AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,69

sur 701 notes
5
14 avis
4
21 avis
3
10 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Toujours autant de plaisir à suivre la mélodie des mots de Pierre Corneille !

Rome et Albe sont sur le point de s'affronter, mais pour éviter une boucherie qui affaiblirait à coup sûr les deux villes quel qu'en soit l'issue, les rois décident d'un commun accord de désigner chacun leurs trois champions qui s'affronteraient au nom de leur ville. Les victorieux au combat rendront leur ville maîtresse de l'autre.

« Dis-lui que l'amitié, l'alliance et l'amour
Ne pourront empêcher que les trois Curiaces
Ne servent leur pays contre les trois Horaces. »
(Curiace, Acte II, scène II)

Ce sont hélas les fils de deux familles proches qui vont devoir s'affronter, les Horaces pour Rome, les Curiaces pour Albe.

Cruel dilemme où l'on doit choisir entre l'amour de sa famille et celle de sa patrie. En effet, Horace est mariée à Sabine, soeur de Curiace qui lui-même doit s'unir à Camille, soeur d'Horace. D'une guerre entre deux villes, on bascule alors dans une confrontation familiale dont l'issue sera forcément dramatique.

Situation certes tragique mais, pour les hommes, l'amour et l'amitié doivent s'effacer pour laisser place à l'honneur envers leur ville. Ils combattront, leur devoir l'impose. Décision qui désespère évidemment Sabine et Camille. Elles savent bien que, quoi qu'il arrive à la fin du combat, elles perdront un mari, un amant ou trois frères… ce qui va arriver, fatalement.
Camille périra de la main de son frère, glorieux vainqueur, ayant reproché à ce dernier la mort de son amant.

Avec sa plume toujours aussi lyrique, Corneille a une fois de plus su dépeindre avec talent les divers sentiments engendrés par une telle situation : incompréhension, colère, résignation, tristesse et désespoir face à la détermination, l'honneur et la fierté.
Pour ma part, j'ai été particulièrement sensible aux tirades de Camille et Sabine, qui se trouvaient évidemment portées par les élans de leur coeur.

« Vous ne connaissez point ni l'amour ni ses traits :
On peut lui résister quand il commence à naître,
Mais non pas le bannir quand il s'est rendu maître. »
(Camille, Acte III, scène IV)

Magnifique pièce de théâtre qui fut dédiée à Richelieu (mon édition introduit en préface une lettre de l'écrivain à Mgr le Cardinal) et qui s'inspire d'une histoire rapportée par l'historien Tite-Live, "Les Horaces et les Curiaces » (alors mon édition m'a également mis quelques passages du texte de Tite-Live, mais comme c'est en latin, lol, je suis incapable d'en lire le contenu !)
Commenter  J’apprécie          297
"Horace", c'est un peu la tragédie cornélienne, par excellence, avec tous les ingrédients de la recette : un vers magnifique, une intrigue politique, avec des situations inextricables et souvent moralement ambiguës et ces "vertus mâles", si chères à Corneille, que sont l'honneur, le courage, etc., plus que jamais en exergue !
Et, une telle tragédie, écrite par Corneille, ne peut me déplaire ; j'ai pris plaisir à découvrir "Horace" ; comment ne pas prendre plaisir lorsqu'un tel vers, sert une telle histoire et de tels personnages ?
L'histoire, est tragique à souhait ; quoi de plus tragique qu'un combat, entre des personnes qui se connaissent, qui sont très liées l'une à l'autre et qui doivent, toutefois, se combattre à mort ?
Tout y s'enchaîne logiquement, selon une logique tragique, jusqu'à la fin (qui n'est sans doute pas assez tragique et impactante à mon goût ; Corneille, réussira, à mon sens, mieux, à faire une fin similaire, dans "Cinna" ; le reste, demeure toutefois un exemple d'enchaînement de scènes, qui mènent tous, inéluctablement, à la tragédie).
Quant aux personnages, ils se caractérisent (pour les hommes), par l'importance qu'ils accordent à l'honneur, ce qui nous donnent de forts beaux passages, dans leur bouche ; les personnages féminins, sont moins intéressants, étant surtout caractérisés par leur indécision et leur faiblesse d'esprit, ce qui les rend bien moins intéressants, à suivre, mais ils sont heureusement moins importants, dans l'intrigue.
Mais, la plus grande qualité d'"Horace" à mon sens, c'est ce vers de Corneille, ce sens du rythme et de la formule, qu'a Corneille et qui lui permet de transfigurer toutes ses scènes, de leur donner une grandeur et une force, qu'elles n'auraient pas sans ce vers.
Ce vers, porte cette histoire et ces personnages, il amplifie et augmente la force et la puissance de la pièce, qui est emportée par le vers de Corneille, dans des nues célestes... Que demander de plus ?
Commenter  J’apprécie          220
Eh voilà Horace de lu aussi !
Très vite lu aussi !
J'aime toujours autant encore un brin de poésies chez notre Corneille :)
Finalement j'avais un mauvais pressenti sur ces oeuvres ah la la je regrette d'avoir dit des bêtises :)
8 livres lu en février grâce à ceci :)
Commenter  J’apprécie          200
ma pièce préférée notamment la longue tirade de Camille que je connais encore par coeur.
Commenter  J’apprécie          133
"Rome, unique objet de mon ressentiment".
Horace, pièce de théâtre de Pierre Corneille, est l'archétype de la tragédie produite au XVIIème siècle : des rivalités croisées d'honneur et d'amour, un contexte liée à l'antiquité gréco-romaine (ici la rivalité de deux familles sur fond de guerre romano-albaine).
L'intérêt de cette pièce, outre une langue ciselée comme la plus belle pièce d'orfèvrerie, réside dans le choix de Corneille de placer l'honneur comme valeur suprême, dépassant les querelles et intérêts familiaux, amicaux mais également l'amour.
Les héros sont sans cesse tiraillés entre leurs obligations sociales et leurs inclinations personnelles.
Le dernier mot est donné à Horace, archétype du soldat faisant passer sa patrie au dessus de ses sentiments.
Corneille a souhaité aller encore plus loin que dans le Cid en présentant des personnages extrêmes dans leurs postures et leurs choix, renforçant ainsi l'effet tragique et le poids implicite du fatum.
Commenter  J’apprécie          120
Alors, Horace, facho ou pas facho? Difficile de ne pas répondre oui. Il trucide à tout va, sans état d'âme superflu, l'ami comme la soeur; on l'imagine très bien traquer ses voisins en plein nettoyage ethnique, en ex-Yougoslavie ou au Rwanda. Il faut avouer qu'il n'est pas aidé: la propagande de l'honneur et de la gloire fonctionne à tout va, Papa est un fanatique pousse-au-crime particulièrement remonté, Soeurette est hystérique et Bobonne suicidaire (elle passe son temps à demander d'être occise et, tragédie supplémentaire, personne ne s'y emploie). Mais le pire, c'est quand même le roi: oui, dit-il à Horace en substance, tu es bien un abominable assassin pas fichu de maîtriser tes nerfs, mais j'ai justement besoin de types comme toi pour asseoir mon pouvoir.
Et par là-dessus, bien sûr, l'alexandrin martial et super efficace de Corneille qui rendrait héroïque, voire sympathique, n'importe quel SS-Oberführer. Chapeau, l'artiste!
Commenter  J’apprécie          114
La scène de cette tragédie de Pierre Corneille est à Rome dans une salle de la maison d'Horace, fils d'un chevalier romain. C'est un temps de la guerre où les empires de Rome et d'Albe s'opposent. La famille d'Horace est romaine. Cependant, la femme d'Horace, Sabine, elle est albian. Camille, la soeur d'Horace et romaine aussi, elle est l'amante de Curiace, un gentilhomme d'Albe. Il est aussi le frère de Sabine. Alors, c'est une famille mêlée.

