Il m'a fallu quelques pages pour me remettre vraiment dans le bain (il faut que j'arrête de laisser passer autant de mois avant de lire la suite d'une série) mais ce fut, à ma grande surprise, assez rapide pour que les éléments importants, et d'autres plus anecdotiques, me reviennent en tête. le plus perturbant au début de ce deuxième tome, en vérité, c'est quand on apprend que, depuis le tome précédent, La Compagnie noire, environ six années se sont écoulées ! On retrouve une Compagnie qui a beaucoup voyagé, toujours au service de la Dame, toujours à mater la rébellion qui, malgré son affaiblissement suite à la grosse bataille de Charme, persiste à lutter contre la domination de la Dame…
La troupe de mercenaires a changé ; on retrouve bien sûr des personnages connus voire aimés tels que Toubib, qui reste le narrateur de l'histoire, Qu'un-Oeil, Gobelin, Silence, le Capitaine, etc., mais il y a aussi des nouveaux comme Pilier par exemple. Bon, en fait, si je me suis habituée à la présence des nouveaux, si j'ai apprécié les découvrir, ils ne m'ont toutefois pas beaucoup marquée. En revanche, j'ai été frappée par le coup de vieux que les anciens de la Compagnie noire ont pris. Après des années à éteindre les braises de la rébellion, on ne peut que constater leur fatigue, et Toubib lui-même semble totalement désabusé. On ressent d'autant plus leur accablement que c'est Toubib, l'un des plus marqués, qui nous en parle. Et plusieurs fois dans ce tome, les personnages vont discuter entre eux de tout ça, certains affirmant même qu'il ne serait pas trop tard pour quitter la Compagnie et faire sa vie ailleurs… Mais ce ne sont que des discussions dans le vent ; on le sait et ils le savent que ça leur est impossible d'espérer une autre vie.
Dans le château noir,
Glen Cook, n'hésite pas à user ses héros, et il n'hésite pas non plus à modifier la narration d'un tome à l'autre. En effet, dans le premier tome, le récit se faisait uniquement à la première personne, tout étant raconté par Toubib, médecin et annaliste de la Compagnie. Dans le deuxième, on retrouve Toubib en narrateur, mais certains chapitres sont également écrits à la troisième personne et se focalisent notamment sur Shed, un tavernier établi à Génépi. Bien sûr, il n'y a pas que cet inconnu dans ce bled paumé du nord, où le froid est si glaçant et les nuits si longues. En effet, un château étrange, que les habitants n'osent pas approcher, grandit de plus en plus. La Dame y voit une menace et envoie donc à Génépi une partie de la Compagnie. Nouveau changement : pendant une longue partie du roman, on ne sait pas ce que devient la grande majorité des mercenaires.
Le récit se fait de plus en plus sombre, à mesure, notons-le, que le château noir gagne en présence. Certains protagonistes deviennent de plus en plus horribles, d'autres désespèrent de plus en plus et nous, lecteurs et lectrices, ne pouvons qu'assister à cette déchéance, impuissant·es que nous sommes. Pourtant, quelque part entre certaines lignes, cachée au fin fond de quelques chapitres, une vague lueur d'espoir semble exister. Mais, pour ma part, je doute : qu'est-ce qui est le mieux pour les habitants du royaume ? Qu'est-ce qui est le pire ? Nos personnages, dont certains que j'apprécie beaucoup, ont-ils une chance, un jour, de mener une vie (ou une fin de vie) paisible ? Rien n'est moins sûr et beaucoup de mes certitudes ont été ébranlées.
Le château noir est, une nouvelle fois, un très bon tome. On découvre de nouvelles régions, on fait la rencontre de nouveaux personnages et Cook attise encore plus ma curiosité. Si je veux étaler ma lecture dans le temps pour mieux la savourer, je ne pense quand même pas trop tarder à me jeter sur la suite tant j'aime les personnages qu'il a créé, et tant je suis intriguée par la Dame.
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