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EAN : 9782213019918
522 pages
Fayard (12/05/1987)
3.91/5   29 notes
Résumé :
4° de couverture :
(Edition source : Fayard, Grande biographie - 04/1987)


Exaltés par Machiavel mais stigmatisés par des générations d'écrivains les Borgia incarnent par excellence l'époque brillante de la Renaissance Issus du royaume de Valence, peuplé de Maures et de Juifs à demi convertis ils trouvent leur chance dans les cours luxueuses des plus grands souverains. Le pape Alexandre VI, qui achète son élection à grand prix, peuple le... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Que sait-on vraiment des Borgia ? Une fois écarté le voile sombre que la légende noire a tissé autour d’eux, une fois démystifiés et dépoussiérés ces grands monstres sacrés de la Renaissance italienne, que connait-on du pape Alexandre IV, de Lucrèce Borgia et du fougueux César ? Pas grand-chose à vrai dire : quelques noms, quelques actions d’éclat et beaucoup de calomnies. Le volumineux ouvrage d’Ivan Cloulas, « Les Borgia », n’est donc pas un luxe inutile pour qui voudrait approfondir un peu l’histoire sulfureuse d’une des plus brillantes et des plus redoutées familles du Vatican. Encore faut-il trouver le temps de s’y plonger, car ce n’est pas un petit morceau que « Les Borgia » de Cloulas, oh non ! Complexe, fourmillant de noms, de dates et d’événements, écrit dans un style assez abrupte, il fait partie de ces livres qui demandent à leurs lecteurs beaucoup d’attention et d’investissement et encore – si vous êtes une tête de linotte comme moi – n’en retiendrez-vous qu’une partie.

Malgré sa relative sécheresse et une approche qui aurait mérité d’être un peu plus analytique, « Les Borgia » reste un ouvrage très recommandable. Il a le mérite de sortir de l’ombre trois figures fascinantes, parmi les plus admirables de leur temps. Le premier et non le moindre est Rodrigue Borgia, le futur pape Alexandre IV, ecclésiastique aux mœurs discutables (mais, honnêtement, ceux de ses contemporains ne sont guère plus brillants…) mais au génie politique et diplomatique indéniable. Le plus grand vice que l’on puisse reprocher à ce rusé homme d’état est d’avoir, non pas assassiné à tour de bras ses ennemis comme le lui reproche la légende noire, mais toujours privilégié le pouvoir temporel au pouvoir spirituel et, surtout, d’avoir fait passer le bien-être et l’avenir de ses enfants avant ses devoirs de pape.

Celui qui a le plus profité de ces largesses est assurément le fameux César Borgia – mon petit préféré ! Véritable « magnificent bastard » shakespearien, le Prince n’a pas volé la place d’honneur qu’il conserve dans l’imaginaire de la Renaissance : tour à tour politicien, ecclésiastique, diplomate, chef de guerre, mécène généreux, excellent administrateur, il fascine par sa personnalité complexe et volontaire. Dommage que Cloulas néglige un peu l’approche psychologique de ses personnages : j’aurais apprécié une analyse plus en profondeur de ce caractère subtil, mélange de rouerie et d’audace, de férocité et de charme, dont les contrastes restent un mystère aux yeux du lecteur contemporain. A côté de ces deux figures charismatiques, la frêle Lucrèce fait pâle figure mais attire davantage la sympathie. Loin du personnage de l’empoisonneuse impitoyable dressé par Victor Hugo, on découvre l’image d’une femme sensible, intelligente, brillante même, mais davantage jouet que joueuse entre les mains d’un père et d’un frère, certes aimants, mais surtout dévorés par l’ambition.

« Les Borgia » de Cloulas a également le mérite de tordre le cou à quelques mythes trop souvent propagés au sein du grand public. D’abord celui du Poison des Borgia si redouté par leur contemporains et source de tant de rumeurs délirantes. Soyons clair, au XVe siècle, le poison est une arme très douteuse qui n’agit efficacement qu’une fois sur six. Vous voulez trucider votre prochain ? Privilégiez un bon coup de couteau ou une corde bien solide ; César Borgia, lui, ne s’en est pas privé ! Autre sordide calomnie ayant la vie dure et dont la présence ne cesse de m’agacer dans la séries télévisées récentes : les rumeurs – totalement injustifiées – d’inceste entre Rodrigue Borgia et sa fille, César et sa sœur, voire – soyons fous ! – tous les trois ensemble. Franchement, avec les meurtres (plus ou moins prouvés) d’un frère et d’un beau-frère sur les bras, vous pensez vraiment que César a besoin de cela pour alourdir son curriculum vitae ?