Les armées de Rome et d'Albe se confrontent. Pour limiter le nombre de victimes en conséquence d'une bataille entre ces deux grandes armées, on décide d'organiser un combat singulier pour déterminer l'armée vainqueur. Horace et ses deux frères reçoivent l'honneur de représenter Rome, tandis que Curiace et ses deux frères à lui défendront l'honneur du côté albian.

Pour les deux femmes, Sabine et Camille, c'est une situation sans issue : chacun perdra soit leur époux ou amant, soit leur frère. Pour compléter la tragédie, après le combat singulier, le seul survivant et vainqueur Horace tuera sa soeur Camille. Horace, le sauveur de l'Empire romain, il devient un meurtrier vulgaire.

C'est une pièce de théâtre intéressant. Bien que j'aie bien aimé la lecture de cette pièce, je la trouve un peu moins émouvante mais un peu plus facile à lire que les tragédies de Racine (Andromaque, Britannicus) que j'ai lues récemment.

J'ai lu l'édition Univers des lettres Bordas. Cet ouvrage contient le texte intégral avec une notice sur le théâtre au temps de Corneille, une biographie chronologique de Corneille et une étude générale de son oeuvre. Les plus importants éléments du livre pour moi surtout sont l'analyse méthodique de la pièce et des notes. En effet, je crois que j'ai consacré plus de temps à lire les explications et les notes qu'à la pièce du théâtre même.
Lien : http://nebulas-nl.blogspot.n..
Commenter  J’apprécie          90
Qui de Rome ou de la ville voisine Albe va dominer le Latium puis le monde connu? Plutôt que de s'affaiblir dans une bataille meurtrière, les 2 rivales décident de confier chacune leur sort à 3 champions: Rome choisit les 3 frères Horace, Albe les 3 frères Curiace. le Horace survivant parvient à tuer les 3 Frères Curiace.
Problème: Horace est l'époux d'une Curiace, et sa frangine Camille Horace devait épouser un des frères Curiace.
Le héros vainqueur vient réclamer les félicitations de sa soeur, est choqué par ses larmes et ses reproches, donc il la tue ...
Et voilà la question à poser au public: peut-on assassiner sa soeur lorsqu'elle insulte la "Patrie" ?
- Oui, la question est intéressante,
il reste intéressant de s'interroger sur la pertinence des actions violentes lorsque l'on est persuadé de son bon droit au nom de valeurs "morales" "supérieures" à toute autre chose...
La question pouvait se poser 7 siècles avant JC (époque des faits), à l'époque de Tite Live (historien né vers 60 avant JC), à l'époque où Louis XIV s'efforce de créer la royauté absolue, à notre époque encore pleine de violences contre les femmes et de guerres au nom de la grandeur des nations (ou d'un Dieu meilleur que celui des voisins) ...
Commenter  J’apprécie          80
De tous les livres* que j'ai étudié en classe préparatoire, celui-ci garde une place spéciale.
Peut-être est-ce grâce à mon enseignante, mais ce fut un plaisir à la fois de découvrir ce texte et d'en chercher les interprétations et les leçons.
Extrêmement riche et foisonnant pour qui veut bien chercher, je vous recommande cette lecture qui, si elle est distrayante, est très maligne !
Commenter  J’apprécie          84
Tragédie on ne peut plus classique qui oppose deux familles amies, mais se trouvant dans des camps opposés. La narration est bien menée, même si l'on peut être un peu déstabilisé par cette ancienne langue française, en rimes qui de plus est. Personnellement, j'y ai pris beaucoup de plaisir.
Commenter  J’apprécie          73




Lecteurs (3949) Voir plus




{* *}