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Critique de Hugo


C'était l'histoire d'un mec, d'un beau mec qui n'a jamais su parler à son fils, qui n'a jamais su lui raconter de belles histoires, ses histoires d'avant, d'antan en emporte sa vie d'excès, allongé seul sur le sol de l'entrée succombant brutalement à la maladie d'un corps qui ne supportera pas ce nouvel affront… Une bouteille de vin bien entamée sur la table du salon comme pour un dernier un verre, des cartons d'un traitement qui ne trouvera guérison, il flotte comme une odeur de solitude souillée par la mort venue réclamer son dû…

C'était l'histoire d'un mec qui avait de l'or dans ses doigts, mais de la mélancolie dans la tête, qui cherchera son bonheur dans le présent, vivant dans l'instant éphémère de la bouteille vide, le passé traine trop de remords et noie sa peine dans l'absurde, demain est une autre gueule de bois, alors à quoi bon se soucier de cette petite tête blonde, celle dont la ressemblance ne laisse aucun doute quant au rôle du facteur dans cette foutue histoire, les seules gouttes d'eau au nom d'un père et son fils dont ils partageront les traits pendants de nombreuses années…

C'était l'histoire d'un mec gentil, si pudique dans ses sentiments, si muet dans ses émotions, qui passera avec le temps qui s'en fou à côté de sa vie, et de celle de ses enfants qui attendaient naïvement cet amour paternel sans vraiment le comprendre ou si peu…

« Les copains d'abords, les jolies dames à la suite, les enfants suivront… »
C'était l'histoire d'un homme qui n'élèvera jamais la voie, qui ne se plaignait jamais, éduqué dans la maladresse et la légèreté, avec ce besoin oppressant d'être materné, dont il fallait s'occuper comme d'un gosse, perdu dans les effluves alcoolisés d'une vie de bohème, de nonchalance et de déchéance
Avec les années son regard est devenu moins malicieux, un peu perdu dans cette tristesse latente des hommes torturés, au langage si fleuri et familier, aux mots si crus, à cette vulgarité si contagieuse qu'elle en deviendra héréditaire…

C'était l'histoire d'un papa fier des ses enfants devenus des adultes dont leurs mains tendues resteront lettre morte et dont l'incompréhension se cristallisera dans l'indifférence, te laissant dériver seul, parfois la culpabilité était douloureuse mais pour notre sérénité, il fallait prendre cette distance, ce recul égoïste qu'il nous faudra se pardonner, apprivoiser le deuil que je n'imaginais pas, te croyant immortel…

C'est finalement l'histoire d'un fils, confronté à la cruauté des sentiments, à l'amoralité de la mort qui se moque du tout, ce fils qui prend conscience de l'importance des non-dits, qui ne dramatise pas, la peine est égoïste, mais souvent la peine des autres est bien pire, les circonstances parfois tragiques sonnent comme une bonne vieille thérapie, prendre le recul nécessaire pour ne pas sombrer dans un pathos déplacé qui revendiquerait sa légitimité dans sa propre individualité…

La vie mort les vivants sans penser à mal, c'est l'abstrait du dessein, faut fataliser avec et apprendre à relativiser ce à quoi nous sommes prédestinés tôt ou tard, plus facile à écrire qu'à faire, et pourtant on passe notre vie à se cracher à la gueule nos différences qui se sont inventées dans la peur et la bêtise, pauvre de nous.

Je n'ai pas de bouteille pour nous réchauffer la tristesse, il fait froid, il neige, des gens creusent un trou, toi bien habillé entre quatre planches de PIN lasuré, tu descends gentiment vers ta dernière demeure, et pour trente ans c'est signé et payé, concession oblige, manque de place , il ne faudrait pas que ça s'éternise dans l'oubli, de toute façon d'ici là tu seras dévoré et il ne restera plus que les souvenirs d'une enfance tumultueuse et d'un père titubant et comme tu le disais si souvent :

« Je suis fait comme un rat ma biche »

Alors à la tienne papa… que ta mort soit aussi douce qu'une nuit sans rêve.
Bon pour le bouquin c'est du "Harlan Coben", pas de grosse surprise...C'est comme le coca : ça a toujours le même gout...

A plus les copains
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