En conclusion, un ouvrage difficile d’accès mais intéressant et très complet. Malgré ce que j’ai dit plus haut, je ne crache pas non plus sur les récentes séries américaines, très fantaisistes mais qui ont le mérite de donner aux Borgia l’épaisseur humaine que le livre de Cloulas échoue un peu à transmettre.
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on croyait tout connaitre des Borgia qui de Victor Hugo a Alexandre Dumas ont inspiré pas mal d écrivains. Yvan cloulas
nous fait découvrir leurs histoires fertile en rebondissements et en coups de théâtre. du pape Alexandre vl qui achète son élection, peuple le Vatican de cardinals immoraux, de courtisanes et d,
enfants naturels. de l, inquiétant César tout à la fois mécène, et assassins, couchant avec des femmes ou des hommes suivant ses intérêts.de l, habille
évêque Alonso, de saint François petit fils du pape, et de la belle lucrese mariée a un homme plus vieux quelle, et qui aurait été plus un jouet entre les mains de son frère et de son père.
mais a travers eux, nous assistons aussi au grand bouleversement de la fin du moyen âge, et a la révolution des moeurs et des mentalités qui vont donné naissance aux temps modernes.
mais leurs histoires nous concerne tous,
la liberté des moeurs, la froide cruauté et la violence aveugle sont aujourd'hui de même actualité qu'à l, époque des Borgia.
et le miroir que nous tendons vers eux nous renvoie notre image.
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Cet essai d'Ivan Cloulas porte sur les Borgia, famille espagnole puis italienne des XV-XVIe siècles, synonyme aujourd'hui de dépravations, luxure et meurtres.

Ivan Cloulas s'intéresse principalement aux 5 membres les plus notables de cette famille. En premier lieu, Alonso, archevêque de Valence, qui prend les bonnes décisions pour sa carrière pendant le Grand Schisme d'Occident (élection jusqu'à 3 papes concurrents en même temps) et termine sa vie en étant élu lui-même pape sous le nom de Calixte III.
Ensuite, il s'attaque au cas de Rodrigo Borgia, neveu du précédent, qui, même devenu cardinal, mena une vie dissolue, et eut plusieurs enfants de nombreuses maîtresses. Élu également pape sous le nom d'Alexandre VI en 1492, sexagénaire, il n'en continua pas moins sa vie dépravée. Adepte du népotisme, il s'occupa surtout à bâtir pour son fils, César, une principauté sur le sol italien, faisant et défaisant des alliances avec les puissances italiennes voisines (Naples, Milan, Florence, la Romagne…) et étrangères (France, Espagne).
César Borgia, fils du pape Alexandre VI qui le nomma archevêque de Valence à 16 ans, est célèbre pour le portrait qu'en fit Machiavel dans son oeuvre "Le Prince". Modèle du tyran qui ne recule devant rien pour atteindre ses objectifs (entre autres crimes, il est accusé d'avoir fait assassiner à 22 ans son frère cadet Giovanni, et d'avoir eu une relation incestueuse avec sa soeur Lucrèce), aidé par son père, il prend la tête d'une armée de mercenaires et de condottieri pour se bâtir un territoire en Italie. Mais son étoile pâlit dès le décès de son père auquel il ne survit que 3 ans et demi.
Ivan Cloulas réhabilite Lucrèce Borgia en s'éloignant de sa légende noire "hugolienne" d'empoisonneuse et en n'en faisant qu'un instrument utile à la politique menée par son père et son frère : elle dut se marier 3 fois ; le 1er mariage fut annulé par son pape de père à cause d'un changement d'alliances, tandis que le 2e prit fin brutalement au bout de 2 ans par son frère qui fit assassiner son mari.
Enfin, le dernier personnage important de cette famille fut François Borgia, arrière-petit-fils d'Alexandre VI. Très différent de tous ses aïeux, il mit tellement à profit sa vie ecclésiastique pour faire le bien qu'il fut canonisé un siècle après sa mort. Proche à la fois d'Ignace de Loyola et de l'empereur Charles Quint, il participa grandement à l'expansion de l'ordre des jésuites malgré les entraves de l'Inquisition.

