Ce tome 14 permet de retrouver la plume d'Eric
Corbeyran, auteur que j'apprécie déjà beaucoup et de plus en plus tellement son écriture nous parle. Elle permet également de découvrir le talent de
Bojan Vukic aux dessins, que j'aime beaucoup. Ceux ci atteignent un degré de finesse assez époustouflant, tant dans les gros plans, que les arrières plans, dans les personnages et les décors. Son trait est harmonieux et juste, à la fois épuré et très détaillé. L'illustration de l'hémicycle de la page 45 en est un bon exemple. malgré l'éloignement et la taille des personnages, on peut remarquer qu'aucun ne se ressemble, que ce soit les visages, les coiffures, la tenue et même les détails vestimentaires. Il n'y en a pas deux pareils. C'est assez impressionnant!
Sinon scénaristiquement parlant, ce presque one shot reprend l'histoire des semis elfes, en la replaçant dans le contexte global de la série et en la confrontant à la menace qui pèse sur toutes les terres d'Arran. Là où tous les autres peuples ont choisi la voie de la guerre pour s'opposer à Lah'Saa, Eric
Corbeyran propose d'explorer une autre voie, celle de la diplomatie, ou de la soumission, c'est selon votre interprétation. Il explore cette voie à travers l'histoire de cette nation semi elfe qu'il connaît bien, à l'endroit même de son établissement, hautement symbolique jusque dans le nom de la cité, la bien nommée Trein Er'Madenn. le peuple semi elfe est devenu, au fil des années, un peuple plutôt diplomate dont le système politique est basé sur une démocratie type grecque, mais quand même très renfermée sur elle même, à l'image de la plupart des cités grecques antiques.
Corbeyran souligne cet enfermement en insistant sur le fait que les semis elfes refusent les échanges commerciaux de quelque nature que ce soit avec les hommes. Et pourtant les semis elfes vont se laisser convaincre de négocier et de s'allier avec la Nécromancienne. Intrigue politique, trahison, jugement inique sont à l'oeuvre dans ce tome pour que les pions du destin se mettent en place et que l'histoire se joue. La conclusion est plus qu'amer et tombe aussi violemment qu'elle est évidente, on ne négocie pas avec la nécromancienne, on ne négocie pas avec la mort. mais Eric
Corbeyran va plus que de renouer avec la mythologie de la série en replaçant son peuple semi elfe sur les routes. Exil, errance, rejet sont l'apanage de ce peuple, qui, un jour, a rêvé d'identité, de sédentarisation et d'avenir...