J'ai eu la chance de recevoir ce livre dans le cadre d'un partenariat avec Livraddict et les éditions Michel Lafon que je remercie pour leur confiance! « le Pays des Contes » fut un excellent moment de lecture et je suis donc ravie d'avoir participé à ce partenariat !
Les fans de la série Glee auront certainement reconnu le nom de
Chris Colfer, davantage connu pour ses performances d'acteur qu'en tant qu'écrivain de livres pour enfants. le fait que ce livre soit né sous la plume d'une célébrité n'est pas un détail anecdotique, surtout compte tenu du succès unanime qu'a rencontré « le pays des contes » (The Land of stories) outre-Atlantique. Dans un tel contexte, il est en effet légitime de s'interroger sur le bien-fondé d'un tel engouement. Pour ma part, n'ayant jamais été une fervente spectatrice de Glee, le nom de
Chris Colfer m'était parfaitement inconnu et cet élément n'a donc pas biaisé ma lecture (même si je suis forcée d'admettre que j'avais quelques préjugés sur le fait de savoir que c'était un acteur qui avait écrit ce livre).
Quoi qu'il en soit et malgré ces réserves, force est de constater que
Chris Colfer se révèle être un auteur prometteur dans le registre de la jeunesse. Sans aller jusqu'au coup de coeur, « le sortilège perdu » m'a offert le temps de 400 pages un véritable retour en enfance, à la redécouverte des personnages qui peuplèrent mes toutes premières lectures…
Dans ce premier opus, nous suivons Alex et Conner, deux enfants de douze ans qui en dépit de leur gémellité, s'avèrent être de vraies antithèses. Si la première est une élève brillante, posée et réfléchie, le second fait davantage figure de bout-en train redoublant de sarcasmes et de répliques cyniques tout au long de leurs péripéties. Cette opposition dans les caractères donne lieu à des scènes rocambolesques durant lesquelles s'affrontent deux philosophies bien différentes lorsqu'il s'agit de gérer les situations de crise. Ainsi, là où Alex redouble de patience et de persévérance afin de découvrir la clé lui permettant de surmonter la difficulté, son frère Conner, quant à lui, fait preuve d'un pragmatisme pour le moins déconcertant, toujours à l'affut d'une alternative lui permettant de contourner l'obstacle. Deux personnalités aussi divergentes que complémentaires qui, en dépit de tout ce qui les oppose, et face aux épreuves se dressant sur leur passage, n'auront de cesse de se serrer les coudes, s'illustrant ainsi par un incroyable esprit de solidarité et un sens de la loyauté remarquable.
Autant de qualités qui vont, à mesure que l'aventure progresse, s'avérer indispensables à la réussite de leur entreprise. Car revenir dans le monde réel va s'avérer plus compliqué que prévu pour les jumeaux. Ces derniers vont en effet devoir se lancer dans une véritable chasse au trésor afin de réunir différents objets indispensables à la réalisation du voeu leur permettant de rentrer chez eux. Une mission non dénuée de risque, qui va les conduire aux quatre coins du pays des contes à la découverte de lieux et de personnalités surprenants !
Au cours de leur périple, Alex et Conner rencontrent ainsi de nombreux personnages issus des plus célèbres contes pour enfants. Tous ont bien grandi et muri depuis leur histoire originelle, et
Chris Colfer n'a pas manqué d'imagination pour leur inventer des destinées plus insolites les unes que les autres. Autant de destins nés de l'imagination fertile de
Chris Colfer qui nous sont peu à peu dévoilés à mesure que l'intrigue avance.
On découvre avec émotion que Cendrillon et son prince attendent leur premier enfant.
La Méchante Reine (la belle-mère de Blanche-Neige) est désormais enfermée dans le donjon où elle purge sa peine alors que Blanche-Neige, devenue reine du Royaume du Nord, est déterminée à comprendre quelles étaient les motivations de celle qui tenta jadis de la tuer.
Boucle d'Or, accusée de cambriolage, de vol et de soustraction à la justice (n'oubliez pas qu'elle s'est introduite par effraction chez les 3 ours !), est depuis devenue une fugitive, recherchée à travers le pays.
