fait des erreurs, obsédés qu'ils étaient par la réussite de leurs enfants, Joseph et Rose, à leur manière, aimaient leur fille et voulaient son bien. Rosemary est morte en 2005, à l'âge de 86 ans, entourée de personnes qui prenaient soin d'elle depuis longtemps.
Ce récit de son histoire et de celle de sa mythique famille se lit d'une traite car il est passionnant.
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Rosemary Kennedy aura vécu 86 ans, de 1918 à 2005, mais il convient en fait de diviser cette plutôt longue existence en 2 parties bien distinctes : les 23 ans ans avant une lobotomie désastreuse et les 63 années restantes, comme invalide à la mobilité réduite et virtuellement abandonnée par les siens.

Je trouve que l'auteure, Kate Clifford Larson, cependant une historienne de renom, bien indulgente ét pour le père de la victime, Joseph Kennedy, qui a organisé cette intervention chirurgicale douteuse ét surtout pour l'honorable docteur Walter Freeman (1895-1972) qui a lobotomisé des milliers de personnes dont beaucoup ont souffert de l'une ou l'autre séquelle grave le restant de leurs jours, sans parler de ceux qui n'y ont pas survécu !

Je dois dire que je pense que le journaliste scientifique américain, Jack El-Hai, est à juste titre beaucoup moins indulgent pour ce toubib se prenant pour Dieu, mais qui n'était même pas chirurgien, et son ouvrage de 2005 sur Walter Freeman "The Lobotomist : A Maverick Medical Genius and His Tragic Quest to Rid the World of Mental Illness" ou l'histoire d'un génie médical franc-tireur et sa quête tragique de débarrasser le monde de maladie mentale, n'en laisse pas l'ombre de doute.
Que l'on ait laissé cet apprenti-sorcier agir à son aise pendant 3 bonnes décennies a de quoi être stupéfait, choqué et scandalisé. D'autant plus que de nombreux neurologues se sont toujours "catégoriquement opposés à cette technique".

La lobotomie, qui est actuellement interdite dans la plupart des pays, est une opération chirurgicale du cerveau  qui consiste à sectionner ou à altérer les tissus fibreux blancs reliant les lobes frontaux au reste du cerveau. Pour cette raison un autre nom pour cette opération est "leucotomie" de leukos, qui en grec ancien signifie blanc. C'est une méthode qui était utilisée pour toutes sortes de troubles mentaux, allant de schizophrénie paranoïaque en passant par des troubles obsessionnels compulsifs, des troubles bipolaires à de fréquentes migraines. La grosse majorité des lobotomisés, à peu près 80 %, étaient de sexe féminin. L'obligation d'assentiment préalable par la personne concernée, après information sur les risques potentiels de l'intervention, n'est venue que beaucoup plus tard. Aux États-Unis dans les années 1980 seulement.

La lobotomie était effectuée sous anesthésie locale, car le patient devait rester conscient de façon à permettre aux chirurgiens "de surveiller l'effet de chaque incision dans le cerveau". C'était une opération pénible et douloureuse, que l'auteure a cliniquement décrite dans son livre, mais que je vous épargne, parce que trop affreux.

À la 4e incision, Rosemary Kennedy, en novembre 1941, "devint incohérente et cessa lentement de parler" (page 219). Très vite, il s'avéra que sa lobotomie était un véritable désastre : elle ne pouvait plus ni marcher, ni parler.
Des années de rééducation et entraînement ne lui ont pas permis de recouvrir l'usage normal de ses membres.
L'intervention chirurgicale avait, en plus, effacé "des années de développement affectif, physique et intellectuel".
L'infirmière qui a été l'assistante à l'opération en a été tellement traumatisée qu'elle a dû changer de métier.

