Yvonne - Michel ! Je t'ai porté dans ton lit jusqu'à onze ans. Après, tu es devenu trop lourd. Tu te pendais à mon cou. Après tu mettais tes pieds nus et tes orteils sur mes sandales, tu me tenais par les épaules et nous marchions ensemble jusqu'à ton lit. Un soir tu t'es moqué de moi parce que je te bordais, et je t'ai prié d'aller te coucher seul !
Michel- Maman ! Laisse-moi monter sur ton lit; j'ôte mes souliers...Ah ! Me fourrer près de toi, mettre mon cou sur ton épaule.
Dans une pièce moderne le casse-tête me semble de faire un grand jeu et de rester un peintre fidèle d'une société à la dérive.
J'ai voulu essayer ici un drame qui soit une comédie et dont le centre même serait un nœud de vaudeville si la marche des scènes et le mécanisme des personnages n'étaient dramatiques.
J'ai beaucoup tenu à peindre une famille capable de se contredire et d'agir avec mystère tout en respectant le volume d'une pièce qui pour frapper sur la scène, doit paraître d'un seul bloc.
Il est plus simple de paraître d'un seul bloc si quelque personnage central ne s'écarte jamais d'un vice ou d'une vertu qu'il possède et si ses comparses ne changent pas non plus leur ligne de bout en bout....
(extrait de la préface I, écrite avec la pièce, et insérée en début de l'édition de poche parue en 1958)
Madeleine: On sent le dimanche à autre chose. Les gens sont libres. Il y a du désordre dans l'air, un désordre triste.
Le temps est élastique. Avec un peu d'adresse on peut avoir l'air d'être toujours dans un endroit et être toujours dans un autre,
Il a des dons de touche-à-tout. Les pires . Et , de plus , il appartient à une génération qui confondait la poésie et l' ivresse de ne rien faire.
Le temps est élastique. Avec un peu d'adresse on peut avoir l'air d'être toujours dans un endroit et être toujours dans un autre.
Aucune mère n'est la camarade de son fils.
Léo : Le voilà, votre milieu. Vous donneriez n’importe quoi pour qu’Yvonne soit vivante… et pour la torturer après. Non, Michel ; nous, nous sommes des gens de la rue, des gens de la boue, nous sommes faits pour vivre. Ta mère était faite pour être morte. Là où elle est, il n’existe pas de fils, de père, de maîtresse. Il n’y a que l’amour. A présent, elle peut vivre. Elle peut habiter la maison. Elle peut aimer une ombre.
Georges, il embrasse Yvonne sur les lèvres: Du calme...du calme.
Yvonne: Voilà combien d’années que tu ne m’embrasses plus sur la bouche?
Tu m’embrasses pour me fermer la bouche...
Georges : Yvonne, il y a des minutes où l'on sent qu'on peut racheter tout, se sauver et sauver les autres.