Citations sur Les Borgia (8)
- un prince, et surtout un nouveau prince, ne peut se plier aux règles et conventions qui font passer les hommes pour bons, car pour maintenir son état,
il lui faut sans cesse agir contre sa parole,
contre la charité, contre l, humanité, contre la religion.
il doit être prêt à changer de comportement suivant les vent de la fortune et la variation des choses.
en somme ne pas s, écarter du bien, s, il le peut, mais savoir entré dans le mal en cas de nécessité.
page 308 Exécution de Ramiro de Lorca
[...] Le 22 décembre, à Cesena, on danse pour le départ des Français et on fête un événement inattendu, l'arrestation du cruel Ramiro de Lorca : elle survient à son retour de Pesaro où il était allé en mission officielle pour se procurer du grain. Après trois jours de prison, il est condamné à mort pour avoir commis des malversations - il aurait exporté hors du pays de grandes quantités de ce blé qu'il devait ramener. Mais la faute qui lui vaut la peine capitale est qu'il a trahi et s'est entendu avec les condottières pour attirer César dans un piège. Le 26 décembre, au petit matin, les Cesenautes découvrent, sur la place de la forteresse, posé sur une claie, son corps décapité revêtu de ses riches vêtements, enveloppé dans un manteau pourpre et les mains gantées. Sur une pique près du corps est empalée sa tête à la barbe noire. On a laissé à côté du cadavre le billot ensanglanté et le couperet du bourreau. [...]
"Les gens me disent à la fois votre père et votre amant ? Laissez, Lucrèce, laissez le monde, laissez cet amas de vermisseaux ridicules autant que débiles imaginer sur les âmes fortes les contes les plus absurdes ! … Sachez désormais que, pour ces sortes de personnes que la destinée appelle à dominer sur les autres, les règles ordinaires de la vie se renversent et le devoir devient tout différent. Le bien, le mal, se transportent ailleurs, plus haut, dans un autre milieu… La grande loi du monde, ce n'est pas de faire ceci ou cela, d'éviter ce point ou de courir à tel autre ; c'est de vivre, de grandir et de développer ce qu'on a en soi de plus énergique et de plus grand, de telle sorte que d'une sphère quelconque, on sache toujours s'efforcer de passer dans une plus large, plus aérée, plus haute. Ne l'oubliez pas. Marchez droit devant vous. Ne faites que ce qui vous plaît, en tant que cela vous sert. Abandonnez aux petits esprits, à la plèbe des subordonnées, les langueurs et les scrupules. Il n'est qu'un considération digne de vous ; c'est l'élévation de la maison Borgia, c'est votre élévation à vous-même."
Rodrigue Borgia (Alexandre VI) à Lucrèce Borgia
"Scènes historiques de la Renaissance" de Arthur de Gobineau
Rien ne semble tout d'abord annoncer un quelconque conflit entre les deux hommes. César est confiant dans les promesses du pape [Jules II]. Il croit, note Machiavel, très étonné, "que la parole d'autrui sera mieux tenue que la sienne propre".
Les cardinaux entrent en conclave.Le matin de ce jour ,les électeurs et leurs conclavistes gravissent processionnellement les degrés de Saint Pierre lorsqu'un étrange phénomène se produit:les Romains voient apparaître ,du côté de l'Orient ,trois soleils semblables.On ne manque pas d'interpréter ce rare accident de réfraction comme l'annonce d'un règne qui maîtrisera parfaitement les trois pouvoirs ,temporel,spirituel et céleste du pontificat romain.
Le nouveau pape, Innocent VIII, présente beaucoup de traits semblables à ceux du cardinal Borgia : il a son âge - cinquante-deux ans - et, comme lui, vit entouré de ses enfants naturels. La rumeur publique lui en attribue une douzaine, mais il n'en a reconnu que deux.
Il est convenu que l'on comptera le lendemain la dot de Lucrèce, soit 100 000 ducats d'or. L'an 1502 commence effectivement par le dénombrement des piles de pièces d'or à l'intérieur du Vatican , pendant que sur la place Saint-Pierre se poursuit la fête populaire.[...] Pendant ce temps, dans une chambre retirée du Vatican, les représentants de Ferrare et du pontife continuent de compter les pièces de la dot ; le 2 janvier, ils n'en sont encore qu'à 25 000 ducats : ils ont décelé de nombreuses pièces rognées qu'ils font remplacer. Le 4, ils comptent encore et finalement, le 5, don Ferrante prend le monceau de ducats restant, en se réservant la possibilité d'effectuer un contrôle ultérieur à Ferrare.
[...] le pontife et d'éminents prélats s'amusent à bombarder les dames de dragées, de sorte que les friandises s'égarent dans les décolletés féminins.