Joseph Kennedy Sr. (1888-1969), le père du Président John Fitzgerald assassiné en 1963 et du sénateur Bob assassiné 5 ans plus tard, s'était comme à son habitude bien renseigné sur les risques d'une lobotomie, même en mobilisant sa fille Kathleen (1920--1948), qui lui avait prévenu des résultats "vraiment insatisfaisants" et que les lobotomisés "n'existaient plus en tant qu'individus".
Après son rappel par le Président Franklin Delano Roosevelt comme ambassadeur en Angleterre, en octobre 1940, pour son attitude équivoque à l'égard d'Adolf Hitler, le père Kennedy avait transféré ses ambitions personnelles sur ses fils. Et c'est là que se situent les craintes qu'il a eu que Rosemary puisse compromettre ces ambitions par un acte insensé. Il voulait absolument croire Freeman qui lui avait assuré que la lobotomie "rendrait la jeune femme plus docile, moins sujette à des sautes d'humeur".

À part son père Joseph, qui payait royalement ses séjours et soins chez les soeurs de Saint-François-d'Assise dans le Wisconsin, elle n'a plus vu sa mère, ni ses frères et soeurs. le sujet Rosemary était tabou chez les Kennedy. Envers son épouse Rose, Joseph adoptait un optimisme de façade en lui disant qu'elle allait "très bien" (page 225).

Mary Clifford Larson dans son ouvrage nous raconte aussi plein de faits sur la famille Kennedy, que je ne résume pas ici, ayant préféré me concentrer sur Rosemary et cette horrible lobotomie.

Étrangement, en lisant l'affligeante mésaventure de Rosemary Kennedy, j'ai été envahi par le même double sentiment de déception fondamentale et colère comme lorsque j'ai lu, il y a 2 ans, l'excellent ouvrage d'Anne Delbée "Une femme" sur le sort épouvantable réservé à la grande Camille Claudel. En somme, pas si étrange que ça, vu d'une certaine perspective... familiale ! Voire mon billet du 19 mai 2017.
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Lors d'un accouchement, quelques minutes d'indécision provoquant un manque d'oxygène peuvent gravement compromettre l'avenir du nouveau-né. C'est ce qui est malheureusement arrivé à la soeur aînée de John et Bobby Kennedy à sa naissance : enfant un peu "en retard" dans une famille où l'excellence et l'esprit de compétition étaient la règle, ses parents finirent par l'éloigner des siens, renonçant à une hypothétique "guérison".

Pire, l'ambition dévorante du patriarche Joseph le conduisit à prendre une décision tragique : faire lobotomiser Rosemary afin qu'elle cesse d'être une menace pour la carrière politique de ses frères. Histoire profondément triste du sacrifice d'une jeune fille vulnérable, cet ouvrage révèle une face soigneusement dissimulée de la célèbre famille Kennedy.
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"Poignant" et "bouleversant" sont les termes qui me viennent après la lecture de ce livre.

"Incompréhension" aussi, car comment comprendre qu'on puisse faire subir une lobotomie à son propre enfant parce qu'il est plus lent, différent des autres, et qu'il ne correspond pas à ses exigences?

Même si l'on doit se garder de juger, que l'on doit prendre en compte l'époque et les mentalités dans lesquelles évoluait cette richissime famille aux ambitions politiques démesurées, sans oublier l'état d'avancement des connaissances et techniques scientifiques de l'époque, on réalise vite -à la lecture du tragique livre de Kate Clifford Larson-, que la décision de pratiquer la lobotomie de Rosemary a été prise sur un coup de tête de Joseph Kennedy pour "classer l'affaire et qu'ainsi, il n'y aurait plus de problème" (page 192).

Les traitements et soins apportés à Rosemary ont toujours été décalé par rapport à son état. En effet, refusant d'admettre son retard manifeste, Rose (sa mère) continue de l'inscrire dans des établissements scolaires d'un niveau qu'elle ne peut suivre (sa mère tient à ce qu'elle soit traitée comme les autres enfants) ; puis handicapée, à la suite de sa lobotomie, on la place dans des structures pour personnes retardées alors que son état nécessite des aides bien plus lourdes.

La chape de silence qui entoure l'état de Rosemary pèse lourdement sur toute la famille, qui n'ose pas poser de questions. Joe Jr écrira d'ailleurs à son père : "Le pouvoir du silence est grand" (page 217). Ted , le plus jeune, craindra pendant une bonne partie de son enfance, de "disparaitre" comme sa soeur s'il ne faisait pas tout ce que ses parents exigeaient de lui, tant un mystère planait autour de ce qui était arrivé à sa soeur Rosemary.

