-Je vous en prie, révérend, s'écria enfin Ronald, je voudrais retourner aussitôt à Salem. Si vous vouliez bien me montrer de quoi il s'agit, je pourrais me mettre en route sur-le-champ.
-Patience, mon brave homme, dit le révérend Mather en tirant une clé de la poche de son habit. La nature de cette preuve est telle qu'il faut vous y préparer. Elle est réellement choquante. Voilà pourquoi j'ai suggéré que le procès de votre femme se tienne à huis clos, et que le jury donne sa parole d'honneur de n'en rien révéler.
-Est-on sûr qu'il s'agit bien là de l’œuvre d'Elizabeth ? demanda Ronald d'une voix faible.
-Sans aucun doute, dit Samuel. Non seulement il a été saisi chez vous par le shérif George Corwin, mais encore Elizabeth l'a librement reconnu.
-Seigneur Dieu ! s'écria Ronald. C'est là sans aucun doute le travail du diable. Et pourtant, je sais du fond du cœur qu'Elizabeth n'est pas une sorcière.
La lucidité, l'assurance et la bonne humeur nées des médicaments, elle n'en voulait pas. Tout cela était faux. L'idée même d'une psychopharmacologie cosmétique la dégoûtait.
Mais ce que j'ai compris, surtout, c'est que prendre des médicaments, que ce soient des stéroïdes pour les athlètes, ou des psychotropes pour modifier le caractères, eh bien, c'est un peu comme le pacte de Faust avec le diable.
- Je sais que vous n'avez pas été violentée au sens propre du terme, mais vous n'aviez pas une bonne relation avec votre père. Vous savez, les violences peuvent prendre des formes très différentes selon l'autorité que les parents exercent sur leurs enfants.
- Je crois que nous avons tous les deux raison, dit Kim. Je suis d'accord avec toi, mais au cours des quelques recherches que j'ai faites, j'ai été frappée par l'infériorité légale de la femme à l'époque d'Élizabeth. Les hommes avaient peur, et ils prenaient leur revanche sur les femmes. Il y avait de la misogynie dans cette histoire.
L'idée de prendre un médicament pour remédier à un trait de personnalité me chiffonne, dit Kim.