-Ah bon, ce n'est pas ton amant ? Et tu appelles ça comment : ton compagnon de cours de tricot ?
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Qu’avons-nous fait pour aimer autant ?
Qu’avons-nous fait pour souffrir autant ?
A-t-on le droit d’aimer en n’ayant à offrir que la lassitude des années qui passent ?
Pourquoi sourions-nous lorsque deux lycéens se promettent l’éternité en nous disant que le temps passera et que quand ils auront « grandi », ce sera bien différent, car ils auront « compris » ? Ils auront compris quoi ? Simplement que les adultes que nous devenons se sclérosent dans des normes et s’interdissent de vivre pour finir avec des regrets ou, pire, l’oubli.
– Je ne vous propose pas un verre, je suppose ?
– Non, vous savez ce qu’on dit chez moi ?
– À quel propos ?
– Que l’alcool du soir est mauvais conseiller, car il provoque des cauchemars que nous vivrons un jour.
J’aime ceux qui pleurent dans le noir quand les émotions remontent trop fort.
Ceux qui crient de joie, ceux qui hurlent de douleur, ceux qui doutent chaque soir et espèrent chaque matin.
Nous n’avons jamais eu autant de temps que le jour où nous nous rendons compte que nous n’en avons plus ! C’est effrayant et rassurant à la fois.
Et si c'était cela la recette du bonheur ? Envelopper les plus belles parenthèses du passé et les laisser s'envoler. Savoir apprivoiser ces milliers de sensations, de sentiments et de découvertes et les garder au fond de nous comme une assurance de paix pour l'avenir. Se dire que, malgré les moments de souffrance, il y aura toujours ce souffle apaisant d'air chaud qui nous accompagnera.
Il craignait de la perdre, il savait que leur avenir était compté, car une passion ne se vit pas à coups de rendez-vous et sans projet d’avenir.
Qu’avons nous fait pour aimer autant ? Qu’avons nous fait pour souffrir autant ?