Orcs et Gobelins, tome 14 : Shaaka

BD FANTASY / HEROIC FANTASY.
Ce tome 14, intitulé Shaaka nous refait le coup du vieux baroudeur pragmatique et de la jeune ingénue idéaliste en fuite. Et avec deux personnages féminins en cavale, il y a de petits airs de "Black Mama, White Mama". Mais le baroudeur est une orque qui en a un peu trop soupé des forces obscures de la crevardise, et l'ingénue est un pur produit desdites forces obscures de la crevardise. Je vous renvoie aux derniers travaux des psychologues et des sociologues qui démontrent sans appel que le pouvoir et l'argent rendent sociopathes. Entre elles deux, un groupe de justiciers peaux-vertes surnommés "Les Immortels" venus venger leur peuple génocidé par les créateurs de richesses reagano-thatchéro-macroniens... Tout cela va mal finir en fiction comme IRL !
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Cet album, je l'attendais impatiemment, car il y avait une orc sur la couverture et, jusqu'à présent, si dans les univers Elfes et Nains, nous avions des femmes bien présentes, avec des rôles importants, il n'en était rien dans l'univers des "Orcs et Gobelins".

Vu la race, il est difficile de faire dans la dentelle ou la finesse puisque nos culs verts sont spécialisés dans la baston.

Enfin, c'est surtout les Orcs qui aiment la castagne et les guerres, avec les gobelins, on a plus de marge…

Notre héroïne Orc, Shaaka, ne va pas déroger à la règle : elle est badass, a du muscle, sait se battre et est pourvue d'une forte poitrine. Messieurs, ne la faite pas chier, vous la trouverez et ça fera mal.

Le scénario est classique : un riche seigneur a voulu encore être plus riche, pour cela, il fallait virer les Orcs qui se trouvaient sur les territoires et ce crétin n'a rien trouvé de mieux que d'aller faire empoisonner leurs sources.

Les Orcs qui veulent lui expliquer qu'on ne fait pas ce genre de saloperie, ce ne sont pas des enfants de choeur, loin de là. Et le seigneur de confier sa chieuse de fille à notre Orc Shaaka.

Un tandem disparate, ça marche toujours (au cinéma ou ailleurs), surtout si on a l'un des deux qui sait se battre, s'orienter, survivre dehors et pas l'autre qui a pété toute sa vie dans de la soie.

Surtout si l'une d'elle fut de nombreuses années aux ordres d'un seigneur et que l'autre est la vilaine fifille un peu trop gâtée par son pôpa et qui se pense supérieure aux Orcs puisque ceux-ci n'ont que le goût du meurtre dans le sang, oubliant que son père tua bien des êtres vivants pour augmenter sa richesse.

— Ta race a le goût du meurtre dans le sang !
— Si on va par là, la tienne aussi. Même si vos crocs sont moins apparents et que vos manières font parfois illusions.

Non, non, nous ne tomberons pas dans le registre de l'humour, ce tandem-ci, ce ne sont pas "Les compères" mais plus "Les fugitifs", sans les conneries de Pierre Richard, bien entendu. Ici, on est dans une chasse à l'Orc et à la fille du seigneur, tous les coups sont permis, tortures comprises.

Je ne suis pas déçue de ma lecture, même si elle restait conventionnelle dans l'ensemble (avec quelques surprises tout de même), mais j'avoue que pour la première héroïne Orcs de la saga, j'aurais préféré quelque chose de plus fin qu'une guerrière badass devant se coltiner le pur produit du capitalisme seigneurial des terres d'Arran.

Par contre, il y a un bel équilibre entre les Gentils qui ne le sont pas vraiment et les Méchants qui ne sont que les justiciers envoyés par les Orcs pour venger les familles mortes suite à l'empoisonnement des points d'eau.

Ce sont des machines à tuer, certes, mais la vengeance est leur but et on ne peut les blâmer. Quant à nos deux femmes, humaine et Orc, elles ne sont pas des philanthropes non plus et les fabricants d'armes qui les aideront encore moins, mais pas plus salauds que d'autres, ne faisant que vendre un produit demandé.

