Adolphe

Adolphe, jeune nobliau à qui tout semble ouvert au printemps de sa vie, tombe amoureux et séduit Ellénore, mariée et de dix ans son aînée. Et maintenant ?

Coincé entre son incapacité à aimer, son devoir, ses principes, ses sentiments, les attentes de la dame, les conventions, la société et son père, le gentil mais pleutre Adolphe louvoie et se perd.

Un livre comme une démonstration brillante, triste et consternante
Lien : https://www.noid.ch/adolphe/

[Livre audio, lu par René Depasse pour le site litteratureaudio.com]
Une assez bonne surprise que la découverte de ce texte. La désuétude de certains usages et pensées décrits dans ce livres est étonnamment contrasté par le caractère contemporain de cette étude de caractère.

J'ai regretté parfois l'effet cyclique des sentiments d'Adolphe qui vont et viennent comme une marée. Même si le livre est court, on n'échappe pas à l'impression, à la fin, qu'il y a une ou deux vagues de trop pour que le récit soit vraiment équilibré.

La lecture par René Depasse n'est pas d'excellente qualité, bien que le lecteur soit lui-même assez expérimenté et donne vraiment vie au texte. En effet, le montage y laisse souvent à désirer, en rabotant des fins de phrases ou en laissant des blancs malencontreux.

Un classique de la littérature helvétique comme les grandes histoires d'amour étaient présentées à la fin du XVIIIe et au début du XIXè siècle. Ce n'est pas déplaisant à lire même si cela peut paraitre un peu ennuyeux au début. Mais au fil des pages on s'attache aux deux personnages prisonniers de leur histoire et de leur souffrance mutuelle.

Adolphe est un jeune homme de 22 ans. Il vient tout juste de terminer ses études et s'ennuie dans la bonne société. Il rencontre Ellénore la maîtresse du comte de P***. Entre Adolphe et elle, se met en place une véritable passion amoureuse. Comme toutes les passions, cette relation va s'effriter. Elléonore abandonne ses deux enfants, son amant et se livre avec exaltation dans les bras d'Adolphe. Lui, il s'interroge, et cesse peu à peu de la désirer.

Par son roman et la figure des deux protagonistes, Benjamin Constant interroge la lucidité, la peur, les regrets, la colère, la haine, la souffrance, mais aussi, l'affection, les émotions et le désir.

Et bien, par où commencer ?
D'abord, l'écriture est sublime. C'est clairement le genre de roman qui oblige à aimer la langue française, tant elle est bien utilisée. Sans être jonchée de mots trop ardus, le style est ici superbe.
Ensuite, comment peut-on aussi bien parler d'amour ? Les quelques pages qui décrivent les premiers sentiments du personnage (Adolphe) pour la belle Ellénore sont incroyables. Mais quelle complexité dans leur relation ! Je t'aime, moi non-plus, elle ne l'aime pas alors qui l'aime, finit par l'aimer quand lui ne l'aime plus… C'est la romance la plu complexe qui m'ait été donné de lire, et je dois dire que j'ai adoré ça !
C'est vraiment l'un des romans dits "classiques" qu'il faut avoir lu, de par la jolie utilisation de notre jolie langue, et par une histoire d'amour qui n'est pas vraiment conventionnelle.

Lisez-le !

Je suis convaincu d'une chose à la lecture d'un lire. Plus il va faire écho à mes expériences de vie et plus je vais l'aimer. Certes, il n'y a pas que l'écho, la découverte est un autre moteur. Dans les deux cas, l'écriture est le vecteur qui va faciliter cette découverte ou cet écho.
J'ai découvert Adolphe et le romantisme en même temps. La mécanique de deux coeurs qui ne vont plus que battre à l'unisson reste un sujet intemporel depuis Romeo et Juliette, Tristan et Iseult, Renaud et Armide. le romantisme est un autre absolue qui ne doit pas être conjugué avec la mort. Ici ce n'est pas The Crow dont il est question, mais de vagues de l'âme, de tourbillon des sentiments, de doutes.
J'ai aimé ce roman parce que je l'ai lu dans un avion alors que je m'éloignais de l'être aimé et que les turbulences étaient des vagues et que page après page je me perdais dans ce tourbillon dont j'étais moi même victime. Il y a des livres qu'il faut lire au bon moment. Si vous n'êtes pas en amour, vous ne comprendrez rien à ce livre d'une grande poésie.

Adolphe est un jeune homme oisif, qui s'ennuie, il observe ses compagnons avoir de jolies histoires d'amour et pour s'occuper - se mettre un défi -, il décide de séduire Ellénore qui est la maitresse officielle de Monsieur P. et la mère de ses deux enfants.
Après lui avoir fait la cour Adolphe fini par obtenir les faveurs d'Ellénore qui décide de tout abandonner, amant et enfants, pour partir avec lui.
Cependant Adolphe n'est pas réellement amoureux d'Ellénore et très rapidement la vie à deux est pour lui une réelle contrainte. Ellénore lui repproche son manque d'amour... et lui veut sans cesse la quitter mais ne passe pas à l'action car il est en même temps lâche et se sent coupable.

