Nuée ardente

Le 8 mai 1902, Syparis, condamné à mort, est détenu dans un cul-de-basse-fosse quand une gigantesque éruption volcanique détruisit Saint-Pierre, la capitale de la Martinique, tuant trente mille personnes ; c'est-à-dire tout le monde sauf , ironie du sort : lui.
A travers un des épisodes les plus dramatiques de son Histoire, Raphaël Confiant s'attache à retracer la vie de tout un monde dans la Martinique du début du XXe siècle. Il nous décrit une société martiniquaise bigarrée faite d'affrontements sévères entre Grands Blancs, mulâtres et Noirs, d'amours et d'amitiés compliquées, de dur labeur et de festivités débridées où l'on croisera des personnages hauts en couleur tels que le négociant Dupin de Maucourt, le jeune mulâtre professeur de philosophie, Pierre-Marie Danglemont et sa bande de noceurs, et l'énigmatique Lafrique-Guinée, hanté par le souvenir du temps de l'esclavage.
D'étonnantes figures féminines aussi, comme Thérésine, la femme-matador, Hermancia ou Mathilde, la « blanchisseuse » Marie-Egyptienne, Rose-Joséphine ou l'énigmatique quarteronne Edmée Lemonière, à qui Danglemont voue une passion non partagée.
Dans le style si particulier qu'on lui connaît, un français/créole aux accents fleuris, Raphaël Confiant nous introduit dans la vie quotidienne de l'époque. Plus…On assiste aux soirées lyriques de la Comédie et aux joutes politiques sans merci entre zélateurs de l'ordre ancien, celui de la Plantation et du Négoce, et promoteurs d'un ordre nouveau où les hommes de couleur présideraient aux destinées de la Martinique…
Et tout ça dans une langue que n'aurait pas reniée Michel Audiard ou Frédéric Dard…

Le beau récit de l'aveuglement ayant précédé l'éruption meurtrière de la Montagne Pelée en 1902.

Publié en 2002, ce roman de Raphaël Confiant reconstitue, aussi précisément que possible, en ajoutant quelques personnages inventés autour des personnages réels et connus, les quelques mois ayant précédé l'éruption de la montagne Pelée et la destruction de la ville De Saint-Pierre, en mai 1902 en Martinique.

L'auteur parvient joliment à faire revivre cette ville, capitale économique de l'île à l'époque, en s'attachant tout particulièrement à quelques poètes et joyeux noceurs, clients assidus des maisons closes de la ville, à une figure énigmatique de femme millionnaire dissimulant soigneusement un passé trouble à la Nouvelle-Orélans, et à Syparis, terrible bandit local, qui sera l'un des deux survivants officiels de la tragédie ayant entraîné environ 30 000 morts.

Au-delà d'un témoignage sur l'époque et, surtout, sur le formidable aveuglement prévalant alors face au volcanisme actif, Raphaël Confiant réussit à tramer son texte d'une sourde métaphore, l'accumulation de puissance sous la montagne au cours de ces années reflétant sournoisement la croissance des tensions politique et sociale, la crispation du pouvoir béké ne voulant rien lâcher face aux mulâtres et aux nègres, cinquante ans seulement après l'abolition définitive de l'esclavage, - insistant jusqu'à l'éruption fatale pour que les "élections de la dernière chance" (pour repousser le parti mulâtre) se tiennent sans délai, le tout transfiguré dans une omniprésente tension sexuelle qui parcourt tout le roman...

"Dans la cité où fleurissaient les arts et les lettres, l'on répugnait à qualifier de volcan la montagne tutélaire au pied de laquelle le commerce de rhum, de sucre, de café, de tabac et de cacao faisait vivre au bas mot une trentaine de milliers d'âmes. Ce mot était même banni du parler des gens de bien et de toute façon presque inconnu de la gueusaille. D'ailleurs, on sursautait lorsque quelque savant, venu des Etats-Unis ou d'Europe, s'entêtait à l'employer et embauchait à tour de bras guides et porteurs dans le but, affirmaient-ils, d'en ausculter les battements secrets. Qui ne se gaussait de ces personnages excentriques, à binocles et barbe fleurie, qui se harnachaient de toutes qualités d'instruments scientifiques, l'air grave, insensibles à la douceur des lieux ?"

Une lecture très enrichissante. Je ne connais pas du tout la Martinique et j'ai eu l'impression, avec ce livre, de m'y sentir. L'écriture de Confiant est très imagée et descriptive... Alors, c'est facile pour le lecteur de se sentir comme personnage de ce histoire. Et justement, les personnages sont une force dans ce roman : ils sont vrais, drôles, colorés, très touchants et très bien construits. Un roman drôle et touchant à la fois. Une très belle découverte et une très belle rencontre littéraire.

La vie à Saint Pierre en Martinique avant l irruption du volcan de la montagne pelée. Raphaël Constant utilise le vocabulaire français, créole, dialecte local pour nous faire partager la vie de tous ces habitants:français, créoles, indiens, blanc, noir, mulâtre,, homme et femme de toute condition. le langage est original. Dommage que le jour de l irruption soit si peu décrit, en quelques pages finales.

Style ample, univers coloré. Beaucoup de sexe. On reste sur sa fin par rapport à l'histoire, la construction. L'histoire s'enlise, s'épuise, manque de souffle.