La ville est désormais aux mains des marchands. Il faut le calme de la paix civile pour entendre le bruit des écus tombant dans les bourses.
Il suffit de payer ce qu’ils demandent pour les avoir à soi.
Les promesses n’engagent que ceux qui y croient.
Le dernier mot sera pour nous, car le tien ne saurait tarder. La Mule noire a bonne mémoire.
Colbert a accordé à Marseille des franchises commerciales comme on jette, pour le calmer, un os à un chien qui gronde.
Les astres que j’ai consultés avec mon vieil ami don Marco Spaccesi ne sont pas contre nous. Ils nous disent de ne pas perdre confiance. Que nos routes finiront un jour par se croiser. L’espérance, si ténue soit-elle, doit continuer à réchauffer nos cœurs.
L’intrigante qui hier encore riait du bon tour joué et se réjouissait de voir tomber sur sa couche une proie de choix pour mieux servir son ambition n’était plus, malgré ses atours et son insolente beauté, qu’une sœur de charité touchée par la détresse de celui qu’elle considérait, à peine quelques instants auparavant, comme un objet de plaisir dont elle saurait faire son jouet.
Les filles sont toujours prêtes à accueillir les confidences amoureuses. Elles excellent à les provoquer. Chez la plus effrontée sommeille le cœur d’une mère consolatrice, prompte à réconforter un homme dans l’affliction.
La franchise, la loyauté, l’aveu spontané d’un amour sincère et pur, pour lequel le jeune gentilhomme était prêt à sacrifier l’intérêt que lui aurait valu une simple entorse à son honneur, venaient de toucher la belle intrigante au cœur.
Un poète adepte de l’amour courtois, cela existait donc encore en ce siècle où l’immoralité, l’absence de scrupules régnaient en maîtresses, conduisant chacun à une quête effrénée du pouvoir, du plaisir, du profit ?