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Critique de ATOS


ATOS
25 septembre 2018
« Ces enfants sans enfance
Sans jeunesse et sans joie
Qui tremblaient sans défense
De peur et de froid
Qui défiaient la souffrance
Et taisaient leurs émois
Mais vivaient d'espérance
Sont comme toi et moi »...1966, Aznavour
« Des millions d'enfants sont affectés par les guerres et les conflits armés. Séparés de leurs familles, ils assistent malgré eux aux pires violences, subissent de graves blessures ou sont tués. Les enlèvements, les viols et l'exploitation des enfants recrutés comme soldats font partie des atrocités qui accompagnent la plupart des guerres.- UNICEF 2018.
1945. Scènes de liesses. Images d'archives. 1945, l'Europe libérée.. Mais la barbarie n'avait pas éteint ses derniers feux. Les peuples d'Europe n'étaient pas sortis de la nuit et du brouillard. Des milliers d'enfants se retrouvaient sans famille, sans identité, sans mémoire, sans pays. Des millions de personnes connaîtraient pour des années encore la faim, la peur, la misère. L'hiver 56 est là pour nous la rappeler. La guerre froide devint l'enfant – monstre des cendres. le mots apatride, réfugié, déplacé marquaient les convois de millions de victimes le Japon était atomisé. D'autres guerres s'activaient. Non en 1945 la guerre n'avait pas pris fin. L'heure de reconstruction avait sonnée. Les traumatismes allaient hantés pour des siècles la mémoire du monde. Comment nous reconstruire ?
J'ai eu le plaisir hier soir de rencontrer Sarah Cohen- Scali à l'occasion de la sortie de son nouveau roman : Orphelins 88. Rencontre organisée par l'équipe de Babelio en ses locaux, et que je remercie ici. Moment fort, où il fut question de nos mémoires, de nos résiliences, de notre présent, de la barbarie des temps. Moment important et malheureusement rare où l'enfant est mis à sa juste place : au coeur de tous les débats. A l'heure où l'Europe refuse d'ouvrir un port pour l'Aquarius, à l'heure où dans nos villes errent des enfants de toutes nos guerres, à l'heure où nous nous déclarons en incapacité de les accueillir et de leur offrir un avenir, à l'heure où le nombre de DP ( personnes déplacées) ne cessent de grandir à travers le monde, à l'heure où nous nous interrogeons sur les soi disant risques qu'il y aurait à faire place à ces enfants, oui la rencontre d'hier soir, organisée par Babelio en ses locaux, était importante. Il est important de lire Max, et lire Orphelins 88.
Dans l'assemblée d'hier soir étaient présents à notre mémoire les mots de Primo Levi, de Boris Cyrulnik, de Marceline Loridan Ivens, et des millions de visages Des visages, des photographies qui ont valeur d'appel à reconnaissance. Visages des enfants de la guerre, enfants errants, orphelins, enfants sortis survivants des décombres de l'Europe. Un regard de femme également : celui de Greta Fisher. Greta Fisher faisait partie de l'équipe de l'UNRRA (l'Administration des Nations Unies pour les secours et la reconstruction) qui avait été envoyée en Allemagne après la guerre pour repérer et s'occuper des enfants « non accompagnés » ou orphelins. Greta prit l'habitude de dormir près de la porte d'entrée afin de ne pas rater le cognement timide d'un jeune orphelin au milieu de la nuit.
« Orphelins 88 » rend mémoire à ces enfants, à leurs noms, à leur histoire à leur visage, il rend également hommage à ces femmes , ces hommes qui durant des années n'ont pas abandonné leurs mémoires, ont tout fait pour que leur histoire retrouve le chemin de leur maison.
« Orphelins 88 » parle à notre présent, et au futur qu'aujourd'hui nous décidons de construire.
Max et Orphelins 88 sont pour moi indissociables, une fratrie inséparable.
Merci à Sarah Cohen Scali pour ses recherches minutieuses, pour sa capacité à nous transmettre avec talent la parole de ces enfants. Oui hier soir, il faisait nombre tous ces visages, toutes ces voix, toutes ces vies.
N'abandonnons jamais notre mémoire. Il en va de notre survie à TOUS.
"Que ceux qui ont tenté de leur venir en aide en soient remercié"
Zakhor. al Tichkah.

Astrid Shriqui Garain
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