Que va dont faire Adolphe ? Doit-il abandonner Ellénore pour être heureux et se donner la chance d'être amoureux, doit-il rester près d'elle coûte que coûte pour honorer ses promesses ?

J'ai bien aimé ce court roman classique que je n'aurais jamais découvert sans les recommandations du podcast des bibliomaniacs.
En revanche je n'ai peut être pas tout à fait le même ressenti que la majorité des lecteurs. Adolphe est un jeune homme un peu fat et ennuyeux, sa jeunesse ne lui rend pas vraiment service mais malgré cela il reste ou revient toujours vers Ellénore, est ce de la pitié, est ce un manque de courage, un jeu ? On a parfois l'impression que c'est lui la "victime".
D'un autre côté j'ai le sentiment que c'est Ellénore qui est inconséquente, c'est elle qui a l'expérience, elle a une bonne "place" dans la société, son amant la lui a donné, elle est bien entourée et heureuse. Cependant elle se laisse séduire et surtout elle quitte tout pour ensuite être beaucoup dans la plainte, la lamentation et le reproche.
Un texte vraiment intéressant, encore très moderne bien qu'écrit au début du 19ème siècle, on suit cet affrontement de couple sans savoir comment les deux protagonistes finiront pas sortir de leur propre piège.
C'est Adolphe qui nous parle et nous raconte son histoire, est-il absolument sincère ?

Lien : https://enviedepartagerlesli..

Ce livre est très bien écrit et vaut le détour. Je l'ai lu en une seule après-midi, tant il est prenant. Cependant, je l'ai presque lu comme une sorte de thriller choquant sur la confusion criminelle entre amour et passion.

Pardon pour les fans si je rentre dans le lard.

Adolphe est un monstre. Tour à tour frivole, vain ou lâche, il justifie son désamour et son oisiveté par les torts qu'il feint de s'attribuer, avant de les rejeter adroitement sur une femme aimante et qu'il dépeint progressivement comme une furie, pour mieux l'abandonner. Pauvre Ellénore. Elle sacrifie tout pour lui et, par un renversement odieux, qui ne laisse rien paraître de son désoeuvrement, de l'ennui qui en résulte, de son absence d'effort et d'empathie qu'il singe médiocrement, il suggère puis affirme qu'il lui sacrifie sa jeunesse et sa carrière littéraire. Qui l'empêche de nous pondre un roman auprès d'elle ? le narrateur s'épuise à légitimer une indifférence croissante, en omettant qu'elle est consciemment choisie par paresse. Quelle honte ! Voilà un homme inconstant et suffisamment faible pour ne pas se l'avouer ou en assumer les conséquences. Cette hypocrisie savamment travaillée me révulse, mais permet de mieux comprendre la conception des sournoiseries tortueuses qui distraient l'esprit humain de sa lassitude, en dissimulant habilement sa couardise et son orgueil inconciliables. C'est le principal intérêt que je trouve au récit, outre le style, qui se distingue par d'étonnantes contractions sémantiques.

Ah oui, je précise (au cas où se rebifferait quelque phallocrate primaire mal inspiré) : je suis un mec.

Lorsqu'un livre est terminé, je me pose toujours cette question : cette lecture mérite-t-elle de rester dans ma bibliothèque ou est-elle de passage, vite lue, vite oubliée ? Un livre doit me faire réfléchir, rire, pleurer, etc.

Une belle histoire d'amour, bien construite mais dure.

Ouvrage aussi singulier qu'« Armance » De Stendhal, qui viendra dix ans plus tard. le récit est court, lapidaire, clair, aéré, bien agencé, bien structuré, et surtout bien écrit. Tout en nuance et réserve, convoquant de belles subtilités de pensées, l'auteur nous dépeint avec finesse l'éclosion (à partir de l'enfance) d'un jeune homme timide, réservé, replié sur lui-même, dont la personnalité n'a pas été éveillée à la vibration du sentiment. Cette carence apparaît dans la relation qu'il noue (plus par désir d'affirmation que par sentiment véritable) avec une femme dont il va être profondément aimé, mais qu'il n'aime pas quant à lui de façon véridique, et qu'il se refusera pourtant pour mille raisons morales de quitter. Dans ses tergiversations, le personnage apparaît tel un irrésolu, velléitaire, flottant à l'épiderme de lui-même, attendant que les événements se prononcent pour lui pour s'engager dans telle ou telle voie. Adolphe apparaît continuellement “en creux”, proprement “sans moteur”. Bien qu'il ait un nom, une fortune, une position, il n'a rien car il lui manque l'essentiel : cette impulsion venant du coeur qui pourrait seule le réconcilier avec lui-même. C'est très beau parce que c'est profondément humain.