Oui, j'aurais aimé une autre histoire, mais celle-ci me convient tout de même, car l'équilibre des goûts est atteint et le manichéisme n'est pas de mise dans ce récit. À noter qu'il y a tout de même une morale à cette histoire et que j'ai apprécié grandement le final.

On reste donc dans du bon avec ce nouvel album.4

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Le gouverneur de l'île Enghien a un grave problème : un groupe d'orcs réputé invincible et cruels veut sa tête et celle de sa fille. Il engage alors une autre orc, Shaaka, pour emmener sa fille en lieu sur.

Comme tous ses compatriotes Shaaka n'est pas une tendre, tuer ne lui pose aucun soucis, mais sa protégée est une vraie peste. le groupe d'orcs qui les pourchasse sont déterminés à se venger et Shaaka va avoir fort à faire pour sauver ses fesses.
Un scénario assez classique mais très bien mené et avec un bon rythme. Et voir une femme prendre la place d'héroïne dans la série orc fait plaisir à lire.
Le dessin est bien maîtrisé et les combats sont parfaitement lisibles et dynamiques. Une colorisation un peu sombre mais rien qui ne gâche la lecture.

Ne faites pas comme moi l'erreur de lire coup sur coup les tomes 12 à 14 de cette série, tous trois écrits par Sylvain Cordurié et dessinés par 3 personnes différentes. Car il est difficile de passer après Bojan Vukic (tome 12, excusez du peu!) et Pierre Denis Goux (tome 13, excusez du peu!). Non que le trait de jean Charles Poupard soit mauvais, bien au contraire, mais ses dessins n'atteignent malheureusement pas, ni la finesse ni la justesse des deux artistes sus nommés. Enfin, ce n'est que mon avis!
Mais même côté scénar, après deux excellents tomes de la part de Cordurié, force est de constater que celui ci, loin d'être mauvais non plus, n'égale pas les précédents. En effet, l'histoire qu'il propose ici m'a moins emballé, même si le personnage principal, Shaaka, une Orc, est digne d'intérêt, bien plus que certains personnages du tome 12. Si la personnalité de celle ci est bien définie ( elle est dure, pragmatique, intelligente et expérimentée), je trouve que le scénario est un peu léger. Il n'y a pas vraiment de surprises, car même la scène finale est attendue. On suit la route de Shaaka sans réelle passion, ans qu'il y est cette dimension supplémentaire, portant le récit à un autre niveau, une seconde lecture riche de sens, comme cela avait été le cas pour le tome 13.
Alors attention, je ne dis pas que ce tome est mauvais, bien au contraire. Là où pour l'histoire de Kor'Nyr, Cordurié s'était étalé dans un élan épique volontaire pour donner plus de sens et de profondeur tragique au dernier acte, ici, il va à l'essentiel, en glissant tout de même un minimum de réflexion sur le pouvoir pour qui saura lire entre les lignes, en gardant toujours cette dynamique et cette énergie que je lui reconnais désormais presque comme ses marques de fabrique.
Il me plairait assez de revoir la trogne de cette Orc indépendante, qui survit dans un monde de mâles auto proclamés rois...

Orcs et gobelins est globalement une très bonne série. Il y a des tomes mieux que d'autres. Celui-ci n'est pas mal mais il ne fait pas partie du haut du panier.
Une réflexion autour des personnes sur qui on peut compter, qui est vraiment mauvais, sur quoi juge-t-on les personnes. Mais une réflexion assez discrète. Pour le récit c'est plutôt classique mais ça fonctionne très bien. Il y a de l'action même si il n'y a pas de grand suspense.
Le duo féminin fonctionne bien. La plus détestable n'est pas celle que l'on croit. Si Lynewe n'est absolument pas attachante et que ses mauvaises fortunes nous font dire "bien fait pour elle", ce n'est pas le cas de Shaaka. Qui a bon nombre de bons côtés. Elle reste assez basique dans sa psychologie, même si moins pour une orc.
Les dessins sont beaux et efficaces avec une colorisation très classique.