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Critique de Darkcook


5 étoiles. Oui. À Corneille. de la part de Darkcook. Vous ne rêvez pas. Je vais devoir tenir une conférence de presse et un mea culpa digne de Bill Clinton en son temps. J'ai conchié Corneille pendant des années sur la base du Cid, puis plus récemment de Cinna, me rangeant derrière mes idoles du XIXème qui exécraient le demi-ton permanent du XVIIème, n'épargnant que le grand La Fontaine. Force est de constater que je ne pouvais me baser sur une ou deux pièces. Polyeucte est mille fois mieux écrite que ce que j'ai eu l'habitude d'avaler de la part de Corneille, et repose sur des bases dramatiques bien plus fortes et intenses, avec le rêve prophétique dès le départ, ressort antique annonçant la catastrophe plus que bienvenu, nous évitant donc la traditionnelle fin où, après cinq actes de dilemme, tout s'arrange. Rien à voir avec le Cid ou Cinna, on sait que ça va mal finir, l'enjeu est bien plus important, et les alexandrins de Corneille semblent portés par une inspiration divine qui s'accorde avec le sujet religieux de la pièce. Chapeau pour ces vers sur ce coup-ci!!

À ce propos, avec une telle intrigue (le martyr chrétien immolé au milieu de la persécution païenne), la pièce était déjà bien partie pour fonctionner auprès de moi. Je ne sais pas pourquoi, alors que je ne suis pas croyant, le poids de la chrétienté dans la fiction marche toujours! Faut croire qu'elle est tellement imbriquée dans notre culture occidentale qu'elle sera toujours efficace, que ce soit au théâtre, dans un polar ou au cinéma...

Et Corneille marche sur des oeufs. Sa pièce est irreprésentable devant Richelieu, et l'on décèle cette fois une véritable insolence subtile et un propos (notamment de la part de Sévère) pour le moins avant-gardiste de tolérance religieuse dans un pays où l'intégrisme règne.

Tel un païen converti au christianisme face à Polyeucte, mes préjugés anti-Corneille et Racine sont désormais gommés, et j'ouvre grand les bras aux tragédies du XVIIème lorsqu'elles se montrent aussi ambitieuses et proches de l'antiquité ou du XIXème. J'ai hâte d'en lire davantage, ma curiosité est désormais bel et bien suscitée. Ceci dit, dès que ça finira comme le Cid ou Cinna, dans l'embrassade totale comme un vaudeville, avec tout le monde qui retourne sa veste et cède à la raison plutôt qu'à la passion, je continuerai à mitrailler, hein, qu'on ne me fasse pas dire ce que j'ai pas dit!! Attention, XVIIème!!
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