Rosemary, que l'on admire sur les photos de famille jusqu'en 1940 , n'est -en réalité- pas un personnage périphérique et secondaire dans les destins ambitionnés des garçons Kennedy.
L'auteur démontrera à quel point elle a été au coeur même des décisions les plus importantes prises par ses frères et soeurs. Comment elle a influencé les lois votées aux USA, lois qui changèrent le destins de nombreuses personnes et familles touchées elles aussi par des maladies mentales. Et enfin comment ces lois contribuèrent à changer le regard des autres sur ces mêmes personnes.

Une biographie qui se lit comme un roman dont la fin tragique émeut fortement par son injustice.
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Il s'agit de l'histoire vraie de la petite soeur de JFK. Rosemary est attardée mentale, dans une grande famille où tous sont brillants, ambitieux et réussissent.
Avec ce récit, on comprend beaucoup mieux la façon de procéder des parents Kennedy, Joseph et Rose, leur volonté absolue de faire partie de l'élite par tous les moyens.
Rosemary faisait « tâche » parmi les autres et il fallait surtout qu'elle demeure cachée. Une tare pour le clan Kennedy !

« Il ( Joseph ) avait souffert d'être rejeté en raison de ses origines irlandaises et catholiques et s'était promis de ne plus jamais être condamné à être un outsider, ni lui, ni aucun de ses enfants. Il passerait sa vie à les éduquer et à les préparer pour qu'ils soient admis dans les sanctuaires les plus élitistes. Il ne pouvait prendre le risque d'en voir un seul échouer. »

Dans ce récit, on comprend aussi beaucoup mieux le traitement (ou l'absence de traitement) du retard mental dans les années 1930 aux USA :
« A l'époque, on distinguait mal entre handicap mental et maladie mentale. A la place, on classait les gens en trois catégories, selon leur degré d'arriération mentale : les « idiots » dont les capacités n'excédaient pas celles d'un enfant de deux ans, les « imbéciles » qui avaient celles d'un enfant entre trois et huit ans, et les « débiles », celles d'un enfant entre huit et douze ans.

Les parents Kennedy sacrifieront tout à l'image qu'ils souhaitent offrir au monde. Et Joseph Kennedy ira même jusqu'à faire lobotomiser sa fille, dans un espoir fou de la rendre semblable aux membres du Clan.
Rosemary ou une vie détruite par la folie de ses parents.

Un récit passionnant, clair et précis, très bien documenté par l'auteure. J'ai adoré !
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Les biographes ont énormément écrit sur la famille Kennedy, en éclipsant de l'arbre généalogique Rosemary, soeur cadette du futur président John Fitzgerald Kennedy. Née avec un léger handicap mental, elle a toujours été tenue en retrait et a souvent fait montre d'un esprit rebelle, avec des sautes d'humeur qui ne plaisaient pas au patriarche de la tribu. Pour Joe Kennedy, la famille devait incarner le rêve américain : celui de la réussite sociale, liée à l'argent et au pouvoir. Diplômée comme éducatrice auxiliaire, la jeune femme n'est jamais parvenue à s'intégrer. Toujours à la recherche de méthodes pour la guérir, son père a fini par baisser les bras face à l'insuccès de diverses thérapies et, effrayé par ses crises d'humeur de plus en plus fréquentes, il s'est résolu à la faire lobotomiser. L'opération a viré au fiasco et Rosemary en est sortie gravement diminuée. Pour ne plus l'exposer au regard des proches, il a décidé de la faire interner, afin de l'effacer purement et simplement de la sphère familiale. Plus tard, il a été relaté que même ses soeurs et frères ne savaient pas où elle résidait. Kate Clifford Larson montre de manière clinique de quelle façon une grande famille bourgeoise a choisi in fine la pire des options pour l'une des leurs, afin que le problème qu'elle représentait n'entache pas la réputation du clan.
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