Eh bien! faisons connaître
Que le sang des Césars ne souffre point de maître,
Et peut bien refuser de pleine autorité
Ce qu'une autre refuse avec témérité.
HONORIE : Ton sang, qui chaque jour, à longs flots distillés,
S'échappe vers ton frère et six rois immolés,
Te dirait-il trop bas que leurs ombres t'appellent ?
Faut-il que ces avis par moi se renouvellent ?
Vois, vois couler ce sang qui te vient avertir,
Tyran, que pour les joindre, il faut bientôt partir.
ATTILA : Ce n'est rien.
Acte V, Scène 3.
J'adore cet orgueil, il est égal au mien,
Madame ; et nos fiertés se ressemblent si bien,
Que si la ressemblance est par où l'on s'entr'aime,
J'ai lieu de vous aimer comme une autre moi-même.
Quoi ? Vous pourriez m'aimer, madame, à votre tour ?
Qui sème tant d'horreurs fait naître peu d'amour.
Qu'aimeriez-vous en moi ? Je suis cruel, barbare ;
Je n'ai que ma fierté, que ma fureur de rare :
On me craint, on me hait ; on me nomme en tout lieu
La terreur des mortels et le fléau de Dieu.
Ô beauté, qui te fais adorer en tous lieux,
Cruel poison de l'âme, et doux charme des yeux,
Que devient, quand tu veux, l'autorité suprême,
Si tu prends malgré moi l'empire de moi-même,
Et si cette fierté qui fait partout la loi
Ne peut me garantir de la prendre de toi ?
Il aime à conquérir, mais il hait les batailles.
ARDARIC.
Le débris de l'Empire a de belles ruines :
S'il n'a plus de héros, il a des héroïnes.
Acte I, scène 2.
ATTILA.
L'amour chez Attila n'est pas un bon suffrage ;
Ce qu'on m'en donnerait me tiendrait lieu d'outrage,
Et tout exprès ailleurs je porterais ma foi,
De peur qu'on n'eût par là trop de pouvoir sur moi.
Les femmes qu'on adore usurpent un empire
Que jamais un mari n'ose ou ne peut dédire.
Acte I, scène 2.