Il était temps pour elle d'affronter la vérité. Elle ne pouvait plus se voiler la face. Elle avait vingt-six ans : elle était une vieille fille, par choix. Elle avait tant refusé de demandes en mariage, au fil des ans, que c'en était devenu choquant, des demandes tout a fait acceptables, de surcroît. Et cela parce qu'elle savait que mariage rimait nécessairement avec maternité et que, dans son cas, maternité risquait fort de rimer avec folie...
Contrairement aux mœurs du temps, il préférait l'intelligence à la sottise chez les femmes, comme chez les hommes, d'ailleurs. Peut-être n'était-elle dotée d'aucun talent pour ces arts d'agrément dans lesquels se devait d'exceller une jeune fille de bonne famille? Cela dit, tous les hommes n'accordaient pas leur préférence aux jeunes filles accomplies.
Les choses étant ce qu'elles étaient, il faisait de son mieux pour freiner les appétits de ce libertin, le tenant,autant que faire se pouvait, à l'écart des tentations éventuelles. Mais il ne pouvait tout de même pas passer sa vie à l'empêcher de s'écarter du droit chemin !
La plupart des filles à marier n'auraient pas demandé mieux que de se laisser embrasser jusqu'au vertige, le risque d'être découvertes ne les y incitant que davantage encore, raison pour laquelle il avait refusé de s'adonner à ce petit jeu jusqu'alors.
Certes, il la désirait physiquement. C'était toutefois sa seule faiblesse. Son coeur resterait résolument insensible à une femme à la langue si acérée, qui disait sans ambages ce qu'elle pensait. Le désir n'avait rien à voir avec l'amour, après tout.