Pour le moment, on nous permet de regarder nos maisons vues du ciel sur Internet. En zoomant, on peut même distinguer nos voitures. Bientôt, on ne bougera plus le petit doigt sans qu’à l’autre bout de la fibre optique, un type en uniforme ne soit en mesure de relayer l’information.
– C’est proprement rocambolesque, lâcha-t-il.
Proprement rocambolesque. Bouffonnerie. Je me demandai où ce type avait appris à parler. Il devait trouver les bons films « tout à fait jubilatoires ». Après la pipe du samedi soir, il devait flatter sa femme en lui disant qu’elle avait fait preuve d’une « réjouissante audace », je le voyais d’ici.
Quand j’étais petit, on ne se demandait jamais si une fille avait de vrais seins ou non. À l’époque, ce qui était nouveau le restait quelques temps, sans risquer d’être dépassé le mois suivant. Être célèbre n’était pas un métier, on pouvait être heureux sans être riche et top model. Les vedettes de mon enfance avaient eu un parcours, de beaux films, de jolies chansons. On n’était pas là pour rien. Aujourd’hui, la télé me montrait des inconnus, des nouveaux chaque semaine, qui déclenchaient l’hystérie d’un simple battement de cils. On ne parlait plus de musique mais de nombre d’exemplaires vendus, on ne parlait plus du septième art mais de millions de recettes. Je n’y comprenais rien.
L'émission s'appelait People Story. Mon vieil amour s'y trémoussait sous le regard de téléspectateurs chaque jour plus avides de ses déhanchements ou de ses innocents fous rires. Je la regardais comme une étrangère et comme une sœur à la fois, fasciné, malheureux, en colère, ému, ça dépendait. Elle était toujours aussi belle. Elle était devenue un peu conne.
Le souvenir travestit la réalité. Une jolie femme se transforme en une déesse de l’amour, un petit chagrin devient une douleur effroyable.
La seule avance que les truands aient encore, c’est qu’ils ont toujours eu un peu moins d’éthique et de scrupules que la police.
C’est parce que j’étais bon que je suis vieux. Les mauvais meurent plus jeunes.
Être bon dans ce que l’on fait, c’est connaître personnellement ceux qui sont meilleurs que vous. C’est ça, être bon.
On ne parlait plus de musique mais de nombre d’exemplaires vendus, on ne parlait plus du septième art mais de millions de recette.
Être célèbre n’était pas un métier, on pouvait être heureux sans être riche et top-model. Les vedettes de mon enfance avaient eu un parcours, de beaux films, des jolies chansons. On n’était pas là pour rien. Aujourd’hui, la télé me montrait des inconnus, des nouveaux chaque semaine, qui déclenchaient l’hystérie d’un simple battement de cils.