Bien que très intéressant, j'ai eu énormément de mal à lire et à achever l'ouvrage d'Ivan Cloulas à cause du très grand nombre de personnes citées et de la difficulté à se souvenir des degrés de parenté entre elles, sachant que même les religieux ont des enfants, des maîtresses et des bâtards ! Et on ne peut pas dire que le style, fourmillant de détails certes, mais très académique, aide la lecture. On est très loin, ici, des "Mémoires de guerre" de Winston Churchill que j'ai lu récemment.
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Passionnant. Ne vous laissez pas décourager par le nombre élevé de détails. Une écriture cinématographique et un vrai plongeon dans une certaine histoire secrète De La Renaissance.
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Il y a peu de noms dans l'histoire qui s'entourent d'une telle double aura de gloire ,de puissance, mais aussi de violence et de corruption. Cette dynastie partie de peu est emblématique d'une époque avec son goût du faste qui nous a laissé des chefs d'oeuvre et son appétit effréné de pouvoir et de richesse . Alexandre VI , César, Lucrèce sont de fabuleux personnages romanesques et la littérature a largement puisé dans leur histoire ( et de nos jours les séries de plus ou moins bonne qualité) . Ce livre agréable à lire permet de goûter au plaisir de l'aventure avec , en plus , une solide armature historique.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
"Les gens me disent à la fois votre père et votre amant ? Laissez, Lucrèce, laissez le monde, laissez cet amas de vermisseaux ridicules autant que débiles imaginer sur les âmes fortes les contes les plus absurdes ! … Sachez désormais que, pour ces sortes de personnes que la destinée appelle à dominer sur les autres, les règles ordinaires de la vie se renversent et le devoir devient tout différent. Le bien, le mal, se transportent ailleurs, plus haut, dans un autre milieu… La grande loi du monde, ce n'est pas de faire ceci ou cela, d'éviter ce point ou de courir à tel autre ; c'est de vivre, de grandir et de développer ce qu'on a en soi de plus énergique et de plus grand, de telle sorte que d'une sphère quelconque, on sache toujours s'efforcer de passer dans une plus large, plus aérée, plus haute. Ne l'oubliez pas. Marchez droit devant vous. Ne faites que ce qui vous plaît, en tant que cela vous sert. Abandonnez aux petits esprits, à la plèbe des subordonnées, les langueurs et les scrupules. Il n'est qu'un considération digne de vous ; c'est l'élévation de la maison Borgia, c'est votre élévation à vous-même."

Rodrigue Borgia (Alexandre VI) à Lucrèce Borgia
"Scènes historiques de la Renaissance" de Arthur de Gobineau
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page 308 Exécution de Ramiro de Lorca
[...] Le 22 décembre, à Cesena, on danse pour le départ des Français et on fête un événement inattendu, l'arrestation du cruel Ramiro de Lorca : elle survient à son retour de Pesaro où il était allé en mission officielle pour se procurer du grain. Après trois jours de prison, il est condamné à mort pour avoir commis des malversations - il aurait exporté hors du pays de grandes quantités de ce blé qu'il devait ramener. Mais la faute qui lui vaut la peine capitale est qu'il a trahi et s'est entendu avec les condottières pour attirer César dans un piège. Le 26 décembre, au petit matin, les Cesenautes découvrent, sur la place de la forteresse, posé sur une claie, son corps décapité revêtu de ses riches vêtements, enveloppé dans un manteau pourpre et les mains gantées. Sur une pique près du corps est empalée sa tête à la barbe noire. On a laissé à côté du cadavre le billot ensanglanté et le couperet du bourreau. [...]
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- un prince, et surtout un nouveau prince, ne peut se plier aux règles et conventions qui font passer les hommes pour bons, car pour maintenir son état,
il lui faut sans cesse agir contre sa parole,
contre la charité, contre l, humanité, contre la religion.
il doit être prêt à changer de comportement suivant les vent de la fortune et la variation des choses.
en somme ne pas s, écarter du bien, s, il le peut, mais savoir entré dans le mal en cas de nécessité.
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Il est convenu que l'on comptera le lendemain la dot de Lucrèce, soit 100 000 ducats d'or. L'an 1502 commence effectivement par le dénombrement des piles de pièces d'or à l'intérieur du Vatican , pendant que sur la place Saint-Pierre se poursuit la fête populaire.[...] Pendant ce temps, dans une chambre retirée du Vatican, les représentants de Ferrare et du pontife continuent de compter les pièces de la dot ; le 2 janvier, ils n'en sont encore qu'à 25 000 ducats : ils ont décelé de nombreuses pièces rognées qu'ils font remplacer. Le 4, ils comptent encore et finalement, le 5, don Ferrante prend le monceau de ducats restant, en se réservant la possibilité d'effectuer un contrôle ultérieur à Ferrare.
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Les cardinaux entrent en conclave.Le matin de ce jour ,les électeurs et leurs conclavistes gravissent processionnellement les degrés de Saint Pierre lorsqu'un étrange phénomène se produit:les Romains voient apparaître ,du côté de l'Orient ,trois soleils semblables.On ne manque pas d'interpréter ce rare accident de réfraction comme l'annonce d'un règne qui maîtrisera parfaitement les trois pouvoirs ,temporel,spirituel et céleste du pontificat romain.
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