Quant au Petit Chaperon Rouge, maintenant reine de son propre Royaume (qu'elle a modestement nommée « le royaume du Petit Chaperon Rouge »), c'est une jeune femme coquette (et un tantinet égocentrique) prête à tout pour séduire son amour d'enfance; tandis que la Meute des Grands Méchants Loups (les descendants su premier grand méchant loup) va de village en village afin de terroriser les gens et d'attaquer les voyageurs.
Et que les nostalgiques se rassurent, le casting du pays des contes ne s'arrête pas là. La liste des références est encore longue : de Hansel et Gretel à la petite sirène, en passant par Raiponce ou même Jack (de Jack et le haricot magique), tous les (grands) enfants y trouveront leur "conte" (oui, le jeu de mot était facile).
Tous ces personnages vivent dans la promiscuité et interagissent librement les uns avec les autres. Il est ainsi tout à fait cocasse de voir les relations qu'ils entretiennent entre eux.
La direction ainsi inattendue donnée par l'auteur à ces personnages est une des nombreuses réussites de ce roman. Et je regrette d'ailleurs que
Chris Colfer n'ait pas poussé la fantaisie plus loin encore. Car si une poignée de protagoniste se démarquent clairement des autres par leur caractère explosif (Boucle d'or, le petit chaperon rouge…), d'autres en revanche conservent l'image lisse et édulcorée qu'ils avaient dans les contes originaux, les rendant bien fades en comparaison.
Par ailleurs, de par la nature des références qui constituent les fondations de l'histoire, « le pays des contes » n'échappe pas à certains clichés et stéréotypes inéluctables au genre. Les personnages sont très manichéens et les différentes révélations ou renversements de situation n'en sont pas vraiment pour le lecteur adulte qui devine très rapidement le fin mot de l'histoire.
Cependant, si la trame de fond pâtit malheureusement de facilités scénaristiques à répétition ainsi que d'une prévisibilité parfois désolante,
Chris Colfer nous fait bien vite oublier ces faiblesses grâce à une narration dynamique et facétieuse et une créativité forçant l'admiration. le récit ne souffre d'aucun temps mort et les péripéties s'enchaînent à grand rythme pour nos deux héros.
Qui plus est, si sur le fond, l'auteur s'autorise quelques libertés avec les textes originaux (quoique, tout est question d'interprétation !), les fondamentaux et l'âme même des contes d'où il puise son inspiration demeurent intacts. C'est donc à chaque fois envahi par une vague de douce nostalgie que l'on redécouvre un des héros de notre enfance. Et c'est finalement les yeux brillants et le sourire aux lèvres que j'ai refermé le premier tome de cette saga féerique.
Un récit enchanteur à mettre entre toutes les mains !
Procédé en vogue ces dernières années, aussi bien en littérature qu'à la télévision, la réécriture de contes devient dans ce contexte un exercice périlleux au cours duquel faire preuve d'originalité se révèle de plus en plus compliqué pour les auteurs qui s'y attèlent. Si sur le fond l'intrigue imaginée par
Chris Colfer ne renouvelle pas le genre, l'auteur redouble de créativité et d'humour pour mettre son histoire en valeur. Ainsi, loin de se contenter de reprendre et de rassembler machinalement certains éléments des contes célèbres de Grimm ou d'Andersen,
Chris Colfer s'est véritablement approprié (au sens noble du terme) les héros de notre enfance pour leur redonner vie le temps d'une aventure. Impossible dès lors de ne pas succomber au charme de l'univers mis en place par l'auteur qui revisite habilement et non sans humour les plus célèbres contes de notre enfance. En dépit d'une trame scénaristique cousue de fil blanc qui nous rappelle qu'il s'agit avant tout d'un livre destiné à la jeunesse, « le sortilège perdu » n'en demeure pas moins une jolie histoire pleine de rythme et de fantaisie qui ravivera à coup sûr l'âme d'enfant qui sommeille en chacun de nous.
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