Par ailleurs, la possibilité même d'être un "nous" n'existe peut-être plus. Il y a un "je" qui rencontre un autre "je" et ils ne restent toujours que deux "je", un point c'est tout, même s'ils font des enfants et vivent un certain temps ensemble.
A quoi bon faire des enfants alors?
- En tout cas, sûrement pas pour s'occuper de nous ! L'amour descend et ne monte pas disait ma grand-mère.
Rien ne provoque plus un phénomène d'identification qu'une séparation, résultat vous devez vous farcir pendant tout le dîner la vie sentimentale de ces gens qui ne pensent qu'à vous aider.
L'essentiel est de ne pas avoir une seule vie, ne pas fermer les yeux dans l'idée d'une ligne continue : une histoire du début à la fin, c'est la mort.
"Deux physiciens à la maison,pauvres gosses.
-Au contraire, les physiciens font d'excellents parents.
- Ah oui, et pourquoi ?
- Ils ont un sens aigu de la relativité."
Ces deux modalités de mon écriture – la féminine, plus intime, en quête de sensations nouvelles encore sans paroles, et la masculine, héritée de millénaires de culture patriarcale – se côtoient, se chevauchent, en harmonie ou en conflit : elles sont toutes les deux moi. Ainsi en va-t-il pour la douleur, la joie, l’intelligence, la bêtise : je suis double par définition, j’ai deux valises à porter, et pas seulement une comme les hommes.
Évidemment Andrea me suit partout où je vais. On dit que le temps efface les anciens conjoints, que leur souvenir ne revient plus que de façon sporadique. C’est ce qui s’était passé avec mon premier mari, mais notre mariage avait été de courte durée. Andrea et moi avons eu deux enfants ensemble et trente ans de vie commune, des millions de pensées partagées. Alors je l’emmène partout.
Ou alors peut-être, naïvement, vainement, vaillamment, je ne voulais plus écrire, je ne voulais plus être moi-même.
"Puis le soir quand ils m'appellent, ils percoivent la tristesse de ma voix, et non la teneur rassurante de mes propos. Surtout Antonio qui porte avec moi l'étendart de la virilité outragée. Mais je ne m'inquiète pas pour eux: je m'inquiète pour moi: comment vais je sortir de cette passe? Combien de temps me faudra t il pour ne plus ressentir cette perte, celle de notre vie commune?"
Mon problème est le suivant : avant je vivais avec Laura et je couchais avec Sara. Maintenant que je suis libre, je n’ai plus aucune envie de la voir. Sans épouse, une maîtresse perd son sens, mais je n’ai pas le courage de le lui dire et puis, au fond, elle me tient compagnie.